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Supply Chain Planet par Blandine BERGERET
Après la création d'un journal interne dans la société où j'arborais la casquette de Demand et Supply Planning Manager, j'ai décidé d'étendre l'expérience et de créer mon site web, le Supply Chain Planet dédié, comme son nom l’indique, à la Supply Chain. Nouvellement, Directeur logistique à la Cégos, ma voie professionnelle évolue mais la passion de l’écriture est toujours présente.
Par Blandine BERGERET / Octobre 2011
BATEAU SUR L’EAU, LA RIVIERE, LA RIVIERE…
Si le fluvial a des atouts incontestables en termes de coût (poste carburants, perspectives de taxes diverses…) et d’environnement (bilan carbone, congestion routière, silencieux…) face à son concurrent et leader la route, la voie d’eau constitue-t-elle pour autant une alternative à court terme ?
Le projet de substituer le fluvial au routier est un chantier d’envergure car l’ensemble des infrastructures sont à développer et à ce jour, le volume par voie fluviale correspond à 3,8 % du transport terrestre national, ce qui reste extrêmement mineur. En 2010, le transport fluvial a atteint néanmoins un record en termes de croissance, en affichant 8.8% d’augmentation du trafic.
Selon Philip Maugé (1), le Directeur du Développement des Voies Navigables de France, « le fluvial a de grandes capacités… ». La France dispose en effet du plus grand réseau fluvial européen, soit 8 500 km gérés par VNF. Répartis en 5 bassins (Seine, Rhône, Moselle, Rhin et Nord), le réseau français est certes vaste, mais il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui ces bassins n’ont aucune interconnexion entre eux et seuls 4 100 km sont utilisables pour le transport de marchandises dont 2 000 km sont praticables selon les contraintes de transport moderne.
Cela dit, « les petites rivières font les grands fleuves » et les initiatives locales pour acheminer des produits par voie fluviale fleurissent. A titre d’exemple, nous pouvons citer Monoprix et sa filiale logistique Samada, le groupe Bosch-Siemens ainsi que la société Toys R us (voir ci-contre).
Le projet du canal Nord-Seine représente également la volonté des pouvoirs publics de faire avancer ce mode de transport. Cet ouvrage à grand gabarit de 106 km de long et de 54 m de large, équipé de 4 plateformes multimodales dont les travaux débuteront en 2013, devrait voir le jour en 2016. La réalisation de ce canal va, outre une liaison entre les villes de Compiègne et Aubencheul-au-bac, permettre une connexion à la liaison européenne à grand gabarit Seine-Escaut, ouvrant ainsi le fluvial français au réseau européen de voies navigables vers l’Europe du Nord et centrale, facilitant ainsi le raccordement des grands ports maritimes : Le Havre, Rouen, Zeebrugge, Anvers et Rotterdam.
S’il est vrai que la Supply Chain ne s’est pas faite en un jour, il en sera de même pour le fluvial. L’enjeu est de taille et les développements et aménagements sont immenses (flotte adaptée, plateformes de stockage et de distribution…) mais depuis la prise de conscience, tous les acteurs sont prêts à investir et s’investir. Le fleuve, qui traverse et dessert le cœur des villes, est désormais un allié pour relever les défis de la logistique urbaine.
(1) Conférence « Ecologistique et opportunités de business » Mars 2011 ASLOG
VOGUENT SUR l’EAU…
…. majoritairement les matériaux de construction, les produits céréaliers et pétroliers, ainsi que le charbon. Depuis quelques années, grâce à la conteneurisation, les produits finis ou semi-finis, tels que les véhicules, le textile, les jouets, les appareils électroménagers…, profitent de cette nouvelle vague.
TEMOIGNAGE D’UN PRECURSEUR DU FLUVIAL
Les jouets de marque ou de marque propre vendus par Toys R us sont largement issus de l’importation. Sur 1700 containers par an, la société achemine 900 d’entre eux, arrivant au port du Havre, sur des barges remontant la Seine pour être stockés au port de Gennevilliers.
Animée par des objectifs écologistiques, la société Toys R us a organisé une grande partie de ses flux en tenant compte des avantages du fluvial. « La sécurité, la ponctualité, le transport, moins cher que le routier et surtout bien moins polluant - une barge consomme 2,5 fois moins par tonne transportée que la route – nous ont incité, il y a 10 ans de cela à nous tourner vers le fluvial ». déclare Gaël PRIGENT, le Directeur Supply Chain chez Toys R us.
«Le principal attrait dans le cadre d’une activité ultra saisonnière comme la nôtre », reconnaît le Directeur Supply Chain, « est le fait que ce moyen de transport permet d’une part, de faire du stockage flottant et d’autre part, de bénéficier d’un stockage gratuit à Gennevilliers grâce aux accords avec les compagnies maritimes qui louent les containers. Ce stock tampon de quelques jours à 2 ou 3 semaines nous donne les moyens de lisser les réceptions sur notre plateforme en propre située à Evry. »
Même si Toys R us a déjà acquis ses lettres de noblesse dans le fluvial, Gaël PRIGENT confie que l’histoire n’est pas finie. Non seulement, la part de l’import en croissance mais le terminal à conteneurs d’Evry pourrait encore permettre d'optimiser les flux en supprimant une rupture de charge, celle du port de Gennevilliers, pour directement acheminer les marchandises du port d’Evry à la plateforme logistique Toys R us située à 2 km du port, qui alimente les 29 magasins Toys R us du Nord. Propos recueillis auprès de Gaël PRIGENT, Directeur Supply Chain, Toys R us
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Ressources complémentaires
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