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INTERVIEW
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‘‘La limite de l'échange d'information tient à la profondeur de la collaboration’’
I. BADOC, GENERIX
Interview d’Isabelle BADOC, Supply Chain Solutions Marketing Manager chez Generix Group.
Réalisée le mardi 22 septembre 2020 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « La visibilité, clé de la performance supply chain ».
Quel est l’intérêt d’introduire de la visibilité dans sa supply chain ?
Plus un acteur est situé en aval de la chaine d’approvisionnement, plus il est dépendant de la non-qualité des opérations sur les maillons qui le précèdent.
R. HOURI | PROJECT44 T. FELFELI | ACTEOS F. PETITJEAN | DESCARTES C.HUNT, A.GOONTING et S. CHAKCHOUKI | ALPEGA A.CAYETANO | S2PWEB S. GERARD | TRANSPOREON J. BOUR | DDS LOGISTICS A.KHOBIZA | SAVOYE |
Disposer de visibilité sur ce que font ses partenaires amont et en particulier sur les risques de non-respect de l'OTIF lui permet d’adapter son organisation afin de limiter les impacts des aléas.
Par exemple, si l'usine est prévenue suffisamment tôt que son fournisseur est confronté à un problème de production ou à des retards de livraison, elle pourra trouver un sourcing alternatif, privilégier le lancement de programmes non tributaires de l’approvisionnement en question, etc.
Certains industriels vont encore plus loin en élargissant le périmètre de la visibilité au-delà de l’exécution. Ils considèrent que la planification peut également être optimisée en combinant les informations en rapport avec les prévisions dont chaque maillon de la chaine dispose.
Partager ses données avec ses partenaires favorise en effet le bon dimensionnement de l’organisation de chacun. C’est en particulier le cas dans le secteur du Retail. Ce sont évidemment les distributeurs qui connaissent le mieux le comportement des clients sur les différents magasins. Une remontée des informations vers l’amont de la chaine permet de sécuriser les niveaux de production de l'industriel et de réduire les délais de livraison.
La collaboration peut même aller pour le distributeur jusqu’à avertir un fournisseur habituel du lancement d’une campagne de promotion sur des produits concurrents de manière à ce que l’industriel ne se trouve pas dans une situation de surproduction.
Néanmoins, cet échange d’informations sur des aspects planification reste à mon sens encore trop limité. Les parties ont tendance à considérer qu’un certain nombre de données clés pour établir les prévisions sont stratégiques pour leur position concurrentielle et ne doivent donc pas être partagées en dehors de la société.
Finalement, la limite de l'échange d'information tient à la profondeur de la collaboration que les entreprises acceptent d'avoir avec leurs partenaires.
Quelles données partager et avec qui ?
À partir du moment où ils ont eux-mêmes un engagement fort vis-à-vis de leurs clients, tous les intervenants de la chaine ont intérêt à accorder de la visibilité à leurs partenaires.
Les rythmes d’échange et les modes de gestion diffèrent totalement selon que la visibilité porte sur des aspects exécution ou planification.
Dans le cas de l'exécution, il s’agit de partager en temps réel des données de manière récurrente.
Chaque évènement doit pouvoir être intégré dans le système avec l’objectif de vérifier si ce qui avait été prévu est bien respecté. Si un risque de non-respect de l’OTIF est identifié, une alerte peut être déclenchée.
L’échange de données en exécution peut également inclure la remontée des coordonnées du camion en charge de la livraison, nécessaires au calcul de l’ETA. Il devient alors possible d'accorder de la visibilité au destinataire sur l'heure de livraison prévue.
L’intérêt est particulièrement fort dans le domaine des produits frais. Les destinataires de la marchandise disposent dès lors des éléments leur permettant de décider en connaissance de cause s’il est préférable d’attendre la livraison effective du fournisseur avant de déclencher le départ camion vers les magasins. Le déploiement d’une visibilité fine de bout en bout favorise en outre le contrôle du respect de la chaine du froid par l’ensemble des acteurs.
D’autres secteurs trouvent des bénéfices différents à la mise en place de la visibilité. Par exemple, les entreprises qui produisent et distribuent des articles à forte valeur sont intéressées par un suivi de la marchandise tout au long de son parcours dans la chaine d’approvisionnement, quels que soient les acteurs qui la manipulent. Cela est rendu possible par la mise en place de traqueurs sur les moyens de transport et les supports de manutention.
Il devient en particulier possible d’identifier si un camion s'arrête trop longtemps là où il ne le devrait pas. Une alerte peut alors être déclenchée et le chauffeur contacté. Ces traqueurs facilitent donc clairement la lutte contre le vol. Je pense en particulier aux Beacons Bluetooth Low Energy qui nécessitent très peu d’énergie. La puce émet des données de géolocalisation pendant des années sans avoir à passer à travers un portail ou être lue par un terminal.
Dans le cas de la planification, la fréquence des échanges est plus faible. Il s’agit donc plutôt de faire remonter des données en rapport avec les prévisions et les capacités de production.
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Quels ont été jusqu’à présent les acteurs moteurs dans la mise en place de la visibilité supply chain ?
À l'origine, la visibilité a connu d’importants déploiements chez les grands industriels alimentaires américains qui s’approvisionnaient sur plusieurs continents. La question des délais de livraison était majeure au regard des risques de mise à l'arrêt de leurs usines en cas de retard, en particulier dans le cas du recours au maritime, mode sur lequel leur ampleur peut se compter en semaines.
Ils avaient donc besoin de mettre sous contrôle les opérations de leurs fournisseurs et de leurs transporteurs. Les tronçons maritimes étaient bien sûr concernés, mais les relevages routiers également afin de ne pas exclure du radar les flux entre les ports et les usines.
Ensuite, une fois l'amont sécurisé, ce sont les besoins des distributeurs qui ont été intégrés à ces projets. Ceux-ci souhaitant réduire leurs niveaux de stocks, ils ne pouvaient le faire qu’en s’assurant de la fiabilité de leurs fournisseurs en termes de respect des délais et des quantités. Les industriels ayant déjà de leur côté mis en place la visibilité avec leurs propres fournisseurs, il était somme toute légitime qu’ils acceptent d’offrir le même type de service à leurs clients.
Ce sont finalement les transporteurs qui ont été plus durs à embarquer. Ce sont en effet généralement des acteurs de tailles plus modestes et l’effort qui leur incombe ne peut dans les faits être répercuté dans leurs tarifs de vente alors même qu’ils ont déjà des marges très faibles.
Le modèle économique du déploiement de la visibilité supply chain n'est donc pas toujours simple à trouver. Chaque acteur est assez peu enclin à en répercuter les coûts sur ses clients et ne souhaite pas non plus se lancer dans de lourds investissements.
Dans ce contexte, les éditeurs de systèmes d'informations n’ont pas le choix. Ils doivent viser le volume en proposant des solutions peu onéreuses.
Les transporteurs peuvent-ils néanmoins tirer des bénéfices opérationnels de la mise en place de la visibilité ?
Disposer d’une vision claire du déroulement des livraisons peut leur permettre de challenger une partie des pénalités réclamées par les donneurs d’ordre. Néanmoins, cela nécessite une analyse et les outils adéquats. Le simple fait de partager la donnée n’est pas suffisant pour pouvoir y parvenir.
Une autre difficulté tient au fait que la tâche est susceptible d’être répétée autant de fois que le transporteur a de clients lui demandant de fournir ce service de remontée d’informations.
Heureusement, certains éditeurs très présents auprès des prestataires proposent des plateformes qui simplifient les interfaces avec les systèmes d’informations des chargeurs en créant des connecteurs avec leurs TMS. Les transporteurs n’ont ainsi plus besoin de se connecter à autant de systèmes qu’ils ont de clients.
C'est la raison pour laquelle, un éditeur comme Generix qui s'adresse plutôt aux chargeurs développe des passerelles avec ces solutions de tracking dédiés aux transporteurs. Cela permet de s’affranchir de la mise en place de connexions coûteuses et d’une maintenance lourde.
Que propose Generix en termes de visibilité supply chain ?
Nous avons conçu la solution Supply Chain Visibility pour nos clients chargeurs utilisateurs de WMS et TMS. L’objectif est de mettre sous contrôle leurs flux et leurs opérations logistiques.
Je peux vous citer plusieurs cas d’usage :
- Avec l'Order Tracking, nous permettons à nos clients de bénéficier d’un suivi complet des commandes sur l’ensemble des maillons de la supply chain.
Sur le volet transport, la solution collecte les données de tracking depuis les systèmes des transporteurs grâce au développement de connecteurs avec des solutions spécialisées comme Transics (Télématique embarquée), GedMouv (traçabilité des expéditions) ou Shippeo (plateforme de visibilité transport en temps réel).
Sur le volet entrepôt, la solution permet d'accorder de la visibilité sur les opérations logistiques. Les entreprises peuvent s’assurer que la préparation de la commande a bien été lancée, que la marchandise a bien été chargée, etc.
L’Order Tracking entre donc pleinement dans le cadre de la visibilité supply chain.
- La relation entre le chargeur et ses transporteurs est digitalisée. Une demande de prise en charge de la marchandise est adressée au transporteur, celui-ci accepte ou décline l’ordre. En cas d’accord, les documents lui sont transmis, les éventuels aléas peuvent être déclarés, la préfacturation est envoyée, etc. On touche là plutôt à des aspects de collaboration.
- Les prestataires logistiques utilisateurs de notre WMS peuvent fournir de la visibilité en temps réel à leurs donneurs d’ordre sur ce qui se passe dans l’entrepôt (entrées, sorties, préparation...). L’industriel sera ainsi en mesure de déterminer s’il peut promettre la marchandise à son client. Ce sera en particulier le cas s’il voit que le produit en question est en stock ou en cours de réception dans l’entrepôt de son prestataire. L'information peut également aller de l’industriel vers le prestataire. Celui-ci peut créer une référence, saisir un ordre d'approvisionnement qui va être intégré dans le WMS du prestataire logistique pour exécution sans forcément passer par les interfaces, etc. Ce dernier cas d’usage combine ainsi visibilité et collaboration.
Quelles évolutions en termes de visibilité vous paraissent envisageables dans les prochaines années ?
L’Intelligence Artificielle, sujet sur lequel Generix consent d’importants efforts, ouvre de nouveaux champs d’application à la visibilité supply chain.
Je pense en particulier à l’identification des risques géopolitiques ou sanitaires en mesure d’impacter l'approvisionnement des usines ou des entrepôts à partir d’algorithmes de prédiction et de projection des conséquences d'un évènement. Pour alimenter ces modèles, il sera néanmoins nécessaire d’organiser la remontée de données issues du terrain.
Prenons l’exemple de la Covid. Au début de la crise, toutes les entreprises qui utilisaient des fournisseurs chinois les appelaient pour savoir où en était réellement la montée du virus dans les villes dans lesquelles ils avaient leurs usines. Il n’était pas question de se contenter des informations disponibles dans les journaux.
Au lieu d’essayer de se renseigner en utilisant l’e-mail ou le téléphone, la création d’espaces normalisés devrait permettre une remontée d’informations plus régulière alimentant des algorithmes prédictifs, en mesure de détecter la combinaison de signaux faibles, de facteurs attestant les risques de survenance prochaine d’une crise.
Les moyens pour parvenir à un tel modèle existent déjà.
Pour aller plus loin
- Consultez les autres entretiens accordés dans le cadre de ce dossier.
- Consultez les autres dossiers de FAQ Logistique en rapport avec la visibilité supply chain.
- Retrouvez dans notre répertoire Supply Chain: les plateformes collaboratives, les solutions de visibilité (ETA, Suivi de livraison, Rendez-Vous, Preuve de livraison...), etc.
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Bio Express
Isabelle BADOC est titulaire d’un Mastère Spécialisé « Intelligence Marketing » obtenu à HEC en 1997 et diplômée depuis 2015 d’un MBA Global & Domestic Transport Management de l’E.S.T. Elle démarre sa carrière en 1998 chez Influe en tant qu’ingénieure commerciale sur la solution de Gestion Partagée des Approvisionnements puis est en charge du développement du marketing produit. En tant que Product Marketing Manager, sa mission consiste à définir la stratégie marketing produit de la plateforme collaborative Generix Supply Chain Hub, de l’animer et de la valoriser auprès des marchés cibles. Elle participe également activement en France aux rencontres de l’Agora Clubs ou de l’ASLOG.
Site Internet de Generix : www.generixgroup.com