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INTERVIEW
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‘‘ PTV souhaite remettre en cause certains paradigmes dans le domaine de la logistique urbaine ’’ M.DALBARD, PTV
Interview de Marc DALBARD, Strategic Business Development chez PTV Group.
Réalisée le 26/02/2019 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « Supply Chain : quelles innovations en 2019 ? »
Quelle place accorde PTV à l’innovation ?
PTV travaille depuis 40 ans sur les sujets de l’optimisation de tournées et du calcul d’itinéraires.
L.GOURDON | GRN Logistic / SSI SCHÄFER G.DWARIKA | GEFCO E.RAYNAUD | A-SIS J. BOUR | DDS LOGISTICS P.HENRION | BOA CONCEPT F.BIESBROUCK | BK SYSTEMES M.HARIK | XPO LOGISTICS |
Nos solutions sont continuellement améliorées sur la base « d’innovations discrètes » plutôt que de rupture. Toutes les modifications apportées au cours des années et des nouvelles versions nous ont permis d'offrir au marché une solution de référence.
Ainsi, si on comparait les résultats proposés par la version actuelle de notre logiciel d'optimisation de tournées à ceux de la version que nous proposions il y a à peine 5 ans, d’importantes améliorations seraient mises en évidence.
Ces différentes évolutions sont issues de réflexions que nous pouvons mener à travers :
- La participation de notre département de recherche à un important nombre de consortiums internationaux et de groupes de travail européens en particulier au sujet de la mobilité et de la logistique.
- La veille de nos équipes d’ingénieurs sur les nouvelles technologies. À Karlsruhe, ils sont près de 300 à développer nos outils. Passionnés de technologies, ils sont à l’affût des nouveautés. Cela leur permet d’identifier de nouvelles opportunités à intégrer.
- L’écoute de nos clients. Ceux-ci représentent d’ailleurs notre principale source d’innovation. Les utilisateurs cherchent continuellement à pousser plus loin nos solutions. Nombre de nouvelles fonctionnalités sont ainsi issues des demandes qu’ils ont pu nous formuler. C’est en particulier le cas de notre module d’heure estimée d'arrivée (PTV Drive & Arrive). Les clients nous ont réclamé une solution en mesure de leur fournir une information fiable leur permettant de ne pas ralentir leurs processus logistiques en cas de retard non identifié. Avec PTV Drive & Arrive, il est ainsi possible d’anticiper et d’adapter son organisation. Par exemple, l’identification d’un retard pour une typologie de produits ne doit pas empêcher de faire partir un camion vers ses magasins même si celui-ci ne contient pas l’ensemble des produits initialement prévus. Les articles manquants peuvent faire l’objet d’une livraison complémentaire, une fois la marchandise reçue en entrepôt.
Existe-t-il des pratiques de startups dont il vous semble pertinent de vous inspirer ?
La force de certaines startups est d’avoir su et pu s’affranchir des processus existants en partant d’une page blanche.
C’est en particulier le cas de nouveaux acteurs qui interviennent dans les domaines de la commission de transport et de la traçabilité. Cela tient d’ailleurs souvent au fait que leurs fondateurs ne sont pas eux même issus du métier.
Ces jeunes diplômés ne raisonnent donc pas sur les modèles supply chain qui sont les nôtres depuis des décennies.
C’est selon moi, une caractéristique intéressante dans la mesure où elle permet de ne pas se contraindre à des configurations trop figées. Il peut donc clairement être pertinent de s’en inspirer.
Chez PTV, nous souhaitons d’ailleurs également remettre en cause certains paradigmes. En particulier dans le domaine de la logistique urbaine.
Dites-nous-en plus…
La logistique urbaine est un sujet sur lequel il est urgent d’apporter les bonnes réponses.
Entre une concentration de population toujours plus forte et la croissance continue du commerce, il n’est plus envisageable de rester sur des schémas classiques de livraison. La situation à laquelle sont arrivées les grandes métropoles est déjà préoccupante alors même qu’un nombre toujours plus important de commandes seront à honorer dans les prochaines années.
Les États-Unis devraient par exemple enregistrer un doublement du nombre de colis à distribuer dans la prochaine décennie.
La réponse est bien entendu avant tout politique. Des choix forts devront être pris pas nos Dirigeants.
Néanmoins, un certain nombre d’innovations supply chain devraient permettre de contribuer à améliorer la situation.
Que faire justement pour construire des modèles de distribution urbaine durable ?
Pour répondre à cette question, il me semble qu’il peut être intéressant d’évoquer les différentes parties prenantes concernées par le déplacement des marchandises en ville.
- Au niveau des infrastructures, des choix sont à effectuer par les Collectivités concernant l'utilisation de la voirie, le partage du foncier, le partage temporel, etc. Avant de valider des décisions, des scénarios doivent être modélisés, par exemple pour déterminer les impacts de l’autorisation ou de l’interdiction de circulation d’une typologie de véhicules sur certaines zones et/ou plages horaires.
- Au niveau des opérateurs de transport, un focus doit être fait sur les data. Sans système élaboré de collecte, d’organisation et d’analyse de données, les possibilités sont vite limitées en termes d'optimisation et de mutualisation, de choix de mode ou de véhicules. En particulier dans le cas où des opérateurs intégreraient de l'utilitaire et des véhicules à traction électrique et humaines. Dans les dernières années, des initiatives de livraison douce que l’on pensait pourtant vouées à l'échec ont par exemple abouti à des solutions extraordinaires, ne serait-ce que par le matériel qui est employé (vélo à assistance électrique, triporteurs, remorques intelligentes, etc.). Désormais, au-delà du colis, il est possible de transporter une palette de plusieurs centaines de kilos.
- Au niveau des donneurs d'ordre, une prise de conscience sur les contraintes de mobilité des marchandises est nécessaire. Sans pour autant renoncer aux innovations marketing, une surenchère aveugle sur la réduction des délais de livraison n’est plus réaliste.
Ces différentes parties prenantes doivent en fait pouvoir s’appuyer sur des éditeurs de solutions de simulation tels que PTV. Il s’agit de mettre à disposition des acteurs des outils d'aide à la décision intégrant l’ensemble des paramètres, contraintes et moyens pour fournir des scénarios en mesure d’éclairer les choix. L’intelligence artificielle devrait d’ailleurs permettre d’améliorer grandement la performance des solutions de ce type.
Sur la partie infrastructures, le sujet de la comodalité semble prometteur. Pourriez-vous dans un premier temps nous rappeler de quoi il s’agit ?
La comodalité consiste à faire profiter le transport de marchandises des infrastructures de transport destinées aux voyageurs.
C’est un sujet sur lequel nous travaillons avec nos collègues allemands et qui pourrait en effet prochainement donner lieu à d’importantes innovations.
Nous considérons qu’il n’est plus aujourd'hui envisageable de dissocier mobilité des personnes et des marchandises et réciproquement. Le sujet commence à rentrer dans l'esprit d'un certain nombre de décideurs, mais beaucoup de travail reste encore à être effectué.
Plusieurs pistes existent :
- Utiliser l'infrastructure existante pour faire circuler des marchandises. Un test de tram fret a par exemple été mené à Saint-Etienne. Entre deux rames de voyageurs, une rame logistique était utilisée pour livrer des magasins.
- Consacrer une partie du moyen de transport au fret. De tels exemples existent en Suisse. Dans des trains de voyageurs régionaux, un wagon de fret est accroché aux wagons de voyageurs. Sur certaines stations, il est possible de déposer et de récupérer des colis dans ce wagon.
- Etc.
Néanmoins sur le sujet de la logistique urbaine de nombreuses autres pistes existent.
Nous avançons en particulier sur le sujet des flottes de véhicules partagés. Nous avons à cet effet développé une suite de logiciel MaaS (Mobility as a Service) qui permet d'aller de la modélisation à l'opération de telles flottes.
Cette solution est déjà utilisée par des opérateurs. Nous avons également construit un prototype permettant d'estimer les gains du partage de véhicules de transport : les coffres des taxis, des véhicules en mesure de combiner le transport de passager et de colis, etc.
Des simulations ont donc été réalisées pour déterminer les gains en termes de potentiel de réduction de trafic, de diminution des externalités et de viabilité économique du business model.
Nous nous sommes en particulier basés sur les données de certaines villes françaises et européennes. L’idée est de tester ce qui pourrait être fait et de déterminer si les options étudiées pourraient réellement se traduire par une solution opérationnellement pertinente.
Ces sujets s’inscrivent plutôt sur de l’innovation de rupture. Pour prendre la mesure, de ces enjeux, nous visons d’ailleurs désormais à fusionner nos deux divisions, l’une étant dédiée au transport de personnes et l’autre au transport de marchandises.
Le machine learning peut-il vous aider à améliorer la pertinence de vos solutions ?
Nous travaillons en effet sur le sujet. PTV Drive & Arrive, notre solution d’estimation d’heure d’arrivée est en particulier concernée. Désormais complètement intégré dans notre solution de calcul d'itinéraires, de navigation et d'optimisation de tournées, le système est en mesure d’affiner la précision de ses estimations en apprenant au fur et à mesure des livraisons et des cas de figure rencontrés.
L’objectif est d’aller au-delà de la communication du positionnement géographique du véhicule au destinataire. Je l’évoquais tout à l’heure, pour celui-ci, l’important est finalement de savoir à quelle heure le chargement va arriver. Il pourra ainsi optimiser son organisation : calibrer son cross docking, alimenter son usine, planifier la mise en rayon des produits en magasins, etc.
Le B2C est-il également éligible à l’utilisation de PTV Drive & Arrive ? Les clients finaux peuvent-ils eux aussi bénéficier de cette information ?
Il n'existe pas de freins techniques pour qu’ils puissent en profiter. Certaines entreprises dans le domaine de la distribution de colis utilisent déjà les fonctions de notification pour informer les destinataires du créneau auquel le livreur se présentera à leur domicile.
Nous incitons cependant les sociétés à rester prudentes. Dire trop en amont à quelle heure le livreur arrivera, c'est risqué de s'exposer à une grande frustration des destinataires au vu des différents aléas auxquels le transport peut être confronté. Dans une tournée, le retard peut en effet intervenir jusqu’au dernier moment. L’aléa peut en particulier survenir pendant la livraison du destinataire précédent.
Si un niveau d’information trop fin lui est communiqué, le client ne comprendra pas que la prévision ne soit pas précisément respectée. On se trouve alors devant le risque d’une promesse déceptive.
C’est pourquoi nous conseillons plutôt aux sociétés de n’affiner le créneau de livraison pour leurs clients particuliers qu’au moment où le camion est parti pour sa destination, c’est-à-dire qu’il ne reste pas de livraison intermédiaire à réaliser, sauf à être en mesure de mesurer précisément le temps nécessaire à chaque arrêt.
Vous évoquiez en début d’entretien des groupes de travail auxquels vous collaboriez, pouvez-vous nous les présenter ?
Nous participons à nombre de projets de recherche visant à apporter des solutions aux enjeux de la mobilité. Je peux en particulier vous citer :
- Aeolix pour une meilleure interopérabilité entre les différents systèmes d’informations utilisés par les acteurs.
- Best Fact pour le développement de bonnes pratiques dans le domaine du transport de fret.
- LaMiLo pour inclure les problématiques de dernier kilomètre par une meilleure utilisation des infrastructures et réseaux existants afin de réduire les externalités négatives du transport de distribution.
- iHub pour développer une plateforme informatique mobile permettant aux prestataires logistiques de développer l’utilisation des moyens de livraison électriques.
- Clusters 2.0 pour le développement de l'Internet physique.
- Etc.
Par définition, ces groupes de travail associent différentes parties prenantes (y compris certains de nos confrères éditeurs). L’objectif est en effet de définir conjointement les conditions pour la mise en place de solutions globalement optimales.
Comment vous assurez-vous que vos innovations répondent bien aux besoins de vos clients ?
C’est un point clé qui a d’ailleurs en partie motivé l’évolution que nous avons souhaité apporter à l’organisation de la filiale française de PTV il y a un an. Il s’agissait de nous rapprocher encore plus de nos clients.
Notre département Customer Care compte ainsi des chargés de comptes qui collaborent avec nos clients non pas uniquement pour mettre en œuvre ce qui a été vendu, mais également pour s’assurer d’un contact régulier. L’objectif est faire le point sur les nouvelles fonctionnalités, les produits complémentaires et la façon de mieux utiliser nos solutions.
C'est au cours de ces rendez-vous que les clients expriment généralement leurs besoins. En particulier un certain nombre de "gros utilisateurs" poussent très loin l'optimisation de tournées. Nous sommes en contact avec eux toutes les semaines. Ils ont bien compris que nous étions en capacité d'apporter les innovations qui leur permettront d’améliorer leurs performances. C’est pourquoi ils partagent avec nous leurs problématiques et n’hésitent pas à nous challenger.
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Bio Express
Marc DALBARD rejoint Loxane en 2005 au moment de la fusion avec PTV pour organiser cette fusion au niveau produit. Il avait auparavant évolué dans les secteurs de l’automobile, du retail et des nouvelles technologies. En charge du marketing produit de l’éditeur et des relations avec la maison mère allemande de 2013 à 2016, il a rejoint en 2017 l'équipe Développement Stratégique pour la division PTV Logistics.
Site Internet de PTV Group : www.ptvgroup.com