Dossiers> SC > Innovation Logistique (2013) > Entretien DDS Logistics
INTERVIEW |
‘‘L’Internet des objets devrait dans le futur avoir un impact très important dans le domaine du transport’’ J. BOUR, DDS Logistics
Interview
de Mr Jérôme BOUR, Directeur de DDS Logistics
Réalisée le 13/03/2013 par Frédéric LEGRAS,
Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre
du dossier thématique « L’innovation au cœur de
la logistique ».
Lors de notre entretien du mois de novembre dernier, vous souligniez les préoccupations actuelles des chargeurs au sujet de la collaboration avec les différents acteurs de la chaîne logistique (transporteurs, transitaires, clients, etc.). Pour y répondre, votre société propose la solution Trade Collaborate. Présentez-nous son concept?
Notre métier de départ est un métier d’éditeur autour des solutions de TMS à la fois à destination des chargeurs et des prestataires.
Le marché du TMS reste un marché encore en phase d’équipement. Du côté des chargeurs en particulier, au moins les deux tiers ne sont pas équipés.
Si dans une première phase les concepts ont été reconnus et les solutions ont pu faire leur preuve, nous sommes désormais rentrés dans la phase d’industrialisation en terme de déploiment de TMS.
Nous avons constaté au fur et à mesure de la mise en œuvre de nos solutions chez nos clients que le transport est un process qui est partagé par plusieurs acteurs externes à l’entreprise cliente. Un des enjeux est d’associer tous ces acteurs pour une collaboration plus efficace.
Par exemple, si on se place côté chargeur, on a très souvent plus d’utilisateurs de solutions en dehors du périmètre du chargeur que chez le chargeur lui-même. La solution va être utilisée aussi bien par des clients, des fournisseurs, des transporteurs que des transitaires tout au long de la chaîne.
Lors de la mise en place des éléments de collaboration pour les intervenants sur la chaîne logistique sur chaque système privatif, nous nous sommes rendus compte qu’un certain nombre de transporteurs étaient partagés entre les différents industriels. De la même manière, du côté des prestataires ou transitaires, nous mettions en place des solutions qui allaient être utilisées par un certain nombre de clients qui seraient les mêmes.
Nous avons alors considéré que cet enjeu de collaboration est un des points centraux dans le TMS.
Nous proposons donc désormais des solutions pour faciliter le partage d’informations entre les différents acteurs sur un modèle communautaire. L’échange d’informations entre les acteurs est facilitée par rapport à un mode privatif.
Nos
clients se connectent à une communauté
d’acteurs avec qui ils ont choisi de collaborer.
Il s’agit d’une communauté
fermée, on n’est pas sur une idée
de place ouverte. Cela supppose qu’il y
ait au départ une relation commerciale
qui ait été établie entre
le donneur d’ordre et les prestataires.
Prenons l’exemple d’un chargeur qui a une expédition internationale sur laquelle vont intervenir un transitaire au départ et un transitaire à l’arrivée.
A partir du moment où la relation commerciale existe et que les transitaires sont inscrits à la communauté, le chargeur n’aura pas besoin de « remonter tous les process et les systèmes » pour les associer à son système de traçabilité.
Arnaud
ACHER, Nov@log
Alain
BUSSOD, Savoye
Philippe
VERNE, Fives Cinetic
Christian
HUBERT et Stéphane BRUNEL, Komoto
Florent
BOIZARD, Hardis |
Quels types d’informations sont partagés entre les acteurs inscrits à votre plate-forme ?
Les inscrits à Trade Collaborate partagent des informations concernant :
- - le transport et les évènements
de traçabilité associés
au transport (liés à l’expédition,
à l’entité transport, etc.).
Chaque étape de transport est visible dans la solution et comporte un certain nombre d’évènements qui pourront être suivis par les intervenants - les produits compris dans les commandes clients et fournisseurs. Cela permet au chargeur de donner de la visibilité à ses prestataires sur le détail des commandes passées auprès de ses fournisseurs. Les transitaires vont eux pouvoir remonter le détail des produits embarqués dans chaque expédition.
- le prix du transport. Trade Collaborate permet de faciliter les échanges. Par exemple dans le cas d’un nouveau donneur d’ordre qui a besoin de constituer ces éléments de base tarifaire, celui –ci sera en mesure d’interroger ses différents prestataires référencés.
Au-delà des aspects techniques, comment faciliter le partage d’information entre acteurs dont les intérêts peuvent parfois paraître contradictoires ?
Il est vrai que nous sommes dans une situation dans laquelle une part significative du marché n’est pas équipée. Il est donc encore nécessaire « d’évangéliser » sur ce type de solutions et d’expliquer les gains en terme de productivité qu’elles peuvent apporter.
Il
est également vrai que certains considèrent
la réalisation d’un service complémentaire
comme une contrainte. En effet, si ils sont habitués
à réaliser la prestation physique,
la prestation autour de l’information reste
encore un peu nouvelle pour un certain nombre
d’entre eux. Cette prestation peut en particulier
ne pas avoir été correctement chiffrée
au moment de l’établissement de leurs
prix de vente.
Quand le client leur demande cette remontée
d’information à des niveaux de détail
et de délais définis, cela peut
nécessiter pour eux des ressources complémentaires
non prévues à l’origine et
ayant donc un impact sur leur rentabilité.
Il y a également la résistance habituelle au changement. Un prestataire ou un transitaire qui ne manipule pas l’outil informatique au quotidien peut avoir certaines réticences.
Ce qu’on a vu en revanche c’est qu’il n’y avait pas d’enjeu sur la vision de la qualité de service. C’est souvent la crainte des transporteurs au départ : que leur qualité de service soit complètement transparente vis-à-vis de leurs clients.
Au contraire, on s’aperçoit que cette transparence leur bénéficie. En effet, pour la grande majorité des prestataires, transporteurs et transitaires, cela leur évite d’être jugés uniquement sur la dernière expédition qui s’est mal passée alors qu’ils avaient effectué un « sans faute » sur les 6 derniers mois. Le chargeur et la grande majorité des prestataires bénéficient ainsi d’une vision beaucoup plus objective et mieux chiffrée de la qualité de service, ce qui est finalement bénéfique pour les deux parties.
Quel modèle commercial proposez-vous ?
Nous sommes sur des modèles classiques d’abonnement et de coût à la transaction. Il s’agit d’une solution en mode SaaS. DDS Logistics se charge de toute l’infrastructure technique et variabilise le coût. L’abonnement est donc relativement faible.
Notre cible initiale est plutôt sur les grands donneurs d’ordre. Ce sont plutôt les chargeurs qui poussent aujourd’hui ce type de démarche et qui encouragent leurs prestataires à utiliser ce type d’outils.
Dans votre entreprise, comment favorisez-vous concrètement les processus d’innovation ?
Si le transport est une activité relativement ancienne pour l’homme, d’un point de vue système, nous sommes sur un modèle fonctionnel en pleine structuration.
Nous consacrons ainsi une part importante de nos ressources à la R&D. (Plus de 15% de notre chiffre d’affaires). Il y a bien sûr un développement technique lié au métier du soft mais les aspects fonctionnels sont également très importants.
Nous considérons en effet qu’une bonne part de l’innovation doit porter sur les process. C’est pourquoi nous avons désigné pour chacune de nos offres des « patrons de produits » dont le travail est en particulier de monter des brainstorming avec toutes les personnes qui sont sur le terrain, qui mettent en place les solutions avec nos clients pour alimenter en permanence l’évolution de nos offres et aller chercher les bonnes idées auprès des équipes.
DDS Logistics est aujourd’hui une société de 70 personnes, ce qui permet de faciliter la communication.
Nous voulons montrer à l’ensemble de nos collaborateurs que tous peuvent apporter leur pierre à l’édifice.
C’est par ces principes de brainstorming à l’occasion d’évènements informels de type petits-déjeuners que nous essayons de faire remonter les idées de chacun. Nous sélectionnons ensuite les idées intéressantes que nous intégrons à notre feuille de route d’évolution des produits.
Les personnes qui ont poussé les idées seront celles qui piloteront leur mise en oeuvre au sein du produit.
Que peut-on attendre dans les prochaines années en terme d’innovation dans le secteur du transport ?
Outre la collaboration, sujet pour lequel nous sommes entrés dans la phase de mise en œuvre, je pense que l’Internet des objets devrait dans le futur avoir un impact très important dans le domaine du transport.
Au-delà du RFID, les objets dans les chaînes de transport auront de manière embarquée et naturelle leur propre capacité d’identification voir de réaction. Cela va donc bousculer fortement la manière d’envisager les systèmes de gestion du transport.
Par exemple, les palettes que vous transportez seront capables par elles-mêmes de renseigner leurs positions, d’indiquer si elles sont arrivées au bon quai, si elles sont à la bonne température dans le cas des températures dirigées, etc.
Tout cela générera une masse d’informations qui viendra alimenter des systèmes centralisés et permettra du coup une capacité beaucoup plus forte à gérer les chaînes logistiques, à anticiper ou à réagir automatiquement aux évènements.
Aujourd’hui, quand vous avez un colis dévoyé, vous devez attendre que quelqu’un l’ait identifié, l’ait retrouvé sur un quai, le scanne, etc. Si ce colis a « lui-même » les moyens d’indiquer où il se trouve et d’alerter sur une mauvaise localisation, cela permettra de déclencher une action du type réaffectation automatique du colis sur la prochaine tournée.
Les dysfonctionnements pourront ainsi être beaucoup plus tôt identifiés. Dans des chaînes avec de nombreuses ruptures, ces dysfonctionnements existeront toujours. En les anticipant, on pourra cependant mettre en œuvre les actions correctives de manière anticipée et ainsi en limiter les effets négatifs.
Des gains en terme de productivité et de qualité sur l’ensemble des chaînes en découleront.
Pour aller plus loin
- Consultez les autres entretiens accordés dans le cadre de ce dossier.
- Consultez les autres dossiers de FAQ Logistique en rapport avec l'innovation en Supply Chain.
- Retrouvez dans notre répertoire de solutions, les dernières start-ups supply chain et les cabinets experts en transformation digitale.
Bio Express
Jérôme BOUR a pris la Direction de DDS Logistics en 2000, leader du TMS. Il a auparavant
occupé les postes de Directeur Informatique
du Groupe DAHER, de Responsable
de l’organisation et des systèmes
opérationnels chez DHL et de Consultant
chez Ernst & Young.
Site
Internet de DDS Logistics : www.ddslogistics.com