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"La visibilité, clé de la performance supply chain"

INTERVIEW

‘‘Les chaines de transport sont devenues moins prédictibles’’
J. BOUR, DDS LOGISTICS


Jérôme BOUR, PDG de DDS LogisticsInterview de Jérôme BOUR, PDG de DDS Logistics
Réalisée le vendredi 18 septembre 2020 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « La visibilité, clé de la performance supply chain ».


Comment définir la visibilité supply chain ?

La première attente de l'ensemble des acteurs de la chaine d’approvisionnement est de pouvoir contrôler le bon déroulement des opérations sur les jalons que sont le chargement, les transbordements, la livraison, etc. La visibilité supply chain permet justement de suivre les évènements clés sur ces différents jalons.

  Autres contributions

R. HOURI | PROJECT44
‘‘ Une solution de visibilité transport multimodale et globale pour mettre sous contrôle sa Supply Chain ’’

I. BADOC | GENERIX
‘‘ La limite de l'échange d'information tient à la profondeur de la collaboration ’’

T. FELFELI | ACTEOS
‘‘ S'assurer que la promesse client est bien tenue grâce à une supply chain irréprochable ’’

F. PETITJEAN | DESCARTES
‘‘ Les projets de visibilité sont généralement drivés par les clients ’’

C.HUNT, A.GOONTING et S. CHAKCHOUKI | ALPEGA
‘‘ Décloisonner l’information et la diffuser à l’ensemble des partenaires ’’

A.CAYETANO | S2PWEB
‘‘ Un accès centralisé aux informations pour piloter au mieux sa supply chain  ’’

S. GERARD | TRANSPOREON
‘‘ La visibilité transport n’est plus un ‘nice to have’, mais une nécessité ’’

A.KHOBIZA | SAVOYE
‘‘ Une vision 360° des stocks pour tenir la promesse client et un tracking transport pour améliorer la performance de livraison  ’’

Trois niveaux sont concernés :

  1. La visibilité des moyens de transport.
  2. Le suivi des expéditions.
  3. Le suivi des produits associés à une commande.

La combinaison de ces niveaux peut s’apparenter aux poupées russes. La poupée du dessus étant le moyen de transport, celle du milieu l’expédition et celle du dessous le produit. La difficulté tient au fait que l’on change plusieurs fois la poupée du dessus lorsque le schéma de transport requiert l’utilisation de plusieurs tronçons successifs.

On parle aujourd’hui beaucoup de l’aspect visibilité des moyens de transport alors que ce qui importe réellement n’est pas de savoir si le camion se trouve à Chalon-sur-Saône au lieu d'être à Beaune, mais plutôt :

  • De vérifier que les points de passage ont bien été respectés.
  • De s’assurer que la livraison du client sera conforme à l’ETA annoncée.
  • De pouvoir répondre à un approvisionneur (sur un flux amont) ou à un client (sur un flux aval) sur l’état d’avancement du traitement logistique de sa commande.
  • Etc.

Les liens entre les différents niveaux doivent être permanents. Encore faut-il bien définir quelles sont les données à partager et avec qui les partager.

La réponse à ces questions varie selon le niveau d’information. Un industriel ou un distributeur communiqueront avec leurs fournisseurs et clients sur un niveau produit. L’équipe transport échangera pour sa part avec ses prestataires au niveau expédition et demandera dans certains cas également une certaine visibilité sur le niveau moyen de transport.

L’information de base provient du transporteur de la marchandise, mais un travail de retraitement, d’agrégation et de filtrage doit être réalisé avant qu’elle ne soit restituée aux clients. Par exemple, si ceux-ci achètent de la marchandise rendue, ils n’ont pas à être informés que le camion ne se trouve pas au bon endroit au bon moment.

Se pose d’ailleurs la question de la responsabilité d’une entreprise qui disposerait des moyens de suivre l’activité du chauffeur de son transporteur dans le cas où celui-ci provoque un accident alors qu’il ne respectait pas les limitations de vitesse ou les durées légales de conduite.
C’est la raison pour laquelle dans notre solution Join2Ship nous limitons la vision accordée aux chargeurs à la dernière position des véhicules.




Quels sont les principaux enjeux associés à la visibilité Supply Chain ?

D’abord le transport est enfin considéré comme un élément d'amélioration du positionnement concurrentiel. Or les fortes perturbations subies au premier semestre 2020 ont clairement mis en exergue la prise de conscience du risque associé au maillon transport, en particulier sur l’amont des chaines d’approvisionnement.

Un industriel qui ne reçoit pas les composants ou les matières dont ont besoin ses usines n’est pas en mesure de livrer ses clients et met donc en péril son business. Or on assiste actuellement à une forte volatilité des chaines de transport, quels que soient les modes utilisés. La route et encore plus l'aérien restent perturbés tandis que le maritime opère un changement de politique en « déshabillant » au fur et à mesure ses lignes régulières au profit d’une offre orientée spot.

Les chaines de transport sont donc devenues moins prédictibles qu'elles ne l'étaient il y a encore un an.

Dans ce contexte, la visibilité est en quelque sorte la face émergée de l'iceberg transport.

Sur l’aval, cette prise de conscience avait déjà eu lieu depuis quelques années. Les entreprises considèrent désormais que le bon déroulement de la livraison et la visibilité font partie intégrante de l’expérience client. La tendance s’accélère néanmoins et aujourd'hui, même les entreprises dans un modèle Business to Small Business (livraison des artisans, coiffeurs, etc.) sont concernées avec des niveaux d’attente de leur clientèle équivalents au e-commerce. Être en mesure de se différencier sur ce sujet est un élément de compétitivité.

Ensuite, la visibilité est un moyen pour les industriels et les distributeurs de favoriser leur politique de réduction des stocks. Encore faut-il qu'ils disposent de certitude sur ce qu’ils vont recevoir.

Enfin, la visibilité en apportant de la fluidité et en permettant aux équipes logistiques de mieux s’organiser contribue également fortement à la réduction des temps d’attente associés aux opérations de chargement et de déchargement. On touche là à un bénéfice économique bien sûr, mais aussi à la prévention du risque de voir des transporteurs se désengager le jour où le marché fera face à une situation de pénurie.


Comment mettre en place le partage d'informations avec ses partenaires supply chain ?

Cette mise en œuvre suppose d'intégrer des acteurs très disparates. Deux écosystèmes doivent en fait être embarqués :

  • En amont, les prestataires et les fournisseurs
  • En aval, les destinataires et les clients

Les approches sont assez différentes. D’autant plus que le monde des prestataires est assez hétérogène. Ce n’est pas la même histoire de collaborer avec Geodis ou avec un transporteur qui a trois camions.

L’embarquement de l’écosystème doit être mené comme un projet en tant que tel. Les gains pour les différents acteurs doivent clairement être identifiés, les niveaux de service des flux d'information et les attentes mises à plat.
Prenons le cas des transporteurs. Le chargeur leur achète une prestation qui comprend au-delà de l’opération physique, un volet précis sur l'information à partager à laquelle est associée une fréquence. Pour les transporteurs, le bénéfice est par exemple que le client peut leur garantir des temps d’attente limités. Le site logistique aura en effet pu planifier au mieux ses réceptions sur la base des informations reçues.
Il s’agit ensuite de suivre la bonne réalisation des engagements de chacun.

Néanmoins, les donneurs d’ordre doivent bien avoir conscience qu’il conviendra de s'adapter aux capacités des différents transporteurs. Nous conseillons ainsi aux chargeurs de proposer à leurs transporteurs une panoplie de moyens pour remplir les objectifs qui leur sont assignés en termes de remontée d'informations.

Les principaux acteurs du marché ayant déjà l'information dans leurs systèmes, l’EDI ou la mise en place d’API sont à privilégier. Néanmoins, les acteurs plus modestes n’ont pas les mêmes capacités et ressources informatiques et il convient dès lors de leur proposer des moyens plus simples (mobile, application web...).

Comment impliquer son écosystème pour réussir sa digitalisation transport ?

Revisionnez le webinar DDS Logistics

Jérôme Bour (PDG) et Karine SEHILI (Ingénieur d’affaires) partagent les clés du succès d’une bonne collaboration entre les différents acteurs.
Au programme :
- Pourquoi est-il important et complexe d’impliquer son écosystème ?
- Les conseils pour fédérer son écosystème autour de son projet
- Des bénéfices pour tous


Quels sont les risques associés à la mise en place d'un partage des données ?

Sur le long terme, cela est forcément bénéfique. Sans élément objectif de mesure de la qualité de service d’un transporteur vis-à-vis de son donneur d’ordre ou d’un fournisseur vis-à-vis de son client, l’appréciation de la performance dépendra inévitablement de la perception du dernier moment et sera donc erronée.

La visibilité est le point de départ de cette mesure. Elle permet d'objectiver et de mettre en place des plans d'action.

Le véritable risque est celui que j’évoquais en début d’entretien, à savoir prendre pour le donneur d’ordre des responsabilités qui ne devraient pas être les siennes, s’il pousse la visibilité à disposer des moyens de contrôler l’activité du chauffeur de son transporteur.


Avec la visibilité, les réunions de pilotage sont-elles encore nécessaires ?

La mise en place de la visibilité ne peut se substituer aux réunions de pilotage. Elle en améliore cependant l'utilité.
En effet, les indicateurs de performance seront calculés automatiquement sur la base de données partagées. La teneur des réunions va donc changer dans le sens où elles ne seront plus consacrées à batailler pour aller chercher la donnée ou comparer les ratios de taux de service, mais au contraire dédiées à l’élaboration des plans d'actions.


Comment la visibilité est-elle intégrée dans les offres de DDS Logistics ?

Le sujet de la visibilité est un élément central dans notre offre. Au sein de nos TMS il est intégré au même titre que l’efficacité opérationnelle ou la gestion des coûts.

La visibilité est ainsi traitée dans nos TMS à plusieurs niveaux :

  • Nous agrégeons les informations issues d’un ensemble de sources (applications mobiles, systèmes télématiques des transporteurs, capteurs IoT, portails collaboratifs, plateformes « publiques » en particulier pour la traçabilité des navires, etc.).
  • Nous sommes en mesure de partager l’information avec l'écosystème du chargeur (clients, fournisseurs, etc.).
  • Nous mettons la donnée de visibilité en perspective. À travers des principes d'alerte, de traitement par exception. L’écart avec la prévision est remonté pour donner les moyens au chargeur de lancer les actions correctrices : replanification de rendez-vous, switch sur de l'aérien dans le cas d'un embarquement maritime raté, etc. Des scénarios alternatifs peuvent même être établis : « Si les facteurs A et B sont combinés, déclencher l’action ». Par exemple, si le transporteur affrété n'a pas répondu sous deux heures à l’appel de moyens et que la commande est urgente, certains de nos clients définissent l'action automatique de le désaffréter, d'en choisir un autre dans la liste et de relancer le process.
    Une autre approche consiste au contraire à ne pas aller au-delà de l’identification du dysfonctionnement et à laisser les opérateurs prendre la main sur la résolution du problème.

Ensuite, pour les acteurs qui n’ont pas aujourd’hui la taille suffisante pour s’équiper d’un TMS, nous avons fait le choix d’adresser leurs besoins en visibilité des flux routiers à travers notre plateforme collaborative transport Join2ship. Celle-ci leur permet d’une part de digitaliser les process avec leurs prestataires et d’autre part de partager des données de visibilité avec leurs clients.


Pourriez-vous citer des projets que vous avez menés en rapport avec la visibilité ?

Je vais vous présenter deux cas clients.

Rémy Martin est une grande maison de Cognac. L’entreprise ne disposait pas de visibilité sur ce qu'ils recevaient de leurs fournisseurs, les achats étant « rendus ».

Elle a donc décidé de déployer Join2ship pour obtenir cette visibilité en associant ses fournisseurs et leurs transporteurs. La solution a été connectée au planning de rendez-vous.

Les principaux bénéfices ont été :

  • La mise à jour du planning des rendez-vous en fonction de l’état d’avancement de la livraison.
  • Un meilleur dimensionnement des équipes à la réception.
  • Une meilleure sécurité au regard du stockage des arrivages, dans la mesure où les réceptions sont lissées et où l’information sur l’entrée imminente des produits sur site est disponible.

Une gestion du changement associant les fournisseurs et leurs transporteurs a donc dû être menée.
Une panoplie de moyens a été proposée aux transporteurs (mobile, site web, etc.) pour remonter l’information.

Consultez le témoignage de la maison Rémy Martin sur la mise en place de Join2ship.

Un industriel dans le secteur du BTP déjà utilisateur de notre TMS DDS Shipper a lancé un projet complémentaire pour offrir de la visibilité à des clients très variés :

  • Des grands acteurs de la distribution avec des plateformes GMS livrés par camions complets sur des créneaux fixes avec des pénalités appliquées en cas de retard.
  • Des points disparates (typiquement des chantiers) avec des livraisons unitaires.

L’entreprise était confrontée à un important enjeu de satisfaction client. Le service client recevait de nombreux appels pour savoir où était la marchandise et si elle allait bien être livrée dans les temps.

Le bénéfice de la mise en place de la solution a donc été à la fois de rassurer les destinataires en leur poussant automatiquement l’information et de soulager les opérateurs qui n’ont plus besoin de consacrer du temps à aller à la recherche d'information. Ils sont donc plus productifs et peuvent se concentrer sur le traitement des problèmes.


Pour aller plus loin


Bio Express

Jérôme BOUR a pris la Direction de DDS Logistics en 2000, leader du TMS. Il a auparavant occupé les postes de Directeur Informatique du Groupe DAHER, de Responsable de l’organisation et des systèmes opérationnels chez DHL et de Consultant chez Ernst & Young.

Site Internet de DDS Logistics : www.ddslogistics.com


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