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‘‘ Faire progresser son installation au rythme de ses flux ’’
Patrice HENRION, BOA CONCEPT
Patrice HENRION, Directeur Général de BOA CONCEPT.
Entretien réalisé le lundi 4 mars 2024 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier : « Quelle automatisation pour mon entrepôt ? »
Qu’attend-on prioritairement en 2024 de son entrepôt ?
Les taux de croissance des activités logistiques sont redevenus plus rationnels après une période « d’euphorie » post pandémie. Les entreprises font face à une incertitude accrue et attendent de leurs entrepôts une certaine forme de résilience dans leur capacité à s’adapter à des volumes fluctuants.
Pour répondre à ce besoin, elles aspirent à adopter des solutions modulaires en mesure de s’adapter à leurs flux logistiques, quelle que soit leur évolution.
Quels sont les objectifs qui sous-tendent aujourd’hui les projets d’automatisation ?
En plus de devoir relever les défis traditionnels d’optimisation des flux et d’amélioration du niveau de service, le tout, au prix le plus juste, l'automatisation est appelée à répondre à trois grands enjeux :
- L’adaptation fine entre les process et les solutions déployées : les projets d’automatisation doivent permettre de développer les avantages concurrentiels et non pas contraindre à un fonctionnement qui tendrait à une standardisation des prestations.
- La fidélisation des collaborateurs. Les entreprises sont confrontées à une pénurie sévère de main-d'œuvre logistique. Le métier d’opérateur étant jugé peu attrayant, les entrepôts rencontrent des difficultés à attirer et à retenir les personnels essentiels à leur bon fonctionnement. L'automatisation doit permettre de décharger les équipes d’une grande partie des tâches à faible valeur ajoutée, contribuant ainsi à la fois à renforcer l’attractivité de la profession et à accroitre la technicité des métiers.
- La dimension RSE et la nécessaire sobriété énergétique. L'évolution rapide du cadre légal, notamment les réglementations sur la non-artificialisation des sols, limitera la croissance du nombre de bâtiments logistiques dans les prochaines années. Les entreprises devront exploiter chaque mètre carré en optimisant l’agencement des surfaces existantes et en envisageant l’utilisation de nouveaux espaces, comme la récupération des parkings en milieu urbain. L’automatisation devra alors permettre de densifier le stockage et de traiter plus de flux à superficie constante.
Quelles typologies d'entreprises sont éligibles à l'automatisation ?
La démocratisation de l'automatisation est au cœur de la mission de BOA Concept.
‘‘ Il n'est plus nécessaire d'être un géant du e-commerce ou de la logistique ’’
Nous croyons fermement qu’il n'est plus nécessaire d'être un géant du e-commerce ou de la logistique pour envisager l'automatisation au moins partielle de son entrepôt.
Quelle que soit leur capacité à investir, toutes les sociétés ont aujourd’hui la possibilité de se lancer. Ce qui va différencier les organisations, c’est leur capacité à accéder à des degrés d’automatisation plus ou moins élevés, ceux-ci étant naturellement étroitement liés à leur volume d'activité.
La situation a en fait considérablement évolué depuis le début des années 2010. À l'époque, seuls ceux disposant d'un capital très significatif pouvaient envisager de franchir le pas. Aujourd'hui, des investissements accessibles permettent d’atteindre des premiers résultats significatifs avec des ROI accélérés.
Quelles sont les principales solutions existantes ?
En matière d’automatisation, on retrouve deux grandes familles historiques : l’optimisation des flux et les problématiques de stockage :
- Le traitement des flux implique le déplacement de diverses charges en utilisant des solutions telles que la transitique, les robots mobiles autonomes (AMR) ou autres dispositifs similaires.
- La gestion du stock couvre un large éventail de dispositifs allant des systèmes haute cadence - tels que ceux commercialisés par Exotec ou Autostore - aux solutions de stockage plus traditionnelles. Nous proposons de notre côté une solution de stockage automatisé intermédiaire, le Plug-and-Store, qui vise à densifier le stockage avec des cadences intéressantes et qui vient répondre à un besoin marché qui n’était jusqu’alors pas traité.
En complément, de nouvelles solutions émergentes se concentrent sur le picking, se positionnant ainsi à l'intersection de ces deux domaines historiques.
Les différents systèmes développés (AMR, convoyeur, systèmes goods to man, etc.) ont permis de réduire les distances, les déplacements des opérateurs et, in fine, de supprimer les temps à faible valeur ajoutée.
Néanmoins, en ramenant les contenants vers l'opérateur, c’est en quelque sorte une version contemporaine du travail répétitif illustré par Charlie Chaplin dans « Les temps modernes » qui a été recréée. L’essor actuel de robots types bras articulés dotés de technologies variées, ainsi que de capacités de navigation et de contrôle cartésiens, semble pouvoir remédier à cette situation.
Il est néanmoins essentiel de souligner que le robot en lui-même n'est qu'un outil. C'est la façon dont il est utilisé qui détermine l'efficacité des opérations. Cela implique le recours à des logiciels, à de la vision, à des algorithmes de préhension et à du machine learning pour établir les séquences de gestes à appliquer.
Comment déterminer quels sont ses besoins spécifiques ?
Lorsque je m'entretiens avec un client, j'ai l'habitude de souligner qu'il n'existe pas de solution universelle idéale. Si tel était le cas, tous les entrepôts auraient déjà adopté la même solution. Derrière cette vérité de La Palice, c’est en fait la diversité des contextes et des besoins spécifiques qui doit être mise en avant.
‘‘ Commencer par bien définir sa proposition de valeur ’’
Sur des marchés plus incertains, la concurrence entre les entreprises est exacerbée et le succès commercial passe en grande partie par la capacité à se différencier.
En d’autres termes, avant de se lancer, il convient de commencer par bien définir sa proposition de valeur. Là où la différence est faite par rapport à ses concurrents : cela peut être sa capacité à traiter plus de flux, à offrir plus de personnalisation, à avoir une plus grande profondeur de gamme, ou encore à être en mesure de gérer des produits spécifiques (froid à moins 20°, tailles atypiques, etc.).
Dès lors qu’elle est identifiée, il convient d'aller chercher les solutions en miroir avec cet élément de différenciation.
Prenons le cas d’un prestataire logistique avec un flux XXL ou un cut off précoce. La promesse client repose davantage sur la rapidité d’exécution que sur la profondeur de gamme ou dans la personnalisation. Son leitmotiv sera la vitesse et il aura intérêt à privilégier des solutions extrêmement performantes en termes de flux, même si cela implique une certaine rigidité dans le processus de préparation de commandes.
Inversement, un 3PL dont la valeur ajoutée résidera dans sa capacité à apporter beaucoup de personnalisation, évitera de mettre en place une installation ultra figée, mais devra favoriser un système capable de s’adapter au fur et à mesure à l’évolution de son process client.
Cette symétrie entre le choix d’une solution automatisée et la proposition de valeur ou la promesse client est un élément clé pour avancer de manière efficace.
Quels sont les pièges à éviter dans un projet d’automatisation ?
Dans la mesure où les visibilités sur les activités sont désormais limitées, le premier piège serait de partir sur une solution trop rigide, ne permettant pas de reconfigurer son système en fonction de l’évolution de ses futurs besoins.
Ensuite, plus que sur la couche matérielle généralement bien maitrisée, c’est généralement au niveau de la couche logicielle que les coûts et délais peuvent dériver. Au-delà de la partie visible et émergée de l'iceberg, il faut avoir conscience qu'une solution automatisée ne donnera satisfaction que si le soft est performant et que les divers systèmes utilisés sont bien interfacés avec l’informatique en place.
Cela paraît évident, mais ce n'est en fait pas si simple, les environnements informatiques différant grandement d'un client à un autre. Certains ont développé leur propre solution, d’autres font appel à une SSII locale ou encore à des logiciels du marché... L’entreprise a donc tout intérêt à s’assurer de la capacité de son partenaire à l’accompagner sur cette dimension, au-delà de l’aspect mécanisation pure.
Quelle place le retour sur investissement occupe-t-il dans un projet d’automatisation ?
Le ROI reste déterminant dans le processus de prise de décision. Il permet de crédibiliser le projet et de justifier l’investissement. Cependant, son poids dans la prise de décision peut fluctuer en fonction des défis spécifiques auxquels l'entreprise est confrontée.
Lorsque l'entreprise rencontre des difficultés à répondre à un volume élevé de demandes ou à trouver suffisamment d'opérateurs pour traiter les commandes, la priorité se déplace légèrement, car l'objectif principal est d'assurer la continuité des activités et de satisfaire les engagements envers les clients.
Comment accélérer son ROI ?
Bien que le ROI ne soit pas un prisme exclusif pour un investissement en automatisation, l'objectif demeure toujours de garantir une adéquation optimale entre le flux traité et l'investissement consenti.
‘‘ Privilégier une approche évolutive ’’
En raison des incertitudes auxquelles sont confrontées les entreprises, il est primordial de travailler sur des horizons temporels courts. Cela permet non seulement de mieux contrôler le retour sur investissement, mais également d'ajuster les installations en fonction des performances réelles et des taux de croissance. Ainsi, pour maximiser le ROI, il est préférable de privilégier une approche évolutive plutôt que de construire de « grandes cathédrales automatisées ». En adoptant cette stratégie, l'entreprise peut progressivement étendre son infrastructure au fil des années, en s'adaptant aux besoins changeants et en optimisant les opérations en fonction des variations de flux.
Il convient d’ailleurs de noter qu'outre les dimensions directes telles que l'amélioration de la productivité ou la réduction des coûts, qui sont relativement simples à estimer, les gains peuvent également se manifester à travers des aspects indirects. Par exemple, face aux défis de recrutement évoqués précédemment, les efforts visant à limiter le taux de rotation du personnel ou à combattre les TMS apportent des avantages tangibles, bien que plus difficiles à valoriser.
Quel est le positionnement de BOA Concept au regard de l’automatisation ?
Nous sommes les inventeurs du concept de convoyeur intelligent, sans automate ni baie de brassage, mais doté d'une intelligence embarquée. Aujourd'hui, notre champ d'action est élargi et nous concevons des solutions complètes pour les entrepôts. Cela englobe la conception des processus, leur traitement logiciel et leur déploiement afin de résoudre les défis liés aux flux, au stockage et au picking que nous adressons respectivement à travers nos gammes Plug-and-Carry, Plug-and-Store et Plug-and-Pick.
Si notre périmètre a donc assez fortement changé et continuera à se développer dans les prochaines semaines (NDLR : Après l’intégration en 2022 de RobOptic, société spécialisée dans la vision et la robotique, BOA Concept a annoncé en février l’acquisition de la société Easy Systems, spécialiste belge des systèmes de manutention pour les métiers de l’intralogistique et de la production), la philosophie reste la même et nous déployons notre ADN de souplesse à la fois sur le hardware et le soft pour l'ensemble de nos gammes. Le système d'intelligence embarquée que nous avons conçu avec un pilotage décentralisé dans l'ensemble des organes présents sur une ligne nous permet de facilement automatiser l'intégralité des fonctions, puis de faire évoluer les installations au gré des besoins des clients.
Les secteurs que nous couvrons ont également évolué ces dernières années, puisqu’au-delà des 3PL et e-commerçants, nous sommes désormais en mesure de servir les industriels, dans la mesure où toute activité de production a un pan logistique.
Comment vous assurez-vous que la solution proposée sera bien adaptée aux futurs besoins logistiques de vos clients ?
Sur du long terme, aucun fournisseur n’est réellement en mesure de le déterminer.
Nous n’avons pas la prétention d’assurer que le système que nous installons aujourd'hui sera le meilleur dans 5 ans. En revanche, nous pouvons garantir à notre client que la solution dont il fait l'acquisition évoluera au fil du temps tant sur les plans logiciels que matériels. C’est la clé pour qu’elle puisse continuer de correspondre à ce qu'il est en droit d'attendre dans la durée.
C'est donc plutôt dans cette combinaison évolution-modularité que nous visons une performance à long terme, une capacité à s’adapter à un environnement mouvant.
Bio Express
Patrice HENRION a rejoint BOA Concept en 2018 en tant que Directeur du Développement. Il accède à la Direction Générale de l’entreprise en 2020.
Avant d’intégrer BOA Concept, il était en charge de la Direction commerciale de Locam. Il dispose à ce titre d’une grande expertise dans les domaines du financement des ventes et dans l'accompagnement des entreprises dans la transformation vers l'économie d'usage.
Il avait auparavant évolué dans les secteurs de la grande distribution et de la Banque.
Site internet de BOA Concept : https://www.boa-concept.com/
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