Publications > Logiguide CGL > La logistique durable (Volume 13 / Numéro 2)


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Article extrait des Logiguides de GROUPE GCL, cabinet de conseil en logistique.

CGL


Le développement durable reste plus que jamais d’actualité malgré des turbulences économiques qui ont redéfini les priorités sur le court terme.

Dans les entreprises, règne à ce sujet un sentiment confus alimenté par trois approches. « Il faut changer notre mode de produire et de consommer pour éviter le désastre écologique annoncé », « De toutes les façons la loi nous forcera tôt ou tard à le faire », « La concurrence est déjà en train de prendre de l’avance », etc.

Dans cette perspective, de nombreux dirigeants d’entreprises deviennent attentifs à "verdir" leur gouvernance et entraîner dans leur logique les directions opérationnelles des organisations. C’est le cas des directions logistiques, toutes désignées pour faire partie des activités à fort potentiel de développement durable. Fort de ce constat, il suffirait donc de décider, de planifier et de mettre en oeuvre des actions dans une chaîne logistique en répondant à des critères de développement durable. Il est primordial de bien poser le cadre de ce qu’est le développement durable et ce qu’il n’est pas dans le contexte d’une entreprise avant de fixer un plan d’actions.


Les conditions de l’entreprise durable

Le développement durable suppose de déployer trois principes qui, en se combinant, bâtissent la pérennité de l’entreprise :

  1. La recherche de la rentabilité financière (critère économique)
  2. La préservation de la planète (critère environnemental)
  3. Le bien être des personnes (critère social)

Tout le monde est d’accord pour préserver l’environnement et garantir le bien être des personnes, des objectifs qui se construisent dans la durée. Mais ne sont-ils pas contradictoires avec la rentabilité financière ? En effet, l’entreprise est confrontée à une concurrence et une division du travail mondialisées. Elle fait des choix de gestion dont les normes sont imposées par le monde de la finance qui privilégie les rendements à court terme. Concernant le bien être des personnes, cela fait quelques années que la motivation des employés est reconnue comme étant un des éléments clés de différentiation compétitive. Ce qui nous traitant ici est l’action qui va articuler les notions de profit et d’environnement.




Passer des principes à l’action de terrain

Nous pensons que deux écueils guettent la mise en oeuvre du développement durable. Tout d’abord, l’attachement excessif à des notions consensuelles et rassurantes mais trop générales. Nous ne contestons pas l’importance de proclamer des valeurs, des principes d’équité, de transparence, une volonté de conjuguer le court terme avec le long terme, une éthique, etc. Mais le danger est de penser que dire c’est faire. En d’autres termes, communiquer sur des idées généreuses et séduisantes ("Green washing") pour le plus grand nombre, ne se décline pas nécessairement en actions concrètes et mesurables. Ensuite, vouloir aller rapidement vers des solutions rattachées à des idées trop simplifiées : "Les camions représentent 25 % des émissions de gaz à effet de serre, donc il faut se concentrer sur le transport". Mais sont-ils les seuls émetteurs de CO2 dans l’entreprise. La première étape devrait consister à poser correctement le problème avant de se précipiter vers des solutions qui, à l’instar des valeurs dont nous avons parlées plus haut vont surtout rassurer au lieu de conduire à la pertinence.


L’approche

Mettre du développement durable dans une organisation, c’est penser les activités en termes de consommation de matières et d’énergie non renouvelables. Pour optimiser les processus, on cherche à réduire le nombre d’actions sans valeur ajoutée. Pour agir durablement, on diminue et on optimise le temps d’utilisation des actifs et des équipements. Le temps, c’est de l’argent mais aussi de l’énergie. Un bilan de développement durable sous forme d’un diagnostic mené dans l’entreprise est donc une première étape.
C’est ensuite se donner une métrique et donc mesurer. Il y a environ 30 méthodes de bilan carbone dans le monde qui utilisent toutes un modèle différent. Toute entreprise peut anticiper et introduire l’indicateur CO2 qui lui donnera souvent une vision inattendue sur son fonctionnement. Nous ne pourrons pas décrire de manière exhaustive tous les domaines concernés par le développement durable dans les chaînes logistiques, mais nous pouvons évoquer quelques axes.


Une nouvelle race d’entrepôt

Grands consommateurs de ressources et producteurs de déchets, les entrepôts sont désormais contraints de surveiller de près leur consommation. Le concept d’entrepôt vert passe par la maîtrise de la consommation d’énergie avec des « éco-construction », dans des matériaux naturels (le bois), et capables de tirer profit de l’énergie à la fois éolienne et solaire ainsi que de la récupération des eaux de pluie. Ces entrepôts feront partie de plates-formes logistiques regroupées et mutualisées. Elles succèderont aux plates-formes logistiques moins grandes mais plus nombreuses.


Stockage et emballage

L’automatisation joue un rôle clé dans ce domaine où la contrainte principale est l’espace. Que ce soit pour le stockage ou l’expédition de colis, on recherche l’optimisation de l’emballage et c’est vers la compacité que l’on s’oriente. C’est par exemple des machines ou des processus d’emballage qui permettent de redécouper et d’adapter les cartonnages à la taille de leur contenant. L’optimisation de l’espace d’entreposage impacte aussi bien la dépense d’énergie (distances plus courtes et surface d’entrepôt à alimenter réduite).


Optimisation du transport et des tournées

C’est principalement la réduction des émissions de CO2 que l’on recherche; mais au-delà des moyens de transport alternatifs envisageables (fret ferroviaire, transport multimodal), l’entrepôt peut au préalable mener des actions non négligeables dans ce domaine. En addition, l’utilisation d’un "Transport Management System" (TMS) s’inscrit autant dans l’optique de développement durable que dans celle de réduction des coûts pour l’entreprise. Optimiser les tournées avec un logiciel dédié peut permettre de réduire de manière significative le kilométrage et, de ce fait, les rejets de CO2 ainsi que les frais qui y sont liés, parfois jusqu’à la réduction même de la flotte de véhicules ou de chauffeurs.


Tri des déchets et utilisation des matières premières

Actif en Allemagne depuis maintenant de nombreuses années, le tri des déchets se démocratise enfin dans nos entrepôts où l’on observe de plus en plus la présence de containeurs dédiés à une catégorie particulière de déchets, et pour certains le recyclage sur place. On peut voir ici une opportunité d’optimiser le remplissage des camions en évitant les trajets de retours à vide.


Conclusion

La mise en place d’actions en adéquation avec l’idée de développement durable ne s’inscrit pas nécessairement dans un schéma d’alourdissement des dépenses mais peut porter la stratégie de l’entreprise. Elle conduit à un changement de perception à l’intérieur et à l’extérieur des organisations, qui véhiculent alors une image innovante, créative et dynamique. Cela peut constituer un critère de choix dans la recherche de nouveaux marchés ou de partenariats notamment avec les services publics. C’est également valable auprès du client final dont la sensibilisation à l’environnement grandit de jour en jour.

Pierre Freydiert
Directeur de projet, Groupe GCL
www.gclgroup.com

Extrait de l’article paru dans « Transport et Logistique »


 

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Internet : www.gclgroup.com


Ressources connexes

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Les quatre leviers de la logistique durable
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