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‘‘ Planifier et redéployer les ressources pour des mois, semaines et journées qui ne se ressemblent pas ’’
Laurent Cochet, Business Development Director chez AutoStore System.
Avis d'expert soumis dans le cadre du dossier thématique « L’entrepôt agile ».
Quels sont les impacts des évolutions des modes de consommation sur l’entrepôt ?
Qu’il soit en ligne ou dans un magasin, le consommateur s’est habitué à un choix de produits de plus en plus large. Cette impulsion a été donnée par le développement du E-Commerce qui permet de présenter des produits plus facilement.
Pour ne pas être en reste, les magasins physiques doivent se démarquer du E-Commerce en assurant la disponibilité du bon produit sur étagère.
- Effet de gamme
Cet effet combiné entraine une pression accrue sur l’entrepôt qui doit approvisionner, stocker et préparer les produits avec des délais de plus en plus courts sur des gammes de produits de plus en plus larges. Le challenge reste de savoir quels sont les produits qui vont bien se vendre et ceux qui seront boudés par les consommateurs.
- Effet promo
Les périodes de soldes et autres promotions ne sont pas nouvelles, mais le E-Commerce a simplement ajouté des événements « obligatoires » à ceux que l’on connaissait déjà avec une amplification des phénomènes. On surveille en entrepôt un indicateur appelé le « pick to average ratio » ; il s’agit de l’écart entre la moyenne d’un flux et son maximum enregistré. Ce ratio varie selon les secteurs, mais à titre indicatif on peut parler d’une évolution de ce rapport de 200 ou 300% (le maximum représentait 3 fois la moyenne) vers un rapport de l’ordre de 800 à 1500%.
L’entrepôt va donc devoir s’organiser pour multiplier sa capacité par 10 sur des périodes de temps très courtes : | |
- Avoir les produits en stock - Avoir les ressources humaines et matérielles pour préparer et expédier - Maintenir le niveau de service et la qualité |
- Saisonnalité
Cerise sur le gâteau, ceux qui évoluent dans des secteurs à forte saisonnalité (Mode, Jouets, etc.) doivent continuer à la gérer en plus du reste.
Pour citer un exemple dans le secteur du textile, le design des collections est créé au moins un an à l’avance (hors « fast fashion ») avec le choix des matières et des tendances couleur, la fabrication est planifiée 6 mois à l’avance, puis la collection est diffusée sur toute la planète.
L’entrepôt gère un « first push » pour garnir les étagères avec la nouvelle collection, puis réapprovisionne à la pièce en fonction des ventes. Ceci se traduit par des opérations en entrepôt qui sont d’ailleurs les mêmes pour le B2B que pour le B2C.
Quelle devient la place de l'entrepôt dans la chaine de distribution et comment ses missions évoluent-elles ?
Le premier facteur à traiter est en amont : il s’agit de la position tactique d’un entrepôt donné dans la globalité d’une chaine d’approvisionnement. Un travail soigné sur le schéma directeur va effectivement permettre de poser des bases indispensables à une gestion plus sereine de la volatilité.
L’omnicanal a rendu l’équation plus complexe. Au mode arborescent classique de la chaine d’approvisionnement (Usine / Fournisseur, Plateforme de distribution, Entrepôt national, régional ou local), nous avons ajouté un canal E-Commerce et des flux transverses.
Bien des entreprises ont commencé par traiter à part les flux E-Commerce. On a vu fleurir des stocks et des entrepôts dédiés qui font progressivement place à des projets « one stock ». J’avais observé ce phénomène dès 2008 lorsque je travaillais sur des plateformes logistiques chinoises qui traitaient déjà des volumes E-Commerce gigantesques. En parallèle se sont développés les flux directs usine, le drop shipping, le retrait en magasin pour ne citer que quelques exemples.
Au final ceci va altérer la position et la fonction globale de chaque entrepôt de la chaine et remettre parfois en cause la capacité en volume et en type de flux ainsi que la position géographique de chaque plateforme. La tendance générale est à la décentralisation.
Pourtant les fonctions générales de l'entrepôt restent les mêmes, mais l’agilité de la chaine consiste à pouvoir faire varier un grand nombre de paramètres de la façon la plus indépendante possible.
Pour être plus concret sur l’évolution de ses missions, citons quelques impacts :
- Réception des produits
- ratio de réception Palette vs Vrac
- Fréquence des livraisons
- Traitement des retours
- Ratio entre flux stocké / flux « tendu » de type Cross-docking, ventilation, allotis.
La tendance est à la fragmentation des réceptions
- Stockage
- Capacité en réserve palette, en carton ou en emplacement prélevable
- Durée de conservation du stock
- Gestion des invendus
La tendance est à la diversification des modes de stockage et la nécessité de pouvoir passer une référence de l’un à l’autre selon les périodes.
- Préparation
- Ratio entre le flux palettes, le flux cartons et le flux détail
- Expédition
- Fréquence des livraisons
- Types de camion
- Flux messagerie
La tendance est également à la fragmentation, à l’augmentation des fréquences et à la multiplicité des prestataires. Il devient de plus en plus difficile d’optimiser le taux de remplissage des camions.
La tendance va vers le flux détail.
En quoi l’agilité est-elle devenue un facteur de performance de l’entrepôt ? Cela concerne-t-il tous les secteurs d’activité ?
La volatilité croissante des flux va se traduire par la capacité de l’entrepôt à s’organiser pour prendre en compte une évolution permanente des ratios que nous venons d’évoquer et à se reconfigurer avec agilité. La performance est de pouvoir garantir la disponibilité du bon produit au bon endroit et au bon moment dans cet environnement versatile.
Ces considérations de logistique de terrain s’appliquent à tous les secteurs d'activité. C’est le détail de l’impact sur chacun des paramètres qui va différer selon les secteurs. Il est directement lié à l’évolution des modèles d’affaires qui doivent être ajustés en permanence pour faire face à l’apparition de nouveaux concurrents « disrupteurs » et à la montée en puissance du E-Commerce. Pour être performante, la chaine logistique doit rester en cohérence avec un modèle d’affaires dont la résilience va être déterminante pour le succès de l’entreprise, ou plus trivialement pour sa survie.
Pour différencier les secteurs d’activités, on peut prendre l’angle de la temporalité. On peut raisonner sur la nature et la variabilité des flux logistiques sur le temps long (3, 5, 10 ans) et sur le temps cours à savoir l’organisation au mois, à la semaine et à la journée.
Quelle définition donner de « l’entrepôt agile » ?
Pour moi l’entrepôt vraiment agile est celui qui sait s’adapter à la fois sur le temps court et le temps long dans un contexte de raccourcissement continuel de la longueur de tous les cycles.
Comment mettre de l’agilité dans ses entrepôts ?
Sur moyen et long terme, on va jouer sur différents paramètres comme le dimensionnement général, la taille du bâtiment, le type d’équipement de manutention et le degré d’automatisation. Un point essentiel reste ici la gestion de l’espace. Tous les gestionnaires d’entrepôt se cassent régulièrement les dents sur la capacité des quais et aimeraient bien pouvoir pousser les murs ! Comme ce n’est pas possible, il existe d’autres solutions.
Par exemple, la solution de Cube Storage proposée par AutoStore permet de multiplier par 4 la densité de stockage. Ceci va permettre de libérer de l’espace dans un entrepôt existant et éventuellement de prolonger sa durée de vie.
À l’échelle du quotidien, il faut pouvoir planifier et redéployer les ressources humaines et matérielles pour des mois, des semaines et des journées qui ne se ressemblent pas. Si la plateforme a été conçue pour être agile, on se repose sur les capacités d’organisation des opérations et surtout sur un système d’information très connecté et lui-même très agile.
Cet aspect reste le facteur principal de l’agilité :
- Sensibilité à la demande : savoir ce que l’on vend
- Rapidité du traitement informatique des commandes (site web, ERP, WMS)
- Optimisation opérationnelle en temps réel : préparation de commandes
- Visibilité sur les indicateurs de performance : amélioration continue
- Prévisions : commander et répartir les bons stocks sur la chaine d’approvisionnement (S&OP, DDMRP, GPA)
Quels sont les impacts sur les équipements ?
On constate une forte augmentation du degré d’automatisation en France qui accuse un certain retard dans ce domaine par rapport à nos voisins du nord de l’Europe ou aux États Unis. L’automatisation va permettre d’accélérer le traitement de certains flux sans recourir systématiquement à l’utilisation de ressources intérimaires qui au-delà des coûts, génèrent un véritable défi d’organisation, de disponibilité des bonnes compétences sur des temps courts et notamment de formation du personnel.
Les automaticiens ont fait évoluer leurs systèmes vers une flexibilité accrue et proposent des systèmes de plus en plus modulaires et reconfigurables. Si on prend comme exemple les bacs de stockage utilisés par le système AutoStore la capacité à choisir des bacs de différentes hauteurs, et la possibilité d'ajouter ou d'enlever des séparateurs pour augmenter le nombre d'emplacements de stockage sera un facteur de flexibilité fort appréciable.
Dans ce contexte, la capacité des différents systèmes à communiquer entre eux devient cruciale. L’écosystème d’information devient une agrégation de multiples services qui doivent interagir en temps réel. Pour donner un exemple concret, on devrait idéalement pouvoir réserver un produit dans l’entrepôt au moment où le client le met dans son panier en ligne. La chaine informatique s’étend du site marchand à l’ERP, puis vient le WMS et le WCS qui pilote un système automatisé le cas échéant. Ce Graal qu’on appelle l’ATP (Available To Promise) est loin d’être acquis.
La complexité des opérations gérées par le système d’information augmente encore avec d’une part la consolidation des flux de préparation à l’intérieur de l’entrepôt (pour une commande qui comporte plusieurs articles gérés selon différents modes de stockage et de préparation) et la gestion du multicanal qui peut parfois nécessiter de traiter une même commande depuis plusieurs sites (entrepôts en propre, drop shipping, préparation en magasin). À tout ceci vient s’ajouter l’optimisation de l’emballage et l’optimisation du transport.
Quelles sont les opportunités actuelles ?
La transformation numérique n'est pas un élément vraiment nouveau. L'utilisation croissante d'algorithmes est un premier facteur qui permet de faciliter la prise de décision de manière simple et pragmatique. La démocratisation des technologies d’intelligence artificielle permet d'ajouter au système d'information classique une touche d'agilité supplémentaire. On va d'une part être en mesure de traiter de plus en plus de données et cela de façon de plus en plus « intelligente ».
Ces analyses effectuées à la vitesse de la lumière vont fournir au décisionnaire des éléments permettant d’assurer un pilotage plus fin des opérations grâce à une visibilité accrue et en temps réel. Pour en revenir à la volatilité, ces nouvelles capacités aident beaucoup à compenser l'augmentation des incertitudes. Le déploiement de l’IA dans l’entrepôt a commencé par se concentrer sur l’analytique : finesse des indicateurs et notion de temps réel pour permettre un meilleur pilotage des opérations et une prise de décision éclairée.
Le travail sur le prédictif reste très embryonnaire.
En quoi l’offre d’Autostore permet-elle de rendre plus agiles les entrepôts ?
AutoStore propose un système de préparation de commandes au détail. Les produits sont stockés à l'unité dans des bacs qui sont empilés verticalement sans avoir besoin d’espace intermédiaire ni de zone d’accès au niveau latéral. Ceci évite la perte d’espace et confère à notre système une densité de stockage simplement inégalable et inégalée.
Ce système d’automatisation de la préparation offre une agilité et une flexibilité à 4 niveaux
- Des bacs de différentes tailles
On peut d’abord choisir des bacs de différentes hauteurs (le plus grand étant de 40x60x42 cm) et on peut ensuite ajouter des séparateurs à l'intérieur des bacs, ce qui permet encore d’augmenter le nombre d’emplacements de stockage.
- Une infrastructure qui s’installe dans la hauteur disponible
Un des atouts du système AutoStore est de pouvoir s'insérer dans des bâtiments de faible hauteur. On peut par exemple travailler sur des hauteurs de l'ordre de 3 mètres ce qui permet d’envisager la mise en place d’une grille dans un bâtiment qui n'est pas au départ prévu pour traiter de la logistique. Peu de systèmes sont capables d’une telle prouesse. En moyenne, nos partenaires intégrateurs configurent et installent des systèmes sur des hauteurs de 7 mètres. Mais à l’heure de l’urbanisation croissante, du développement des Micro Fulfillment Centers et des Darkstores, on observe une hausse de la demande pour des espaces restreints. Notre capacité à y répondre simplement explique en partie le fort développement de l’entreprise.
- Scalabilité
Elle consiste à pouvoir dimensionner l'infrastructure de base de façon très simple et de pouvoir augmenter sa capacité au fur et à mesure des évolutions, sans avoir à arrêter la totalité du système. Conjointement à l’infrastructure, on sait faire évoluer le nombre de robots utilisés en fonction des besoins. On observe une demande croissante pour des prestations de location temporaire de robots pour absorber des pics d’activité.
Enfin on va également pouvoir ajouter des stations de travail en fonction de l'évolution des flux. Cette agilité opérationnelle se traduit directement par une grande agilité financière. En effet contrairement aux systèmes classiques, le client n’est pas obligé d’investir au départ sur la totalité du système. En cas de disruption majeure de son modèle d’affaires, le client peut ainsi repenser son système grâce à un retour sur investissement plus rapide.
- Fiabilité, qualité, disponibilité
Avec un taux de disponibilité de 99,6%, unique sur le marché, le système AutoStore permet de garantir la continuité des opérations. La société investit beaucoup sur la qualité de ses produits et l’ouverture récente de notre centre d’innovation destiné à tester les produits en condition extrême en est un exemple concret.
Enfin un fort investissement en R&D pour l’amélioration continue de chacun des composants du système a pour objectif d’accompagner nos clients dans l’excellence de leur développement. Par exemple nous proposons désormais une nouvelle version du logiciel de pilotage des robots qui permet de densifier le nombre de robots sur une même grille dans un espace plus réduit et ainsi d’augmenter le débit global d’une installation.
Pour aller plus loin
- Consultez les autres entretiens accordés dans le cadre de ce dossier.
- Consultez les autres dossiers de FAQ Logistique en rapport avec l’optimisation de l’entrepôt et les WMS.
- Que vous soyez industriel, distributeur ou prestataire, retrouvez dans notre répertoire de solutions, le WMS ou le WCS adapté à vos besoins.
- Découvrez les solutions intralogistique (Automatisation, Mécanisation, Robotisation...) et les cabinets de conseil spécialisés référencés dans l'annuaire FAQ Logistique.
Bio Express
Laurent a débuté sa carrière en 1991 dans les télécommunications, avant de se consacrer à la Supply Chain au sein de Capgemini Consulting. Il a rejoint AutoStore en début d’année, après 5 années passées chez Generix. Il possède une grande expérience de terrain dans le domaine des plateformes logistiques pour avoir conduit plusieurs grands projets d’entrepôts mécanisés notamment en Chine, puis en France à travers la mise en œuvre de projets WMS interfacés avec des systèmes d’automatisation.
Ses 15 années d’expérience projet lui confèrent une vision tant opérationnelle que stratégique pour réfléchir à une Supply Chain plus innovante, plus performante et mieux adaptée à l’évolution des pratiques. Sa mission au sein de l’équipe AutoStore est d’accompagner les clients et prospects dans leurs phases de réflexion et de conceptualisation de leur projet, jusqu’à la transition et à la concrétisation avec ses partenaires intégrateurs.
Site d'Autostore : https://autostoresystem.com/fr
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