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INTERVIEW |
‘‘Avec le e-commerce, la logistique doit répondre à des exigences beaucoup plus fortes en termes de rapidité et de réactivité’’ I. BADOC , Generix Group
Interview
de Mme Isabelle BADOC, Supply Chain Solutions
Marketing Manager chez Generix
Group.
Réalisée le 14/01/2013 par Carmen
NEIRA, Responsable Editorial FAQ Logistique dans
la cadre du dossier thématique «
La logistique au service du e-commerce ».
Quelles sont les exigences spécifiques des e-commerçants ? En quoi diffèrent-elles d’une activité de commerce traditionnelle ?
Les exigences des e-commerçants sont évidemment liées
aux exigences des cyber-acheteurs.
Elles sont d’abord d’ordre volumétrique
: volumes en croissance structurelle et pics d’activité
conjoncturels.
Le e-commerce est en croissance de manière globale ce qui entraîne une augmentation structurelle des volumes. De plus, l’activité est marquée par des pics liés aux soldes, aux périodes d’avant Noël, etc. La gestion de ces pics par les logisticiens est différente de celle des pics d’une activité de magasin.
Michel
RAMOS, a-SIS Florent
BOIZARD, Hardis
Jean-Michel
WAYOFF, Transept Informatique
Thomas
DESCOURS, Vente Unique
Franck
JOURNO, CrossLog
Jean-Pierre
GAUTIER, ACSEP
Chantal
LEDOUX, Boa Concept |
Dans le cas des magasins, lorsque la date de début des soldes approche, le logisticien dipose de temps pour approvisionner les magasins en amont. Il doit livrer la marchandise au plus tard la veille des soldes. Il peut donc lisser son activité.
Dans le cas du e-commerce, la situation est différente
: le logisticien doit livrer à partir du moment
où un client passe la commande sur internet.
Une autre exigence porte sur la typologie des
commandes : quelle que soit le circuit de
livraison retenu par le client (livraison à domicile,
via des relais, drives…) la préparation est unitaire.
C’est une grande révolution pour les logisticiens.
Il ne s’agit plus de manipuler des colis mais
des produits. De plus, un certain nombre de services
doivent être apportés autour de la manipulation
de ces produits : ajout de goodies, papier cadeau,
etc.
Il s’agit donc d’assurer de multiples petits envois
en comparaison avec un nombre limité de grosses
livraisons pour alimenter un magasin. La relation
entre la logistique d’entrepôt et la logistique
du transport s’en trouve donc également impactée.
Au lieu de recourir classiquement à la messagerie,
d’organiser des circuits de livraison en camions
complets, les logisticiens doivent faire appel
à des expressistes, à des solutions de transport
à domicile qui se sont fortement développées.
Là encore, les contraintes sont complètement différentes
en termes d’organisation.
En synthèse, c’est la cadence qui est différente
dans le e-commerce par rapport au commerce traditionnel.
La logistique répond à des exigences beaucoup
plus fortes en termes de rapidité et de réactivité.
Quelles sont les grandes différences que vous notez entre les pays européens en terme de e-commerce ?
Nous avons pu identifié que la principale différence tenait à la législation sur les retours. Pour les logisticiens, il est nécessaire d’adapter leurs organisations pour les gérer efficacement. La gestion des retours des particuliers, n’est pas aussi simple que la gestion des retours des professionnels ou des magasins. C’est cette gestion qui a le plus grand impact sur la logistique. En termes de préparation, d’organisation d’entrepôt et d’automatisation, les pratiques se révèlent assez homogènes dans l’ensemble des pays.
Quels sont les impacts du développement du e-commerce pour les prestataires logistiques ?
Dans le e-commerce les trois composantes incontournables
sont : le prix, le choix et le délai
de livraison.
Pour le prix, la performance opérationnelle
et la marge du logisticien ont bien sûr
un impact direct.
Pour le choix, celui-ci est toujours en rapport avec un délai de livraison.
Pour un même secteur, certaines enseignes ont pris le parti de stocker énormément de références afin de pouvoir les livrer très rapidement tandis que d’autres proposent encore plus de références mais avec des délais de livraison plus longs.
Cet écart correspond au temps nécessaire pour que la marchandise soit acheminée par le fabricant.
Certains sites comme Amazon ne stockent pas forcément toute
la marchandise mais peuvent proposer des galeries
(NDLR : espaces réservés à des vendeurs indépendants).
Enfin, un vendeur peut proposer son offre via
un site Internet tiers et faire livrer la marchandise
depuis une plateforme logistique. Ces trois acteurs
étant donc bien distincts.
La logistique du e-commerce consiste donc à détacher
la partie livraison de marchandises de la partie
qui vend.
En ce qui concerne les délais, le sujet
a été évoqué en début d’entretien.
En terme de périmètre géographique, sur Internet,
la barrière pour vendre à l’international est
beaucoup plus faible que dans le cas de la vente
à travers un réseau de magasins. Il devient donc
nécessaire d’opérer la livraison des commandes
n’importe où.
La plupart des prestataires logistiques couvrent
désormais l’ensemble de l’Europe. Certains prestataires
logistiques sont en particulier en mesure d’offrir
aux cyber-vendeurs des solutions pour livrer leurs
clients partout en Europe voire mondialement.
Ils peuvent également être sollicités pour offrir
des stocks avancés.
Comment avez-vous adapté votre offre pour répondre aux problématiques du e-commerce ? Et en particulier aux différents business models présents sur Internet (sites de vente privées, enseignes traditionnelles ayant ouvert une boutique en ligne, pure-players, market-place, etc.)
La grande tendance n’est plus aux pure-players qui ne restent que sur Internet. Ceux-ci se mettent désormais à ouvrir des boutiques.
Beaucoup de sites logistiques préparent pour plusieurs e-marchands, voire pour plusieurs enseignes. D’un point de vue logistique, il s’agit de mutualiser. Aujourd’hui, une logistique efficace est en fait une logistique qui permet de piloter un modèle cross-canal.
Comme les process e-logistique sont très spécifiques, il faut, à l’intérieur d’une offre globale, pouvoir par exemple :
- gérer un stock unique mais exécuter les préparations de commandes de manière très différente.
- prioriser ou ordonnancer, arbitrer entre ce qui doit être livré au magasin et ce qui doit être livré aux clients e-commerce.
Ce sont des règles commerciales de l’enseigne qu’il va falloir prendre en charge et respecter dans l’exécution de la préparation.
Dans certains cas les activités vont se confondre complètement puisque finalement une vente en ligne peut également être livrée à un client via une boutique. Donc en terme de transport, on va souvent se retrouver avec une réconciliation des commandes magasins associées aux commandes en ligne qui vont être livrées vers le même destinataire.
D’un point de vue pratique, cela est extrêmement compliqué à réaliser : dans un entrepôt il faut arriver à réconcilier ces ordres de manière efficace, avec une très bonne productivité et un très bon taux de service.
Nous intégrons ces deux objectifs dans tous nos applicatifs pour aider nos clients.
Justement, en ce qui concerne le modèle cross-canal que vous venez d’évoquer, quels en sont les enjeux pour Generix ? Quelles offres proposez vous pour répondre à ces problématiques ?
Notre couverture fonctionnelle était déjà extrêmement large pour les enseignes traditionnelles. Le vrai enjeu était d’arriver à intégrer le e-commerce dans le même outil en combinant tout de suite les fonctionnalités en termes de préparations unitaires avec les fonctionnalités de préparation et de livraison des magasins (activités plus globales).
C’est désormais une réalité. Notre enjeu est, bien entendu, de continuer à être parmi les meilleurs sur ce sujet.
Tous nos clients, même les pure-players, nous demandent aujourd’hui de leur livrer une solution logistique capable de les emmener vers le cross-canal.
Le logisticien du pure-player ne sait pas ce qui lui sera demandé demain. S’agira-t-il de livrer des boutiques, des entrepôts drives, des drives-solo ?
Il faut réussir à couvrir tous les canaux mais en plus garder suffisamment de souplesse pour en couvrir de nouveaux dont on n’imagine pas l’existence aujourd’hui. Ça a par exemple été le cas avec les drives-solo qui en moins de deux ans se sont énormément développés dans l’agroalimentaire mais aussi dans le meuble.
Notre solution gère déjà tous les autres canaux et elle a appris à gérer le canal e-commerce en plus. Le fond est le même, ce sont les mêmes entrepôts, les mêmes racks… nous gérons juste les marchandises de manière différente.
Nous n’avons donc pas développé une deuxième solution pour le e-commerce. C’est dans la même solution que nous avons packagé les activités e-commerce. Les principales fonctionnalités sont identiques, d’autres ont été affinées.
Un client avec notre solution peut donc gérer nativement les deux activités : commerce traditionnel et e-commerce.
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Bio Express
Isabelle BADOC est titulaire d’un
Master « Intelligence Marketing
» HEC. Elle rejoint la société
Influe il y a une quinzaine d’années
pour développer les solutions
GPA qui évolueront ensuite
vers des solutions d’approvisionnement
global des flux. Avec le rachat
d’Influe par Generix, le périmètre
fonctionnel de Mme BADOC a évolué
vers la partie exécution
entrepôts et transport.
Elle s’occupe désormais
de la stratégie marketing
produit de la gamme supply chain
de l’éditeur.
Site internet de Generix : www.generixgroup.com