ID Logistics : le tout premier CCC
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21/02/2011
C'est ID Logistics qui dans son entrepôt de Cavaillon a ouvert en 2005 le premier Centre de Consolidation et de Collaboration (CCC) pour Carrefour. Bilan, cinq années plus tard !
Pour Éric Hemar, président de ID Logistics, « la Supply Chain est collaborative par nature puisque son objectif est de suivre un colis tout le long d'une chaîne, afin de parvenir au destinataire final. Inévitablement, les différents acteurs doivent collaborer pour y parvenir ». Alors, pourquoi la collaboration est-elle mise en avant aujourd'hui ? « Les différents acteurs ont compris que, pour améliorer cette chaîne, ils devaient travailler ensemble ».
Il y a une quinzaine d'années, entre l'industriel qui produisait et le distributeur qui distribuait, la chaîne était très segmentée. Les acteurs n'avaient pas intérêt à collaborer. Mais le cadre législatif a évolué. La pression économique s'est faite de plus en plus forte. L'élément collaboratif est devenu de plus en plus important. « Il a pris deux dimensions, sachant qu'une troisième va arriver », commente Éric Hemar.
La première dimension est verticale et concerne plutôt les grands industriels : nombre d'entre eux ont essayé d'établir avec leurs clients distributeurs des organisations de flux plus tendus pour éviter la multiplication d'entrepôts, donc de stocks générateurs d'une chaîne à la fois longue et coûteuse. « On en voit les conséquences dans les produits prêts à vendre, donnant aux rayons un aspect marchand » poursuit notre hôte. « Ce sont des produits faciles d'accès, des produits immédiatement repérables... Le client grand distributeur définit exactement avec son fournisseur industriel, le contenu et le format du support prêt à vendre ».
Le produit part de l'entrepôt industriel vers les dépôts de Carrefour, Auchan... Cross-docking ou passage à quai dans le dépôt distributeur sans être mis en stock, pour être directement dirigé vers les magasins. « C'est là une tendance lourde », insiste Éric Hemar : « on voit de plus en plus de distributeurs ayant des exigences bien précises sur la forme de la palette qu'ils veulent recevoir, sur sa hauteur... Des produits formatés dans le dépôt industriel. Pour quel objectif ? Pouvoir les orienter directement vers le magasin ».
La seconde dimension est horizontale et collaborative. Elle s'adresse plutôt à des industriels de taille moyenne ou petite qui n'ont pas la capacité de payer du transport à la palette, et pour lesquels se mettent en place des solutions ayant pour objectif de constituer des camions complets du début jusqu'à la fin de la chaîne. Mais ces industriels pris isolément n'ont pas de volumes suffisants pour constituer des camions complets : ils se regroupent dans les Centres de Consolidation et de Collaboration.
La 3e dimension n'existe pas vraiment encore, mais elle pourrait voir le jour dans les prochains mois ou les prochaines années : c'est la collaboration entre grands distributeurs. « Il n'est pas aberrant de penser qu'un jour, compte tenu de considérations de développement durable, ces Centres de Consolidation et de Collaboration ne travailleront pas pour un client unique, Carrefour en l'occurrence, mais aussi pour Auchan, Casino... » avance Éric Hemar.
Retour sur l'année 2005
« Mon entreprise a été retenue en 2005 par Carrefour dans le cadre du projet pilote de Centre de Consolidation et de Collaboration », se remémore Éric Hemar pour qui, « il s'avérait que certaines PME/PMI performantes en production, étaient confrontées de par leur taille ou leur positionnement géographique, à des problèmes logistiques. Elles étaient en rupture sur nombre de leurs produits ». Comment leur apporter une solution clé en mains ? Le choix de Cavaillon pour le premier Centre de Consolidation n'était pas dû au hasard : cette ville du sud de la France, était au rendez-vous de produits en provenance d'Espagne et d'Italie.
« Nous avions là une plate-forme de 30 000 m² pour le stockage et la distribution de produits alimentaires. Carrefour décidait, dans le cadre d'une réorganisation de ses flux, de concentrer le stock alimentaire à Brignoles, et de regrouper à Cavaillon des produits de parfumerie. Mais la parfumerie ne remplissait que la moitié du bâtiment », narre Éric Hemar.
Telle fut la genèse du pilote de CCC lancé par Carrefour en septembre 2005 : on était en présence de PME/PMI dont la Supply Chain laissait à désirer, de fournisseurs européens proches, et d'une plate-forme logistique opérationnelle dans laquelle des cellules restaient vides. D'où l'idée de mutualiser les moyens, l'encadrement, la logistique, la distribution... Le CCC d'ID Logistics Cavaillon vit le jour avec un fournisseur espagnol (en l'occurrence Borges, producteur d'huiles à marque de distributeur) pour l'activité de Carrefour Hypermarché. À l'issue de la première année, une quinzaine de fournisseurs étaient au rendez-vous sur ce même entrepôt, puis 25... Dans une seconde étape de son développement, ce CCC a servi l'activité Supermarchés, puis celle de Carrefour Belgique. « Au départ, les industriels acceptant de jouer le jeu, ont été satisfaits de la qualité de service obtenue, du prix extrêmement compétitif, de l'autonomie de décision », estime Éric Hemar, pour qui, « la solution informatique leur donnait une bonne visibilité sur leur stock... Une visibilité qu'ils n'avaient pas auparavant ».
Concrètement, le contrat de prestation était (et reste) acté entre le fournisseur et son prestataire (et non Carrefour) qui gère ses marchandises. Aujourd'hui, ce sont ainsi 72 fournisseurs du sud de la France et de l'Europe (Italie, Espagne) qui sont logés dans l'entrepôt ID Logistics de Cavaillon. En l'occurrence, c'est une plate-forme de stockage tout à fait classique en grande distribution (1 000 références de produits PGC-DPH), gérée au moyen du logiciel Infolog et d'outils de communication sur portail Web (développé en interne). Elle dessert 26 plates-formes… « À l'origine, nous avions acquis la licence du logiciel de gestion d'entrepôt. Nos équipes informatiques ont réalisé tous les développements ultérieurs pour communiquer via Internet avec les fournisseurs », explique Éric Hemar : « et lorsque Carrefour a procédé au déploiement du concept des CCC, c'est lui qui a négocié avec Generix pour mettre en place une solution SaaS (Software as a Service) de logiciel en tant que service ».
Le CCC s'adresse à des industriels qui produisent, pour la grande majorité, des produits à marque de distributeur destinés à la grande distribution, en l'occurrence, aujourd'hui, la marque Carrefour. Le rangement des marchandises de ces industriels est complètement mutualisé, d'où la nécessité de disposer d'un outil informatique puissant. Les clients eux-mêmes doivent bénéficier d'une très bonne transparence puisque leurs palettes sont éclatées sur la totalité du stock.
Les industriels présents dans le CCC de Cavaillon
Ce sont des industriels souvent français, mais aussi espagnols ou italiens, voire provenant d'un peu plus loin sur la petite Europe, qui ont confié leurs marchandises à ID Logistics. Une démarche qui a représenté pour un certain nombre d'industriels une certaine facilité de disposer d'un point d'entrée unique : pour tel industriel espagnol, aller livrer toutes les plates-formes de distribution de Carrefour dans toute l'Espagne avec des impératifs de délai constitue un challenge impressionnant, notamment lorsqu'il n'a pas de gros volumes à livrer, ni une grosse capacité à acheter du transport. Le Centre de Consolidation et de Collaboration est donc un facilitateur de point d'entrée chez le grand distributeur. « L'industriel amène ses produits dans notre centre de Cavaillon et toute la distribution dans tous les magasins Carrefour est organisée », détaille Éric Hemar : « l'industriel n'a plus à s'en occuper ».
En contrepartie, l'industriel doit respecter un cahier des charges précises, quant au minimum de disponibilité des produits exigés par Carrefour, équivalent à 20 jours de stock afin d'éviter les ruptures, et doit accepter le mode de préparation des commandes qui prévaut... Les fournisseurs pénétrant dans ce centre de Consolidation et de Collaboration sont tous soumis au même Cahier des Charges, ce qui constitue un élément clé pour le prestataire logistique : le Centre de Cavaillon qui compte aujourd'hui quelque 80 fournisseurs, travaille avec chacun d'eux de la même façon, puisque le contrat est signé entre le prestataire et chaque industriel.
Le reste du processus est inchangé. Carrefour passe des commandes standards à chacun de ses fournisseurs qui relaient ces commandes à leur prestataire. Ce dernier prépare les commandes de chacun des fournisseurs par magasin.Le mode de transport est mutualisé : la plate-forme de Cavaillon livre toutes les plates-formes Carrefour (une quinzaine) sur lesquelles les marchandises transitent en cross-docking.
« Chaque jour, un camion complet, mutualisé, quitte Cavaillon en direction de ces plates-formes », souligne Éric Hemar : « et comme les préparations ont été assurées par magasin, les marchandises parvenant sur chaque plate-forme Carrefour peuvent être immédiatement éclatées pour rejoindre les commandes des magasins déjà en cours de préparation dans cet entrepôt ». C'est Carrefour qui prend en charge le transport en sortie du Centre de Consolidation et de Collaboration : dans chaque camion, se trouvent toutes les marchandises des industriels auxquels Carrefour a passé commandes. On est donc là en quelque sorte en présence d'une GMA pilotée par le client final.
Essentiel ! Le stock présent dans le CCC reste la propriété du fournisseur : il devient la propriété du distributeur à la sortie de l'entrepôt. Ceci représente certes une difficulté dans les discussions entre le distributeur et les fournisseurs, puisque chacun de ceux-ci continue à porter le stock pour le compte du grand distributeur... En contrepartie, ce dernier améliorer ses ventes, améliore la disponibilité des produits dans les magasins, massifie le transport pour que le fournisseur soit toujours logé dans des camions complets. La massification dans un lot complet constitue un véritable gain économique : les industriels admettent que ce modèle de collaboration est un atout pour le développement de leurs ventes.
« Le CCC est la solution d'avenir », conclut Éric Hemar, « car il répond à des problématiques très concrètes pour des entreprises de taille petite ou moyenne qui ne sont plus en charge des livraisons aux 15 plates-formes d'éclatement de leur grand client distributeur. Elles n'ont plus qu'un seul point unique de regroupement de leurs marchandises. Le fait de ne plus avoir à s'occuper des livraisons en aval est un élément très positif puisqu'auparavant, les industriels devaient livrer sans retard (sinon, gare aux pénalités !) chacune de ces 15 plates-formes, mais rarement en camion complet. Bref, ils maîtrisent beaucoup mieux le processus qui était autrefois très compliqué. Ils y gagnent en satisfaction du client. Le CCC autorise en outre un important développement des ventes ».
Depuis janvier 2009, Carrefour développe une nouvelle activité sur le Centre de Collaboration et de Consolidation de Cavaillon avec des fournisseurs non alimentaires (vélos, ballons, glacières...) : quatre fournisseurs ont démarré sur cette activité.
ID Logistics s'engage aujourd'hui dans une stratégie de développement de ses CCC pour ses clients. Le modèle a été suffisamment séduisant pour inciter ID Logistics à ouvrir au début 2010 un second CCC, à Miramas, pour la consolidation des alcools : pour l'heure, une quinzaine d'industriels y sont présents, mais ce n'est là probablement qu'un début. Il est clair qu'ID Logistics a un excellent savoir-faire en consolidation et en collaboration. Un troisième CCC est à l'étude... « Nous proposons nos services à d'autres distributeurs susceptibles d'être intéressés par le modèle des CCC », admet Éric Hemar pour qui, « dans deux ou trois ans, les CCC devraient être beaucoup plus ouverts qu'aujourd'hui ».
Et demain ?
« Pour intéresser un certain nombre d'industriels de taille moyenne, nous avons bâti une offre GMA… », nous dévoile Éric Hemar, «…une offre qui intéresse aujourd'hui une dizaine de clients de notre Centre de Consolidation et de Collaboration ». Cette offre intéresse aujourd'hui plutôt les clients les plus importants, ceux qui gèrent dans cet entrepôt de Cavaillon quelque 500 à 800 palettes. À suivre, donc…
Jean-Claude
Festinger
www.aslog.org
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