Publications > Logiguide CGL > La Reverse Logistique (Volume 8 / Numéro 9)
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Article extrait des Logiguides de GROUPE GCL, cabinet de conseil en logistique.
Si la maitrise des flux logistiques semblent être maitrisée par les industriels et les prestataires de services, il en est certainement tout autre en ce qui concerne la maitrise des flux de retours, appelé autrement reverse logistique, logistique à rebours ou distribution inversée.
La logistique à rebours est un thème émergeant du champ de la logistique tant pour les praticiens que pour les chercheurs. Déjà l’industrie des pâtes et papiers possède des réseaux de récupération bien établis alors que d’autres secteurs d’activités, comme celui de l’automobile, sont à développer les bases de leur réseau à rebours.
Par ailleurs, ce concept n’est pas restreint aux seules activités de récupération et de recyclage des matières, il intègre également les activités de retour de produits (pour cause de défectuosité ou de nonconformité aux besoins).
Une des premières différences entre la logistique inversée et la logistique traditionnelle est qu’il est plus difficile de prévoir les retours car ils sont aléatoires. Aussi, la distribution ne se fait plus d’un point vers plusieurs mais plutôt à l’inverse. Une autre distinction est le manque d’uniformité de la qualité et de l’emballage des retours. Souvent les options de disposition ne sont pas bien définies. Il est encore plus complexe de fixer un prix puisque celui-ci dépend de plusieurs facteurs. Il y a aussi un problème de perception quant à la vitesse requise du traitement. Ici, elle n’est pas considérée comme une priorité. Les coûts de distribution sont plus difficiles à identifier. La gestion des stocks est particulièrement complexe. Du point de vue marketing, il est plus complexe de revendre les produits retournés. Ainsi, la logistique inversée est un système réactif. L’élément déclencheur du processus de logistique inverse est un retour vers l’entreprise. Le fait d’avoir plus de difficulté à prévoir les retours, à savoir d’où les produits vont revenir et leur qualité rend le processus plus complexe que la logistique traditionnelle.
Dans certains secteurs d’activités, entre autres celui de la vente par catalogue, le retour de produits peut être équivalent à 35% des ventes. Les résultats montrent un taux de retour de 2-3% pour les produits domestiques chimiques et jusqu’à 50% pour les revues de publication.
Les coûts de logistique aux États-Unis sont estimés à près de 862 milliards de dollars en 1997 soit 10,7% de l’économie américaine mentionne Delaney (1998). Pour ce qui est de la logistique inversée, elle est estimée à environ 4% des coûts de logistique soit 35 milliards de dollars en 1997 selon Stock (2001). Rogers et Tibben-Lembke (1998) quant à eux, mentionnent qu’il est difficile d’en estimer le coût puisque bien des entreprises ne connaissent pas l’ampleur des activités. Dans «Return to sender» (2000), les retours annuels totaux sont estimés à 62 milliards de dollars et entraînent des pertes de 10 à 15 milliards de dollars. Par contre, le commerce électronique à lui seul représente 11 milliards de dollars en retour et des pertes de 1,8 à 2,5 milliards de dollars. Les sociétés de commerce électronique admettent qu'ils ont 5% de retour bien qu’on estime plutôt à 30% ce chiffre.
Certains e-marchands ont même opté pour la conception d’une plateforme de distribution spécialisée sur ce type de flux. C’est le cas de nombreux e-marchands dans l’industrie de la distribution du livre. Ces méga plateformes traite l’ensemble des flux retours clients et se chargent ensuite de rediriger ces flux vers les plateformes régionales ou encore les fournisseurs.
De plus, de nouvelles législations forcent les entreprises à revoir leur système de logistique pour faire place à la logistique inversée.
La loi Allemande autorise, par exemple, pour la vente en ligne, que le particulier renvoie le ou les produits commandés au frais du vendeur, ce qui génère une augmentation de ces retours. L’entreprise peut parfois devenir alors une cabine d’essayage ou plus du tiers des commandes sont souvent renvoyées. En Europe, il y a aussi la directive de la Communauté européenne sur le matériel d’emballage qui stipule que le client peut le laisser au détaillant et que ce dernier doit en assurer le recyclage.
En 2001, Mr. Stock énonce les sept péchés mortels de la logistique inversée.
- Ne pas reconnaître que la logistique inversée peut être un facteur qui donne un avantage compétitif.
- Croire que la responsabilité de l’entreprise se termine à la livraison du produit.
- L’incapacité de faire concorder les systèmes interne et externe et le processus de commerce électronique avec l’aspect de la logistique inversée concernant les retours de produit.
- Penser que des efforts à temps partiel sont suffisants pour traiter les activités de la logistique inversée.
- Croire que le temps de cycle pour un retour de produit peut être plus long et plus variable que pour un nouvel produit vendu ou distribué.
- Penser que les retours de produits, le recyclage et la réutilisation d’emballage vont se régler par eux-mêmes si on leur donne suffisamment de temps.
- Penser que les retours sont peu importants en terme de coûts, d’évaluation de stock et en revenus potentiels.
Stéphane
Gatel
Conseiller Logistique, Groupe GCL
www.gclgroup.com
Groupe GCL Europe, Conseil logistique
13
avenue René Boylesve
75016 Paris
Internet : www.gclgroup.com
Voir
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