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INTERVIEW |
‘‘Une externalisation des opérations d’entreposage doit prendre en compte les impacts de la localisation des entrepôts sur le volet transport’’ C. MORIN, MORIN LOGISTIC
Interview
de Christian MORIN, Directeur Général de MORIN
LOGISTIC
Réalisée le 30/10/2013 par Frédéric LEGRAS,
Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre
du dossier thématique « Optimisation d’entrepôt
: outils et bonnes pratiques ».
Présentez-nous Morin Logistic.
Morin Logistic est une entreprise qui a été créée en 2000 par apport d’actifs du Groupe Morin, société de transport fondée par mon père.
Morin Logistic vient donc à la base des métiers du transport de marchandises, du groupage, du commissionnement et du groupage international.
A sa création, sa vocation était de reprendre toutes les activités logistiques que nous avions à Saint-Quentin Fallavier, à proximité de Lyon.
Nous assurions à la fois des activités de prestation industrielle et de détail. Nous avons en particulier beaucoup travaillé pour le compte de Fila dans le domaine de la chaussure running mais également dans le domaine du matériel de sport pour la grande distribution ou pour les magasins spécialisés.
Dès le début nous avons commencé à travailler pour le secteur du e-commerce. Notre premier client s’appelait Top Achat. Il s’agissait de la boutique en ligne d’un fournisseur d’accès à Internet qui s’appelait Infonie.
Lorsque nous avons commencé avec nos premiers clients, nous traitions des préparations de commande relativement fines. À l’époque nos systèmes d’information nous permettaient déjà d’optimiser les parcours de picking dans les entrepôts.
Tout cela nous a amené à être de bons interlocuteurs pour les e-commerçants. Ce secteur a dès lors constitué un axe de développement majeur pour notre entreprise. Il représente aujourd’hui environ 80 % de notre activité.
Jean-David ATTAL, Viastore Systems
Chantal LEDOUX, BOA Concept
Yannick BUISSON, FM Logistic France
Gilles
SAUBIER, STEF
Bertrand JAUFFRET, Cleversys
Loïc LE CHARTIER, Hardis |
Quelles étaient les particularités des logistiques de ces acteurs ?
Les acteurs du e-commerce avaient énormément de références à traiter et celles-ci avaient une obsolescence très rapide. Ainsi entre 50 % et 60 % des articles qui entraient dans l’entrepôt ne « vivaient » qu’une seule fois.
Par exemple pour les cartes vidéos de Top Achat, à chaque nouvelle livraison le produit avait évolué, une fonctionnalité supplémentaire avait été ajoutée. En conséquence, le code article changeait.
Ce sont les particularités que nous avons eues à gérer dès le début dans ce métier-là. Une grande agilité était nécessaire pour pouvoir satisfaire les clients de nos clients.
De ce point de vue là, ça n’a pas du beaucoup changer…
Bien sûr ces caractéristiques sont toujours valables, mais je vous parle d’une époque où nous traitions entre 200 et 300 colis par jour. Aujourd’hui les volumes ne sont plus comparables. Nous sommes désormais sur des volumes compris entre 20 et 30 000 colis par jour.
Les approches sont donc désormais différentes et nous avons adopté une approche industrielle de notre métier.
On ne traite pas 300 colis sur 1000 m² de la même façon que 30 000 colis sur 100 000 m². Les distances à parcourir et les méthodes à utiliser diffèrent.
Justement, quels sont les impacts des particularités du e-commerce sur l’optimisation des opérations en entrepôt?
Une des grandes particularités, surtout pour nous qui avons commencé avec Top Achat, marchand dans le secteur des produits high-tech, c’est la combinaison entre une profondeur limitée des stocks et une obsolescence très rapide des références.
Les rotations de stocks sont généralement comprises entre 4 et 6 semaines. C’est une caractéristique que nous ne connaissons pas avec nos clients industriels. Nous avons donc adapté nos méthodes de travail et les manières de travailler de notre WMS pour mieux coller au besoin.
Autre particularité de cette activité, l’irrégularité des volumes que ce soit en sortie ou en entrée due à de très fortes saisonnalités.
Au-delà saisonnalités traditionnelles en fonction des différentes périodes de l’année du type fêtes de Noël, il faut également gérer des périodes de soldes privées et des opérations qui diffèrent en fonction des clients : rentrée scolaire, Fête des Mères, etc.
Il y a également des phénomènes de saisonnalité à la maille jour à l’intérieur d’une semaine. Les lundis sont par exemple de très grosses journées (pour traiter les commandes passées le week-end) puis au fur et à mesure de la semaine, l’activité diminue. Une adaptation des méthodes, de l’organisation et des temps de travail est donc nécessaire pour accompagner les fluctuations de volumétrie des flux.
Cela fait partie des grandes différences à noter par rapport à l’activité traditionnelle.
Tous ces éléments exigent une grande agilité pour adapter ses ressources et méthodes au flux à traiter. C’est un travail de tous les jours. Nous demandons en particulier à nos responsables d’exploitation et à nos directeurs de sites de chercher à dimensionner les ressources par rapport à ce qui nous est demandé et aux engagements qualité auprès de nos clients.
Pour y parvenir, nous avons recours à des systèmes d’information et d’ordonnancement.
Au niveau du personnel nous pouvons nous adapter à nos charges grâce à la souplesse des horaires et en ayant recours à l’intérim. Cela nécessite cependant un gros effort en termes de formation des équipes. Mais avant tout, nous avons besoin de personnel très impliqué dans le fonctionnement de notre métier, connaissant bien les outils de gestion pour pouvoir adapter et lancer les opérations dans le bon ordre.
Quels sont les facteurs clés de succès à respecter pour une externalisation logistique réussie ?
Ce que j’ai remarqué à travers nos différents clients, c’est que nous atteignons facilement de bonnes performances avec ceux qui ont une expérience dans la gestion entrepôt. En effet, ils posent les bonnes questions, ce qui nous oblige à apporter les bonnes réponses. Cela veut en fait dire que pour maximiser les chances d’une externalisation logistique réussie, il faut que le client sache décrire précisément son activité et ses attentes.
Un autre élément clé concerne les échanges de données informatiques. Il convient de faire un effort particulier sur ce point car c’est généralement là que réside la cause du succès ou de l’échec d’une externalisation réussie. En effet, l’externalisation ne peut se faire que si les bonnes informations sont partagées entre le client et son logisticien. Il est nécessaire de mettre en œuvre une grande transparence et d’adopter une démarche collaborative très forte.
Cela passe également par la mise en place de systèmes de contrôle et par une définition partagée par le client et le prestataire sur le service qui doit être fourni par le logisticien. Le client doit donc bien définir tout ce qu’il attend de son prestataire.
Il ne doit d’ailleurs surtout pas oublier le volet transport. En effet derrière la préparation des colis, il faut être en mesure d’en assurer la distribution. C’est pourquoi nous attirons souvent l’attention de nos clients sur l’importance du positionnement géographique des entrepôts. Il est important que le prestataire retenu ne soit pas éloigné du centre d’injection ou des centres de tri des transporteurs. En cas de proximité géographique, on doit en effet pouvoir bénéficier d’offres tarifaires et de meilleurs délais en termes de distribution.
Le positionnement géographique joue donc un rôle très important pour la distribution. À l’international, nous travaillons en injection directe sur des pays comme l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne. Notre positionnement à côté de Lyon nous donne un avantage certain pour pouvoir acheminer rapidement les marchandises sur les hubs de nos partenaires. Si on vise un développement international, le critère de la localisation géographique de l’entrepôt est donc primordial.
Il faut enfin bien s’assurer que dans le cas de l’utilisation de circuits mécanisés, le prestataire conditionne les marchandises dans des emballages adéquats, qui supportent bien la mécanisation afin que le colis arrive en parfait état chez le client destinataire.
En résumé, il faut bien regarder ce qu’on attend de son prestataire en termes de qualité, de ponctualité et de capacité à vous mettre en relation sur la partie transport.
Considérez-vous que vos clients aient une bonne connaissance de leur flux ?
Il faut bien prendre en compte le fait que les acteurs du e-commerce connaissent généralement de fortes croissances. De plus, il s’agit de métiers qui évoluent très vite. Il nous est ainsi arrivé de prendre un dossier en externalisation, en ayant bien compris le besoin du client, mais que celui-ci nous annonce quelques mois plus tard s’être trompé de stratégie, et donc souhaiter modifier ses attentes vis-à-vis de nous.
Il faut donc que nous soyons souples et que nous puissions rapidement nous adapter à l’évolution des attentes de nos clients.
Une bonne connaissance des flux n’est finalement possible qu’à partir du moment où ils ont stabilisé leur modèle commercial, ce qui reste relativement compliqué dans le domaine du commerce électronique.
Bénéficier de solutions qui puissent répondre rapidement à l’évolution de son modèle économique constitue en fait tout l’intérêt de travailler avec un prestataire logistique.
Vous venez d’inaugurer une unité de production logistique (UPL) dédiée à la préparation et à l’expédition des commandes BtoC, à Saint-Quentin-Fallavier. Quelles en sont les caractéristiques ?
C’est un système de mécanisation dans un entrepôt de 40 000 m² dont la fonction est d’assurer des prestations pour une douzaine de clients e-commerçants qui ont des volumes et des typologies de produits très différents.
Notre UPL permet donc de mutualiser les flux de nos clients. Nous pouvons en effet traiter sur le même modèle de mécanisation, des produits high-tech, des petits produits et des produits de gabarits plus importants, tout cela pour 80 % des emballages.
Nous recevons les marchandises de nos différents clients sur des palettes ou en cartons. Nous constituons ensuite des colis à destination de particuliers qui comprennent en moyenne de 1,5 à 2 pièces.
Le système nous permet aujourd’hui de traiter 4 tailles de carton. Nous utilisons également des machines qui réduisent la hauteur du carton à la hauteur des produits qu’il contient. L’objectif était donc de réduire la consommation de carton, et d’optimiser les coûts de transport en maximisant les taux de remplissage pour nos clients qui sont ainsi en mesure de mieux négocier leurs tarifs de distribution auprès de leurs transporteurs.
Nous avons pour cela modifié les équipements dont nous disposions préalablement (4 lignes de sortie qui fabriquaient des cartons pour 3 gros clients et une dernière qui en fabriquait pour de plus petits). Nous avons supprimé ces lignes et avons créé une ligne unique d’un niveau d’automatisation plus important. En ajoutant l’ensemble des flux des volumes de carton de chacun de nos clients, nous avons des volumes suffisants pour justifier les investissements en mécanisation.
Cela nous a également permis de proposer de meilleures conditions de travail à nos équipes. En effet, dans un entrepôt à étage, il est compliqué de monter et de descendre la marchandise. Dorénavant les efforts physiques ne sont plus fournis par nos équipes mais par la mécanisation. Les produits se déplacent donc désormais vers les opérateurs pour être rangés à l’entrée, disposés sur les convoyeurs, etc. Ce sont les marchandises qui se déplacent seules pour subir les opérations.
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Bio Express
Christian MORIN a rejoint le Groupe
Morin en 1975. Depuis 2000, il est
Directeur Général
de Morin Logistic.
Site
Internet de Morin Logistic : http://www.morin-logistic.com/