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‘‘ Partir de la stratégie Supply Chain de l’entreprise ’’
Jérôme BOUR, Newton.Vaureal Consulting


Jérôme BOUR, Associé de Newton.Vaureal Consulting.

Jérôme BOUR, Associé de Newton.Vaureal Consulting.


Entretien réalisé le mardi 18 juin 2024 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier : « WMS/TMS : comment faire le bon choix ? »


Comment ont évolué les missions des TMS et des WMS ?

Plusieurs facteurs sont venus profondément impacter les missions des TMS et des WMS ces dernières années.

D’abord, l’accélération de l’omnicanal a provoqué une intensification des flux, obligeant les solutions à s’adapter :

  • Dans les entrepôts, les systèmes de gestion logistique ont dû intégrer la mécanisation et l'automatisation. Autrefois considérées comme des options axées sur la productivité, ces technologies sont désormais indispensables pour absorber l'augmentation du volume de colis à traiter.
  • Les plans de transport orchestrés par les TMS se sont complexifiés en raison de la multiplication des options et services de livraison, assurés par une diversité de prestataires. Le donneur d’ordre doit établir des modes d'échange (EDI, API) avec chacun d’entre eux. La relation directe avec les transporteurs requiert généralement l’usage d’une fonctionnalité de génération d'étiquettes. Cette dernière est souvent intégrée au WMS, l'étiquetage étant une composante essentielle du processus de préparation.
‘‘ Les missions des TMS et des WMS ont profondément été impactées ces dernières années ’’

Ensuite, la visibilité en temps réel et le partage d’informations avec les clients (notamment l'heure estimée d'arrivée, ETA) sont devenus des prérequis. Au-delà de l'amélioration de la qualité de service, cette visibilité permet d’optimiser la planification opérationnelle en entrepôt, particulièrement dans l’organisation de la charge des quais.

La prise de conscience de l’importance de l’adoption d’une supply chain durable est également venue impacter à la fois le transport et l'entrepôt. Les TMS permettent de massifier les envois, d’optimiser le remplissage des camions, et de contribuer au report modal, tandis que les WMS agissent sur la rationalisation du packaging pour éviter au prestataire de transporter du vide.

Enfin, bien que l’impact de l’intelligence artificielle sur les processus soit encore en phase exploratoire, il suscite un vif intérêt. Les classiques sujets d'optimisation, principalement algorithmiques, coexistent avec des idées novatrices sur la planification et l'utilisation des données, rendues plus accessibles par l'IA générative. Nous recommandons donc à nos clients de s'approprier ces technologies et d’expérimenter avec des cas d’usage concrets pour ne pas rater cette opportunité.


Comment attaquer la planification de ses quais ?

Le sujet se situe à la frontière entre le transport et l’entrepôt. C’est la raison pour laquelle des modules YMS sont aussi bien proposés par les éditeurs de TMS que de WMS. Des solutions indépendantes peuvent également se connecter à différents systèmes.

Pour décider de l'option à privilégier, il est essentiel de déterminer où se situe la contrainte la plus forte. Si l’entreprise cherche avant tout à optimiser les opérations internes de l'entrepôt (quais, préparation, réception, etc.) le module pourra être intégré au WMS. Si sa priorité est d’améliorer la gestion des transporteurs (réduction de leur temps de présence sur site), il sera plus pertinent de l'associer au TMS.



Quel est l’état actuel des marchés des solutions transport et logistique ?

Les deux n’en sont pas au même niveau. Celui des WMS est mature et entre dans une phase de renouvellement. En revanche, bien que les taux d’équipement aient progressé depuis la période post-Covid, le marché du TMS demeure majoritairement en phase de première adoption.

Les investissements dans les WMS sont encouragés par le développement de l’omnicanal, avec une forte intégration des OMS qui consolident leurs informations pour offrir une vue globale des stocks. Les systèmes de gestion d’entrepôt adoptent désormais une dimension internationale, passant de solutions tactiques à des solutions stratégiques avec une uniformisation des données au sein des groupes.

Dans le marché du TMS, une concentration des acteurs est en cours, marquée par plusieurs acquisitions récentes. Les déploiements de projets à grande échelle se multiplient.

Les acteurs majeurs tels que Manhattan, Oracle, SAP, Körber et Generix ont une présence mondiale et offrent souvent des solutions WMS et TMS intégrées. Cependant, des spécialistes locaux forts demeurent dans chaque pays. De nouveaux entrants émergent également, proposant souvent des solutions SaaS légères avec une capacité de déploiement rapide. Un écosystème vaste et diversifié perdure ainsi, dans lequel la proximité client et la présence locale jouent un rôle crucial.

En parallèle, le marché des intégrateurs se développe, ces derniers commençant à se positionner sur les solutions des grands éditeurs qu’ils sont en mesure de déployer à l'international. Ce phénomène, récent, rappelle ce qui a été observé dans les secteurs de l'ERP et du CRM il y a quelques années. Ainsi, de plus en plus d'appels d'offres incluent à la fois un volet solution et un volet intégration.


Comment choisir entre une intégration réalisée par l’éditeur lui-même ou par un intégrateur ?

Deux éléments principaux sont à considérer :

  1. La capacité d'action : Les grands acteurs tels que Capgemini, Accenture, IBM, et d'autres, disposent de l'aptitude à mobiliser des ressources significatives à l'échelle internationale, avec une expertise spécifique dans la gestion de projets. Leur compétence technologique leur permet d'intégrer des solutions dans un écosystème plus large, incluant l'ERP et d'autres systèmes. Dans une approche best-of-breed, où les systèmes WMS, OMS, et TMS sont portées par des spécialistes, l'intégrateur joue en outre un rôle neutre et déterminant, garantissant le bon fonctionnement global de la chaîne.
  2. Coût : Il existe généralement une différence de coût notable entre éditeurs et intégrateurs. Ces derniers tendent à proposer des budgets et des ressources avec des taux journaliers inférieurs à ceux des éditeurs, plus concentrés sur leur expertise de développement logiciel.

À noter que la politique d’intégration des éditeurs varie largement d’un acteur à l’autre. Certains passent exclusivement par des intégrateurs tiers. D'autres offrent les deux options. Quant aux plus petits éditeurs, ils privilégient souvent l'intégration directe de leur solution.

Pour une entreprise qui favoriserait l’option intégrateur tiers, il est essentiel de définir clairement les niveaux de responsabilité entre les différents acteurs et de bien distinguer les périodes de "build" et de "run" lors de la contractualisation, chacune impliquant des missions distinctes. C’est pourquoi nous recommandons à nos clients de créer des matrices de responsabilité pour chaque phase.


Quels sont les indicateurs clés révélant qu'il est temps de considérer un changement de solution ?

Bien souvent, les flux de l’entreprise évoluent progressivement sans ajustement des processus et systèmes.

‘‘ Une progression du budget d'intérim est souvent révélatrice ’’

Lorsque la situation se complexifie, il est fréquent qu’un recours accru à l'intérim devienne nécessaire, même si les volumes traités n'ont pas augmenté. Cette progression du budget d'intérim révèle souvent une compensation manuelle pour des processus et des outils digitaux désormais inadaptés. C’est un indicateur clé à surveiller, tout comme la productivité et le taux de service.

Pour remédier à ces difficultés, il est crucial de surmonter plusieurs croyances limitantes.

Premièrement, les entreprises doivent réaliser qu'il n'y a pratiquement plus de seuil minimal nécessaire pour justifier l'implémentation de ces solutions, que ce soit en termes de dimension d'entrepôt ou de budget transport. L'offre actuelle est large et capable de répondre aux besoins de toutes tailles de sociétés et de différentes complexités. Ainsi, si un point de friction (pain point) n'est pas couvert, il est judicieux de s’y attaquer sans attendre, car il est très probable que des solutions technologiques, avec des retours sur investissement rapides, permettent de l’adresser.

Deuxièmement, ce n’est pas parce qu’une entreprise externalise ses opérations de transport et logistiques qu’il n’est pas dans son intérêt d’utiliser un WMS et un TMS. Ces outils sont en effet indispensables pour qu’elle puisse maintenir le contrôle sur sa Supply Chain, garder un accès direct aux données de son activité, favoriser une meilleure intégration avec le reste de l'écosystème, et réduire la dépendance vis-à-vis de ses prestataires.


Quelle démarche appliquer ?

Un tel projet exige de lui allouer le temps et des ressources conséquentes.

‘‘ Une évaluation claire du ROI est cruciale ’’

En premier lieu, l'identification des éléments de retour sur investissement (payback) est cruciale, surtout dans une conjoncture économique tendue. Sans une évaluation claire de ce ROI, il s’avérera compliqué de convaincre un DAF ou un DG d'approuver un projet de renouvellement ou de premier équipement.

Il convient pour cela de partir de la stratégie Supply Chain de l’entreprise et des objectifs qu’elle doit servir.

Le cahier des charges reste indispensable. Il devra décrire les processus actuels et cibles, les résultats à atteindre (y compris en termes de retour sur investissement), ainsi que les spécificités de l'activité (typologies de produits particuliers, types de clients à livrer sortant des schémas habituels B2B ou B2C, etc.).

Attention à ne pas perdre de temps à détailler précisément les fonctionnalités générales attendues du système, sachant qu’il existe un cœur commun auquel la plupart des éditeurs peuvent répondre. Il me semble plus important de définir jusqu'où l'on veut aller avec la solution recherchée. Par exemple, le périmètre couvert pour le TMS peut être varié : planification, collaboration avec les transporteurs, traçabilité, gestion des coûts, préfacturation, etc.


Comment identifier les éditeurs pertinents ?

La situation s'est complexifiée en raison de la consolidation des nouveaux entrants. Il est frappant de constater que dans nombre de consultations les éditeurs sélectionnés ne sont pas toujours les plus appropriés.
Tous les acteurs ne couvrant pas tous les segments en termes de taille ou de types de flux, il est essentiel d'effectuer un screening approfondi du marché en fonction des objectifs, des besoins, du périmètre et des spécificités de l'entreprise.
Ce travail peut être réalisé directement par la société ou avec l'aide de cabinets de conseil. Des associations professionnelles, comme France Supply Chain, fournissent également des ressources précieuses.
Pour s'assurer que les éditeurs sélectionnés correspondent véritablement aux besoins de l'entreprise, il peut être utile de :

  1. Discuter avec eux pour comprendre leur offre.
  1. Obtenir des retours du marché.
  2. Échanger avec leurs clients pour bénéficier de leurs feedbacks sur l’utilisation de la solution.

À quel moment du projet initier la discussion avec les éditeurs ?

Il peut être intéressant de les contacter très en amont du projet, en se limitant toutefois à un petit nombre d'éditeurs, les processus d’échanges pouvant se révéler chronophage. Une telle démarche permet de bien calibrer son cahier des charges et de vérifier s'il suscite des questions pertinentes.

Aujourd'hui, surtout dans le domaine du transport, il est possible de mener des POC (Proof of Concept), qui constituent un bon moyen de confirmer que le document est aligné avec les processus réels et ne reste pas purement théorique. Cela permet de s'assurer que les besoins ne relèvent pas d'une liste de souhaits utopiques.

Cette étape préliminaire est judicieuse pour ajuster le cahier des charges en fonction des retours obtenus.


Sur quels paramètres comparer les solutions ?

Au-delà de la couverture fonctionnelle, qui est un critère assez classique, l’expérience de l’éditeur et/ou de l’intégrateur en matière de gestion de projet est également cruciale. Il est important d'évaluer leurs méthodologies, leurs compétences, leur expérience sur des sujets similaires, ainsi que la disponibilité des ressources, sachant que le marché souffre d'une pénurie d’experts.

Le budget est un autre point majeur, avec des pièges potentiels à éviter. Il est essentiel de bien comprendre et maîtriser les métriques de facturation des solutions, surtout en mode SaaS, qui représente aujourd'hui 99 % des projets. Le risque est de se retrouver avec une équation de coût, qui si elle est valide à un instant T pourrait néanmoins devenir très onéreuse à moyen terme, selon la croissance des flux de l’entreprise. Il est donc important de se baser sur une comparaison de coût complet ( TCO) sur une période représentative d'au moins cinq ans, incluant les phases de build, de run, et les différentes hypothèses d’évolution des volumes.

Sur ce volet coûts, la marge de négociation est très liée à la taille de l'éditeur. Avec les partenaires les plus flexibles, il est possible de discuter non seulement des prix unitaires, mais également la structure de la grille tarifaire, voire les unités d'œuvre utilisées.

Au-delà de la partie négociation, le critère de souplesse est primordial. Tous les éditeurs et intégrateurs n'ont pas la même capacité à répondre à des demandes spécifiques, notamment en ce qui concerne les accords de niveau de service (SLA) et les pénalités associées.


Comment Newton.Vaureal Consulting accompagne les entreprises porteuses de projets WMS ou TMS ?

Notre domaine d’intervention est vaste et nous sommes en mesure d’accompagner nos clients sur plusieurs volets :

  • Stratégie : Nous les aidons à établir leur stratégie Digital Supply Chain afin de soutenir les objectifs de l’entreprise.
  • Aide au choix : Nous les assistons dans la définition des critères et des périmètres de solutions dont ils ont besoin. Notre connaissance approfondie de l'écosystème et notre méthodologie éprouvée nous permettent d’identifier les acteurs pertinents et de formuler les bonnes questions. Nous sommes en mesure de comparer les fonctionnalités et d'organiser des démonstrations pour mettre en évidence les différences entre les solutions.
  • Implémentation des solutions : Nous apportons notre expertise en assistance à maîtrise d'ouvrage, incluant des choix structurants de paramétrage selon les besoins business et des questions de gouvernance des données. Par exemple, nous aidons à déterminer si les données maîtres doivent se situer dans l'ERP ou dans les outils métiers.
  • Collaboration : Nous traitons des sujets tels que l'intégration des transporteurs, clients et fournisseurs. Ces aspects, souvent négligés par les prestataires qui se concentrent sur le déploiement technique, offrent des gains importants. Nous assistons nos clients dans ces initiatives pour maximiser les bénéfices de la collaboration.

Quels sont les aspects différenciants de votre offre par rapport à celles de vos confrères ?

Plusieurs éléments nous distinguent.

  • Spécialisation exclusive. Nous sommes l'un des rares pure players supply chain. Avec la récente concentration des acteurs dans le conseil, la plupart des autres cabinets sont devenus généralistes.
  • Expertise en data. Nous disposons d'un savoir-faire poussé en la matière avec des équipes de Data Scientists en mesure de modéliser et d'éclairer les choix grâce à l’analyse des données sur des sujets tels que le design de réseau, la stratégie logistique ou les achats.
  • Expériences diversifiées. La plupart de nos collaborateurs (consultants, managers, associés, etc.) ont évolué au sein de directions supply chain ou au sein d’éditeurs. Ces expériences variées apportent un éclairage multifacette et pratique à nos clients.
  • Association avec Eurogroup.  Nos clients bénéficient du meilleur des deux mondes : l'agilité et la spécialisation de notre équipe, combinées à la capacité de mobilisation et à la puissance d'un grand groupe de conseil. Cette dualité nous confère une assise solide nous permet d'intervenir sur des projets d’envergure, y compris à l’international.

Bio Express

Diplômé de Sup’Aéro, Jérôme Bour commence sa carrière dans le conseil en organisation, chez Ernst & Young, et rejoint ensuite DHL Express, en charge des projets d’amélioration des opérations (tracing, systèmes de manutention, optimisation des tournées).

Il intègre par la suite le groupe Daher pour créer la fonction de direction des systèmes d’informations, pilotant en particulier les systèmes opérationnels (WMS, TMS, tracing 4PL).

Jérôme Bour prend la direction de DDS en 2000, pour créer un des acteurs majeurs sur le marché des TMS et du sourcing, jusqu’à la reprise de Fluid-e et le rapprochement avec Generix en 2023.

Site Internet de Newton.Vaureal Consulting : https://www.newtonvaureal.com/fr_fr/


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