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‘‘ Insister sur les spécificités logistiques de son activité ’’
Antoine IMHOFF, SITACI


Antoine IMHOFF, PDG de SITACI éditeur de la suite WMS EGO

Antoine IMHOFF, PDG de SITACI éditeur de la suite WMS EGO.


Entretien réalisé le mardi 9 juillet 2024 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier : « WMS/TMS : comment faire le bon choix ? »


Comment ont évolué les WMS ces dernières années ?

Le monde du WMS a connu une véritable révolution au cours de la décennie passée.

D’abord, d'un simple outil logistique opérationnel, il a évolué vers l’univers du stratégique temps réel avec une gestion dynamique des missions. Désormais, lorsqu’un agent doit ranger une unité de manutention, le système ne se contente plus d'enregistrer l'action. Il établit les meilleures stratégies de stockage et combine les missions en fonction des articles à recevoir et des commandes à préparer pour minimiser les déplacements. Il assure également une synchronisation efficace de toutes ces informations. C’est l’intégration de nouveaux algorithmes, des modèles d'IA, et du Big Data qui a permis au WMS de franchir cette étape significative.

‘‘ Un véritable ERP de la logistique ’’

Ensuite, alors qu’il était jusque-là considéré comme un satellite de l'ERP, au même titre que la gestion de production, la GMAO ou la comptabilité, le WMS est désormais devenu un véritable ERP de la logistique. En effet, il s’interconnecte avec de nombreuses applications spécifiques à chaque métier (WCS, MES, solutions de mécanisation, plateformes de gestion des retours, plateformes Web, SAV, etc.).

Enfin, le périmètre des WMS, autrefois limité au monde de l'entrepôt, s'est progressivement étendu :

  • À l’amont avec les prévisions d’arrivées sur le site, leur planification et leur suivi, y compris les retours clients.
  • À l’aval, en intégrant des fonctions de transport telles que le choix du prestataire, l’édition des étiquettes, et le tracking des envois. Cependant, le WMS ne se substitue pas aux solutions dédiées aux entreprises opérant une flotte, qui ont-elles à optimiser les plannings des chauffeurs, construire les tournées, ou suivre les camions.
  • À la gestion des intersites entre lieux de production, plateformes de distribution, sites de débord, etc.



Quel est l’état actuel du marché des solutions WMS ?

Le secteur affiche une croissance solide tandis que le nombre d’acteurs reste lui relativement stable. Étant donné qu'il s'agit d'un marché de solutions stratégiques, ne laissant aucune place aux erreurs en raison de leurs répercussions majeures sur le business, il est en effet difficile à pénétrer. Les seuls nouveaux entrants sont des acteurs déjà bien établis dans leur pays d’origine ayant choisi de se développer à l’international.
Cette dynamique a entrainé une diminution du nombre de petits éditeurs. SITACI avec sa suite WMS EGO a naturellement suivi cette tendance, passant d’une dizaine de collaborateurs au début des années 2010 à plus de 70, 14 ans plus tard.

‘‘ Le secteur affiche une croissance solide ’’

La plupart des éditeurs sont des généralistes, bien que certains aient choisi de développer des WMS adressant un secteur particulier. C’est par exemple le cas d’un de nos confrères, avec une solution dédiée au domaine hospitalier. La majorité s’est concentrée sur les WMS sans s’orienter vers les TMS. Ceux qui ont fait ce choix ont généralement intégré des éditeurs qui proposaient une solution transport dédiée. En parallèle, on trouve principalement des spécialistes du domaine de l'IT. Toutefois, à côté de ces pure players du WMS, quelques acteurs intégrateurs de solutions de mécanisation ont développé une activité complémentaire d'édition de WMS.

Par ailleurs, certains acteurs locaux restent sur leur périmètre géographique initial où les besoins sont déjà très forts. D'autres, en revanche, cherchent à s'étendre à l'international. C’est la stratégie que SITACI a adoptée avec EGO, et nous accompagnons aujourd’hui nos clients dans 17 pays, tels que DHL Freight Forwarding et le groupe Alliance Marine.


Quand envisager un changement de solution ?

Le déclencheur provient généralement du constat que le WMS actuel ne permet plus d'opérer l’activité logistique de l’entreprise de manière satisfaisante. Les causes peuvent être variées :

  • La complexification des flux, par exemple, passer d'une seule plateforme à une gestion multisite, ou d'une activité industrielle à du façonnage et du cross-docking.
  • La mise en place de l'omnicanalité, avec la diversification des canaux en ajoutant aux flux B2B classiques des opérations B2C (livraison de particuliers, click & collect, vente au comptoir directement dans le dépôt, etc.).
  • Une croissance par acquisitions, entrainant la gestion de plusieurs activités logistiques sur un même entrepôt.
  • L’augmentation des volumes et la réduction des délais cibles, imposant une plus grande productivité.
  • Une volatilité accrue sur une maille annuelle, mensuelle, hebdomadaire ou quotidienne.
  • Le passage à une plateforme plus spacieuse, entrainant des risques de trajets allongés.

Dans de tels cas, il est généralement indiqué de remettre en question l'existant pour éviter une explosion de la masse salariale, une dégradation des délais et une diminution de la capacité de traitement des commandes.


Un simple reparamétrage de son WMS actuel n’est-il pas suffisant ?

C’est effectivement une possibilité, mais tout dépend de la solution en place.

Sur les plateformes technologiques récentes, datant de 2 à 3 ans, les WMS sont assez matures et offrent une gamme complète de fonctionnalités logistiques. Ainsi, les clients devraient normalement pouvoir ajuster et faire évoluer leurs paramètres en toute autonomie, en fonction des nouvelles exigences qui se présentent à eux.

En revanche, sur des plateformes technologiques plus anciennes, les options sont souvent plus limitées. Le WMS en place a généralement été conçu pour un contexte et des processus spécifiques qui n’avaient pas vocation à évoluer, et les possibilités de configuration et d’optimisation du système sont alors restreintes.


Quelles erreurs courantes contiennent les cahiers des charges ?

De mon expérience, les documents que nous recevons pour les appels d’offres SITACI avec EGO ont souvent deux défauts :

  • Nombre d’entre eux se résument à de longs listings de fonctionnalités métiers attendues ne mettant pas clairement en avant les spécificités du projet. Les équipes tentent de se rassurer en incluant un grand nombre de "must-have" alors que les WMS sont des solutions matures et intègrent déjà ces fonctionnalités en standard. Ainsi, tous les éditeurs répondront par l’affirmative à l’ensemble des points énumérés. Ce qui fera la différence, c’est leur capacité à adresser les particularités du client.
    Il est donc préférable de mettre en avant les spécificités de son métier, en accordant une pondération adaptée à ces points clés lors de la comparaison des solutions.
  • Les cahiers des charges décrivent généralement de manière minutieuse un processus cible que la plupart des WMS, avec leur lot de bonnes pratiques et d'optimisations, pourraient améliorer en adoptant une autre approche. Il est donc préférable de se concentrer sur la contrainte métier et l'objectif afin de ne pas brider le potentiel d’optimisation des solutions.

Comment choisir la bonne solution ?

En premier lieu, le volet fonctionnel et l’évolutivité sont des points clés. Il est essentiel que la solution puisse répondre aux besoins actuels tout en étant en mesure d’aider l’entreprise à relever ses défis futurs.

‘‘ Se prémunir d'une explosion du budget d’utilisation de la solution ’’

Ensuite, le volet tarifaire est important. Deux aspects doivent être considérés : le coût d’utilisation à un instant T et la pertinence du modèle économique par rapport aux évolutions des métriques de l'entrepôt dans les années à venir. Avec l'essor des solutions SaaS, chaque éditeur adopte ses propres critères de facturation. Certains se basent sur le nombre de commandes ou de lignes, d'autres sur les utilisateurs, etc. Certains modèles permettent des ajustements à la baisse, tandis que d'autres n'autorisent que des hausses. Il est donc crucial de vérifier que l'approche commerciale proposée est bien adaptée aux évolutions logistiques prévues, pour se prémunir d'une explosion du budget d’utilisation de la solution. Par exemple, il peut être avantageux de privilégier un modèle flexible pour éviter des surcoûts en périodes de creux comme nous l’avons fait avec EGO by SITACI.

Enfin, au-delà de la solution en elle-même, l’entreprise doit considérer la réputation et l’expertise de l’éditeur ainsi que le niveau de relation attendu avec son futur partenaire :

  • Certains clients recherchent avant tout du conseil et de la proximité, tandis que d’autres privilégient une technologie innovante avec un catalogue de fonctionnalités qu’ils intégreront eux-mêmes. Il est crucial de comprendre clairement où l'on se situe, car les éditeurs se spécialisent souvent dans l'un ou l'autre de ces aspects.
  • La capacité d’accompagnement à l'international peut également être un critère important. En effet, tous les acteurs ne sont pas en mesure de supporter une expansion au-delà des frontières de l’hexagone, ce qui nécessite une organisation appropriée. Celle-ci inclut des équipes et des solutions multilingues, des méthodologies projets adaptées et une maintenance disponible sur plusieurs fuseaux horaires.
  • Il s’agit de décider qui sera en charge de l’intégration de la solution. Cela peut être l’éditeur lui-même, mais également un intégrateur dédié. Néanmoins, contrairement au monde de l’ERP, les acteurs experts dans l’intégration de WMS sont encore rares. Déployer la solution de manière autonome sans l’aide de l’éditeur est souvent délicat et implique la mise en place d’une relation tripartite, ce qui peut compliquer la définition des responsabilités de chacun.

Que propose SITACI ?

Au niveau des solutions, nous mettons aujourd'hui à disposition de nos clients trois plateformes technologiques distinctes.

La première correspond à notre WMS, EGO . C'est une solution WMS évolutive et dynamique qui permet d'étendre la couverture fonctionnelle par l'activation de modules et de connecteurs pour des solutions tierces. D'un simple logiciel de gestion d'entrepôt créé dans les années 1980, EGO est devenu une plateforme de solutions innovantes dont la richesse, la robustesse technique, la performance, la modularité et la connectivité en font l'un des meilleurs produits du marché.

Notre deuxième plateforme est dédiée à la gestion des projets et à l'après-projet. Basée sur une base SharePoint, elle offre aux clients la possibilité de conserver une trace détaillée de tous les rapports, et comptes rendu projet ainsi que des décisions prises et des raisons les ayant motivées. Cette plateforme facilite la compréhension et la référence aux informations du projet, assurant ainsi une continuité et une transparence tout au long du processus de déploiement. Accessible même après démarrage, elle devient souvent une véritable base de connaissance riche et structurante pour nos clients.

Enfin, nous proposons Sita'Link, une plateforme technologique innovante conçue pour diffuser de l'information à notre communauté d'utilisateurs et leur donner l’ensemble des clefs pour optimiser leur activité, leur productivité et leur taux de service. Elle comprend des tutoriels, des vidéos, des présentations de processus et des bonnes pratiques pour améliorer la formation des users. Elle intègre également des fonctionnalités de ticketing pour la maintenance des solutions, permet l'activation de nouveaux connecteurs ou modules, et offre un accès direct à une équipe d'experts. L'objectif est de créer un lien dynamique avec nos clients, de résorber les écarts entre les besoins actuels et les fonctionnalités de l'outil, et de permettre aux responsables logistiques de prendre pleinement la maîtrise et le contrôle de sa gestion logistique.

Nous activons ces trois plateformes progressivement au cours des projets. Par ailleurs, notre approche de déploiement se distingue par une méthodologie en co-construction. Plutôt que de recourir à des personnalisations spécifiques, nous privilégions le portage et la formation de nos clients au paramétrage du WMS dans le cadre d’une démarche collaborative et structurante de co-construction des paramétrages.

Notre méthodologie repose sur l'identification des contraintes chez les clients. Notre approche consiste à découper le flux en axes d'analyse, que nous appelons contraintes :

  • La première porte sur la topographique du site, qui inclut des éléments comme les mezzanines, les différentes cellules de stockage, les racks et les étagères, etc.
  • La deuxième concerne les contraintes externes, notamment celles liées aux produits, telles que les exigences de réception, de contrôle et de préparation.
  • La troisième relève des contraintes imposées par les clients (livraison complète, précolisages spécifiques, délais, transporteurs, etc.) et par les fournisseurs (délais de livraison non fiabilisés, exigences de contrôle en réception, etc.).

Ces différentes contraintes sont analysées indépendamment et nous aidons nos clients à les lier au paramétrage du WMS EGO.

Une fois définies, nous établissons les processus nécessaires : réception, déchargement, modes de préparation, production, navettes intersites, etc.

Enfin, nous considérons les ressources disponibles, afin de clairement établir les rôles, et profils ainsi que les leviers d’action sur la plateforme logistique.

Cette méthodologie établit dans la durée par les équipes SITACI permet de structurer et de paramétrer le flux logistique de manière précise et claire. Elle a deux vocations principales : le transfert de compétences et le coparamétrage d’EGO.

La richesse de notre solution WMS EGO associée à notre expertise logistique, permet aujourd’hui à SITACI d'être force de proposition sur la façon de traiter les problématiques propres à chaque client, souvent sans recourir à du spécifique, mais en utilisant des modules standardisés tout en optimisant les processus et rendant nos clients autonomes et maître de leur logistique.

En ce qui concerne les secteurs, SITACI avec sa suite WMS EGO est particulièrement bien positionnée dans la prestation logistique, où nous accompagnons plus d'une centaine d’acteurs, ainsi que dans la logistique industrielle sous ses différentes formes : Industrie process, industrie en ligne, industrie en business unit.


Quelles zones géographiques couvrez-vous ?

SITACI est présent dans 17 pays et l’international représente aujourd’hui 30% de notre activité dont la moitié de cette part provient des pays limitrophes (Allemagne, Belgique, Suisse, Italie, Espagne et Angleterre), suivis par le Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie) et l'Europe du Nord (Danemark, Suède, Finlande).

Le déploiement est assuré depuis la France avec depuis le Covid, des méthodologies de formation, d'e-learning, et de tutoriels qui ont évolué et permettent désormais des interventions à distance au même niveau que celles réalisées sur site.


Comment adressez-vous le secteur de la logistique industrielle ?

À la fin des années 2010, SITACI a décidé d'investir dans ce domaine dont les spécificités diffèrent largement des problématiques des centres de distribution exigeant alors des innovations et des fonctionnalités spécifiques au secteur.

Nous accompagnons désormais trois types de logistique industrielle :

  1. La logistique industrielle de process : Elle concerne des secteurs comme l'industrie cosmétique et pharmaceutique, ainsi que les marques de parfums. Cette logistique implique souvent des problématiques d'alimentation de mélangeurs et de cuves avec des pré-pesées ou des pesées, des contrôles et des tolérances spécifiques.
  2. L'industrie en ligne : Il s’agit de livrer les bons composants aux points de la ligne de production au bon moment, en synchronisation par rapport au TAC (NDLR Rythme de production nécessaire pour répondre à la demande).
  3. La logistique en business unit : Elle consiste à livrer les composants aux sous-ateliers.

Bio Express

Antoine IMHOFF 45 ans est PDG de SITACI. SITACI éditeur de la suite WMS EGO, société qu’il a reprise en 2011. Auparavant, il a fait du conseil chez Arthur Anderson puis Ernst&Young avant de rejoindre une PME du Sud-Ouest en tant que Directeur Général Adjoint puis de reprendre SITACI.

Site Web de SITACI : https://www.sitaci.fr/


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