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"Quelles innovations supply chain pour le monde d'après ?"

INTERVIEW

‘‘Mettre plus de flexibilité dans sa supply chain’’
M WATERSCHOOT, DESCARTES


M WATERSCHOOT, DESCARTESInterview de Michel WATERSCHOOT, Directeur Commercial Europe du Sud & Middle East de Descartes.

Réalisée le mercredi 6 janvier 2021 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « Quelles innovations supply chain pour le monde d’après ? »


Quels sont les principaux enseignements de la crise du Covid-19 ?

La crise du Covid-19 a mis en évidence plusieurs tendances qui, à mon sens, impacteront durablement les schémas et les processus de livraison.

  Autres contributions

Y.BUISSON | FM LOGISTIC
‘‘ La Covid a été un accélérateur de la digitalisation ’’

P. HENRION | BOA CONCEPT
‘‘ Boa Concept va déployer une offre taillée pour les primoaccédants ’’

M.WILSON | XPO
‘‘ Les défis auxquels sont confrontés nos clients sont de plus en plus complexes ’’

H. KERJEAN | AKANEA
‘‘ Les projets de digitalisation se sont multipliés ’’

J. BOUR | DDS LOGISTICS
‘‘ La volatilité des flux est la nouvelle norme ’’

I. BADOC | GENERIX
‘‘ La digitalisation a permis de pallier les contraintes liées à la crise sanitaire ’’

E. KESLER | GEFCO
‘‘ L'optimisation logistique va de pair avec la réduction de notre empreinte environnementale ’’

I. ROCHER | AUTOSTORE
‘‘ La crise sanitaire a fait figure de «stress test» ’’

SAVOYE
‘‘ Savoye innove avec une solution de robotique mobile ’’

D’abord, il est désormais acté que le modèle de distribution 100% magasin est dépassé. Les entreprises du secteur ont tout intérêt à s’orienter vers un modèle mixte combinant physique et digital avec des passerelles entre les deux (click & collect, drive, etc.).

Ensuite, il est apparu clairement que ce sont les entreprises qui avaient déjà digitalisé une grande partie de leurs processus qui s’en sont le mieux sorties.  

Enfin, telle qu’elle était définie, l’organisation des chaines d’approvisionnement mondiales a montré ses limites. Leur manque de flexibilité et la dépendance vis-à-vis de la Chine ont amené un certain nombre de réflexions, notamment politiques. Ces réflexions auront bien entendu un impact majeur sur la supply chain.   

L’importance stratégique de notre secteur a en fait été mise en évidence. La logistique est une affaire de spécialistes, requérant des expertises poussées. Autant c'était quelque chose d’évident pour nous qui « baignons dedans », autant ce n'était pas encore forcément acté pour l’ensemble des décideurs.  Je pense notamment aux instances gouvernementales qui ont pu incriminer la logistique comme cause de défaillance de la stratégie vaccinale.

Il est en fait à espérer qu’en mettant en lumière notre secteur, la crise aura contribué à apporter une meilleure reconnaissance aux professionnels et aura renforcé sa place dans les entreprises.




Quel pourrait être à moyen terme l’impact de cette crise sur la gestion du transport par les chargeurs ?

La question d’une réinternalisation des opérations de transport se pose pour certains d’entre eux.

Je l’expliquais à l’instant, les entreprises ont réellement pris conscience que la supply chain était un élément essentiel de leur chaine de valeur. Quels que soient les produits concernés, il est nécessaire à un moment ou à un autre de les acheminer vers ses sites ou vers ceux de ses clients. Il convient dès lors de s’assurer de sécuriser leur mise à disposition malgré une offre de transport qui peut être fluctuante.

Le modèle du tout affrètement, s’il est flexible dans la mesure où les entreprises n’ont pas à supporter de coûts fixes, peut entrainer une certaine perte de contrôle. Il est dès lors possible que nombre de sociétés privilégient des modes mixtes dans les prochaines années.


Comment mettre plus de flexibilité dans sa supply chain ?

Je vais vous présenter un exemple concret, celui d’un de nos clients qui intervient dans le domaine de la répartition pharmaceutique.

Traditionnellement dans ce secteur, à chaque journée de la semaine correspondent des tournées fixes prédéfinies. Avec la crise du Covid-19, il a fallu revoir dans l’urgence ces tournées pour tenir compte de multiples nouveaux paramètres, et ce de manière régulière, les contraintes et variables évoluant chaque semaine ou presque.

Ayant l’habitude de s’appuyer sur nos outils, le répartiteur a pu étudier des plans de transport alternatifs et définir des tournées en fonction de scénarios adossés à différentes hypothèses d'évolution du marché. Il a ainsi été en mesure de déclencher très rapidement de nouvelles configurations qui pouvaient dès lors être déployées du jour au lendemain pour coller au mieux à la situation opérationnelle.

Cette société était déjà sensibilisée à l'importance du transport dans son activité et disposait de la capacité et des outils pour anticiper. Il était en fait mieux préparé que d’autres.

Plus généralement, la digitalisation des processus contribue grandement à introduire de la flexibilité dans la supply chain des organisations. Elle permet en particulier de bénéficier de visibilité sur les opérations et en favorise ainsi le contrôle. Pour cela, il convient que les systèmes puissent être alimentés en données propres et cohérentes et qu'ils proposent des fonctionnalités de pilotage et d’aide à la décision.

À ce titre, l’analyse a posteriori sur la base d’outils de BI se développe grandement. Ces outils offrent aux entreprises la possibilité de mener des simulations pour définir les configurations cibles pouvant répondre à l’émergence de nouvelles contraintes, de nouveaux risques, etc.

Il convient néanmoins de noter que notre secteur est malheureusement en retard sur le sujet de la digitalisation. Combien voit-on encore à l'heure actuelle d'entreprises ou d'organisations qui traitent des flux logistiques et transports avec Excel ?

Je compare toujours notre activité avec la comptabilité. Plus aucune entreprise ne fait aujourd'hui de comptabilité papier. Toutes sont passées à des systèmes digitalisés. Le monde de la logistique en est encore loin.


Qu’est-ce qui explique un tel retard ?

Il est vrai que la logistique est plus complexe et donc moins normalisée que la comptabilité.

Néanmoins, un certain nombre d'acteurs se satisfont trop facilement de palliatifs, ils considèrent que les outils développés en interne leur permettent de coller à leurs besoins et que la digitalisation risque de les contraindre à s’écarter de leurs process et de leurs habitudes.

Nous avons ainsi coutume de dire que les principales solutions concurrentes de Descartes ne sont pas celles de nos confrères, mais plutôt le "Do nothing" (le fait de ne pas réussir à se décider) et Excel.

Malheureusement ne pas opter pour les bons outils condamne les organisations à continuer à prendre des décisions de dernière minute, plutôt qu’à anticiper les risques. Cela n’est certainement pas la meilleure méthode pour gérer une entreprise.

Finalement, l’onde de choc que nous avons tous subi dans la dernière année va probablement faire bouger les lignes.  Je l’évoquais à l’instant, nombre d’entreprises ont pris conscience de la nécessité de s’adapter à un environnement fluctuant. En atteste le nombre de projets qui ont été menés dans la dernière année. La crise a en quelque sorte eu un effet catalyseur.


Pensez-vous que les organisations vont avoir intérêt à revoir leurs niveaux de stocks à la hausse ?

Mis à part sur un nombre restreint de produits stratégiques, je ne pense pas que la tendance soit à une augmentation des stocks.

Il convient en effet de tenir compte de la volatilité de la demande et donc de l’importance de limiter les risques de surstock.


Quelles sont les dernières tendances innovation chez Descartes ?

Les innovations que nous proposons au marché visent toujours à optimiser les processus supply chain de nos clients afin d’apporter de la valeur à leurs organisations.

Je vais vous citer quelques exemples de sujets sur lesquels nous portons aujourd’hui nos efforts.

Notre solution de visibilité transport MacroPoint™, en permettant de récupérer un certain nombre d’informations sur les flux de transport, facilite l’identification des zones sur lesquelles de la capacité de transport est ou sera disponible. Nous travaillons actuellement sur ce volet de la solution pour éclairer les entreprises au moment où elles doivent effectuer un certain nombre de choix stratégiques.

L'Intelligence artificielle est également un sujet important chez Descartes. Nous l’appliquons à des éléments très pragmatiques. Elle est par exemple intégrée à nos solutions d’optimisation du dernier kilomètre pour mieux anticiper les heures d'arrivée et les temps de chargement / déchargement dont l’influence sur l’organisation est majeure.
Au plus ces éléments sont estimés de manière précise, au plus fiable seront les plannings.
Nous devrions pouvoir sortir prochainement des fonctionnalités concrètes sur le sujet.

Enfin, plus spécifiquement sur les problématiques de classification dans le cadre du commerce international, nous travaillons sur l'optimisation de la reconnaissance sémantique pour pouvoir attribuer automatiquement les codes HS (Système Harmonisé). Transporteurs comme freight forwarders doivent en effet classifier la marchandise pour pouvoir réaliser les déclarations douanières. C’est une tâche qu’il est compliqué d'accomplir manuellement. Un même article correspond en effet à un code dans un pays et à un autre code dans un autre pays. L’importance d’optimiser cette tâche est d’autant plus grande qu’avec le développement du e-commerce, la diversité des articles importés est accrue.


Descartes vient récemment d’annoncer le rachat de ShipTrack…

Descartes a deux façons d’innover : en menant de la R&D en interne ou en acquérant des solutions prometteuses du marché.

En savoir plus sur le rachat de ShipTrack par Descartes

Descartes poursuit sa stratégie de croissance externe. Après avoir racheté en mars puis juin 2020 les sociétés britanniques Peoplevox et Kontainers, respectivement spécialisées dans l’édition logicielle e-WMS et pour le fret maritime, Descartes a annoncé en novembre 2020 une nouvelle acquisition avec le rachat de la société canadienne ShipTrack. L’opération a été réalisée pour un montant de 25 millions de dollars canadiens et a pour objectif de compléter l’offre de Descartes sur le maillon du dernier kilomètre.

Plus d’informations sur cette opération

Nous avons ainsi intégré il y a quelques mois la société ShipTrack avec laquelle nous collaborions déjà et qui avait développé des solutions de mobilité avancées, orientées dernier kilomètre.

ShipTrack apporte énormément de flexibilité aux entreprises pour opérer les différents types de flux dans la mesure où elle permet de gérer les ruptures de charge, le dispatch du contenu des colis, etc.

Les nouvelles possibilités qu’elle offre en termes de gestion de flux complexes expliquent le grand succès qu'elle emporte actuellement.

Nous allons pouvoir accélérer son développement commercial, en particulier sur le marché européen sur lequel il existe une forte demande pour ce type de fonctionnalités.


Pour aller plus loin


Bio Expresss

Michel Waterschoot a commencé sa carrière dans l’enseignement avant d’intégrer le secteur informatique en 1989. Depuis 1999, il évolue dans le domaine des solutions d’optimisation de tournées. Il a en particulier pris la Direction de l’éditeur Routing International en 2006, société acquise par Descartes au début des années 2010.
Désormais Directeur Commercial pour l’Europe du Sud et le Moyen-Orient, il est en charge du développement du business de l’entreprise pour ces régions, pour les solutions dernier kilomètre, TMS et Global Trade Intelligence.

Site Internet de Descartes : https://www.descartes.com/fr


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