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INTERVIEW |
‘‘Un TMS est un concept logiciel extrêmement large. Il faut prendre le soin de savoir ce qu’on en attend véritablement’’ Y. KELLER, bp2r
Interview
de Monsieur Yvan KELLER, Directeur Pôle Solutions
de bp2r transport consulting
Réalisée le 03/09/2013 par Frédéric LEGRAS,
Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre
du dossier thématique « WMS et TMS : sont-ils
adaptés aux PME ? ».
Quelles typologies de clients votre cabinet cible-t-il ?
Notre cabinet intervient auprès les chargeurs (industriels et distributeurs) qui ont des problématiques transport. Parmi ceux-ci nous travaillons pour le compte de grosses PME et de grands comptes, en France et à l’international.
Les PME chez lesquelles vous intervenez ont-elles des attentes différentes de celles des grands comptes ?
Evelyne RAYNAUD, a-SIS
Jérôme BOUR, DDS Logistics
Jean-Marc PHILIP, Syleps
François BIESBROUCK, BK Systèmes
Patrick
REHEL, NEGSYS
Ottavio
RIVELLI, inconso
Gilbert GARCIA, KLS
Jean-Pierre GAUTIER, ACSEP |
Au niveau de la gestion informatique du transport, ce sont généralement les mêmes attentes. Les fonctionnalités seront les mêmes en ce qui concerne l’organisation d’un plan de transport, le contrôle des factures, etc.
Ce sont les besoins de reporting au niveau du transport qui vont par contre différer. Je veux ici parler de l’intégration des données calculées par les systèmes de transport dans un système d’information plus global.
Quelles typologies de solutions informatiques préconisez-vous ? Ces solutions diffèrent-elles en fonction des tailles des chargeurs ?
Les cibles logicielles dépendent beaucoup de la configuration du client en tant que tel, de son système d’information existant. En fonction de ce critère, on peut le diriger vers des solutions plus ou moins diverses. Il est en premier lieu important de comprendre si il a vraiment besoin d’un TMS.
La définition du TMS est en effet extrêmement large. Il nous arrive d’ailleurs de simplifier la solution. Par exemple, une station chargeur multi-transporteurs peut parfois jouer le rôle du TMS si le besoin du client se limite à l’étiquetage ou à l’envoi de messages EDI aux transporteurs.
Le TMS n’est donc pas forcément une fin en soi. Notre objectif est plutôt de mettre en place la solution logicielle qui corresponde le mieux aux besoins du chargeur.
La grande différence qu’il peut y avoir entre des moyennes et des grandes structures c’est que les grands comptes sont généralement équipés d’ERP ce qui est moins le cas chez les PME.
Faire entrer un TMS à côté de l’ERP en place revient à faire entrer un nouveau logiciel parfois vu comme « exotique » par la DSI. Celle-ci souhaitera souvent qu’une solution unique puisse gérer l’ensemble de sa Supply Chain. Il y a en fait une vision stratégique et même parfois politique de savoir dans quelle mesure le transport peut être géré dans l’ERP. Il y a donc des éléments d’arbitrage qui permettent de voir si l’ERP peut être adapté à la gestion des opérations de transport. Si ce n’est pas le cas, on peut imaginer des solutions autres qui viennent compléter ce que l’ERP ne fait pas.
Quid des retours sur investissement ?
Il existe en fait plusieurs types de ROI.
Bien sûr, le retour sur investissement est lié
à l’amélioration de la gestion
du transport obtenue grâce à la mise
en place du TMS. Par exemple, l’application
d’une solution de contrôle de facture
ou de préfacturation peut générer
des économies de l’ordre de 3% sur
des budgets achats de plusieurs millions d’euros.
Cela représente alors des sommes considérables.
Mettre en place des solutions qui permettent de
gérer un plan de transport et de faire
de l’EDI avec les transporteurs permet également
de négocier de meilleures conditions tarifaires
avec son prestataire dans la mesure où
on va réduire sa charge de travail grâce
à une automatisation de la communication
de l’information. Si en complément
l’étiquetage est mis en place et
n’est donc plus à réaliser
par le transporteur, l’efficacité
est meilleure, ce qui peut aboutir à des
tarifs plus compétitifs.
En dehors de l’aspect purement économique, il y a également l’impact organisationnel à considérer. Avec un outil efficace, on a besoin de moins de monde sur des tâches à faible valeur ajoutée. Par exemple la mise en place d’une solution qui permette de faire du contrôle ou de la préfacturation augmente l’efficacité de la réalisation de ces tâches et permet d’affecter le personnel à des fonctions à plus forte valeur ajoutée.
Il y a enfin des avantages à considérer sur la façon dont les gens vont ressentir le fait de travailler dans un environnement plus efficace avec moins de perte de temps et un travail plus intéressant. Tout cela peut se mesurer en « ROI qualitatif ».
Quel montant un chargeur doit-il budgéter pour un projet d’équipement en TMS ?
En mode licence, pour un chargeur, il faut compter au minimum 50 K€ pour la partie licence. A cette somme il faut rajouter entre 15% et 20% de maintenance annuelle. Il faut également compter entre 20% et 40% du prix de projet pour le déploiement.
On constate généralement un ratio prix/utilisateur de l’ordre de 2.000 euros.
Cependant, ces chiffres sont assez variables dans la mesure où le coût total va dépendre du nombre d’utilisateurs, des fonctionnalités que l’on souhaitera utiliser, etc. D’un projet à l’autre les budgets peuvent donc sensiblement différer en particulier en fonction des résultats des négociations commerciales.
Quelle durée pouvez-vous constater entre la décision de votre client d’interroger le marché et la mise en place de la solution effective ?
Si l’entreprise passe par les phases d’analyse
du besoin, de rédaction du cahier des charges,
d’organisation de l’appel d’offres
et de déploiement, il faut compter deux
ans. Ces deux années peuvent se décomposer
en une année pour le choix de l’éditeur
et une année pour le déploiement.
Dans le cas où l’éditeur est
déjà désigné et où
on peut faire l’économie d’un
appel d’offres (par exemple dans le cas
où il s’agit de déployer le
module Transport d’un ERP), le délai
peut être raccourci à une année.
Encore une fois, il s’agit de chiffres génériques dans la mesure où la réalité va dépendre du périmètre du projet, du nombre d’utilisateurs, du nombre de pays, et surtout des fonctionnalités souhaitées.
Quels conseils pourriez-vous adresser à un chargeur qui souhaite s’équiper d’un TMS ?
Le 1er conseil est lié au fait que le TMS est un concept logiciel extrêmement large. Il faut prendre le soin de savoir ce qu’on en attend véritablement. Quelles sont les fonctionnalités dont-on a besoin ? Entre du contrôle de facture, de la gestion de plan de transport, de la station chargeur, de l’EDI, du flow design ou de l’optimisation de tournées, le panel des possibilités est très large. Il convient donc de prendre son temps pour réfléchir, rédiger un cahier des charges et lancer un appel d’offres.
Ensuite, il convient de prendre en compte que le TMS est un outil communicant. Un certain nombre de questions doivent donc se poser :
- Dans quel éco-système va-t-on l’intégrer ?
- Comment va-t-il communiquer avec le WMS et l’ERP ?
- Comment va-t-il par exemple remonter des informations de comptabilité générale ?
- Comment peut-il être en mesure de remonter des écritures analytiques au sein d’un infocentre, auprès de la DAF et des contrôleurs de gestion ?
- Etc.
Le
3ème conseil est de faire appel au marché
en regardant aussi bien les logiciels que les
éditeurs qui les supportent. Les sociétés
ont en effet parfois tendance à se concentrer
sur le logiciel et à oublier l’éditeur.
C’est pourtant un critère de choix
extrêmement important. A titre d’exemple,
les éléments suivants sont autant
de risques qui peuvent à terme constituer
des points de blocage: un éditeur dont
le Président est en fin de carrière,
un éditeur qui n’a pas les moyens
d’investir technologiquement dans ses outils,
un éditeur également intégrateur
qui ne sait parler que français alors que
le client tend à évoluer sur un
périmètre européen, etc.
4ème conseil : préparer le projet de déploiement aussi bien en interne qu’en externe.
En interne, il s’agira avant tout d’identifier les Key Users, les administrateurs, ceux qui vont aider les utilisateurs finaux à prendre en main le logiciel, etc.
En externe, c’est à dire vis-à-vis de l’éditeur, il faut bien penser à la façon dont on va intégrer, à la façon dont les paramétrages seront préparés. Peut-être faut il commencer par des sites pilotes avant de tout intégrer en masse, de manière à ce que l’intégration et la conduite du changement se fassent de la façon la plus souple et la plus efficace possible.
Enfin, il convient de bien comprendre qu’intégrer un nouveau logiciel, c’est perdre à court terme de l’efficacité. Cette perte d’efficacité à court terme doit être rattrapée le plus rapidement possible pour ensuite monter vers plus d’efficacité.
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Bio Express
Yvan KELLER est Directeur du Pôle
Solutions du cabinet bp2r transport
consulting dont l’objectif
est de porter conseil aux chargeurs
qu’ils soient industriels
ou distributeurs dans leur approche
de la gestion des systèmes
d’information et de l’information
liée au transport.
Son parcours est double : transport
et informatique. Il a notamment
évolué au sein de
la DSI du groupe Mory et occupé
la fonction de Chef de Marché
Transport et Logistique au sein
de l’éditeur SAGE ATL
(nouvellement Akanea Développement).
Site Internet de bp2r : www.bp2r.fr