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INTERVIEW |
‘‘Avec les lunettes connectées, l’opérateur disposera réellement de ses deux mains durant l’ensemble de ses missions en entrepôt’’ I. BADOC, GENERIX Group
Interview d‘Isabelle BADOC, Supply Chain Solutions Marketing Manager chez Generix Group
Réalisée le 05/02/2015 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « L’innovation au cœur de la logistique ».
Vous avez reçu le Prix de l’Innovation dans la catégorie Produit Logistique lors de SITL 2014 pour votre application de lunettes connectées. Présentez-nous cette innovation. Quels en seront les intérêts par rapport aux solutions vocales actuellement existantes ?
Nous considérons en fait que les lunettes connectées sont complémentaires au vocal pour un certain nombre d’activités, en particulier pour celles relevant de la gestion unitaire des préparations.
Évelyne RAYNAUD, a-SIS
Jérôme GABALDE, Transporeon
Didier SANTURETTE, ACSEP |
En effet, aujourd’hui, la promesse du vocal de libérer les mains des opérateurs n’est plus respectée lorsque ceux-ci doivent scanner les produits. Avec les lunettes, on pourra s’affranchir de l’outil de scan et l’opérateur disposera ainsi réellement de ses deux mains durant l’ensemble de ses missions.
C’est particulièrement intéressant dans les activités de e-commerce dans lesquels les commandes sont éclatées avec de faibles quantités par référence, voir des lignes unitaires.
En particulier, quand vous préparez dans des bacs de picking dans lesquels se retrouvent plusieurs références, il est nécessaire de scanner le produit de manière à s’assurer que c’est le bon article qui a été prélevé.
Autre avantage des lunettes, c’est le fait de pouvoir guider l’opérateur dans les allées, à mesure de sa progression, en lui affichant des instructions de guidage, ce que ne permet pas le vocal. Cela permet en particulier de réduire le temps de formation d’un opérateur ne connaissant pas le site.
Votre solution est-elle développée en partenariat ?
En effet, comme pour tout type de projet de R&D, c’est souvent l’association de plusieurs acteurs qui permet à l’ensemble d’avancer.
Nous collaborons en particulier avec l’École Centrale de Lille. Nous utilisons par exemple en ce moment une équipe de 5 étudiants, dont certains sont Doctorants.
Un chantier de 2 ans a été mené au cours duquel ils nous ont aidés à développer le langage et à réaliser les tests. Il convenait en fait de commencer par apprendre à échanger avec les lunettes. C’est à l’issue de cette phase que nous avons pu nous projeter et communiquer sur le sujet. Depuis un an, les étudiants travaillent sur des scénarios liés à leur usage dans l’entrepôt.
Au niveau des fabricants, nous avons rencontré les gens d’Epson qui se sont montrés très intéressés. Dans la mesure où ils utilisent un langage de programmation qui n’est pas propriétaire, cela signifie qu’une fois les lunettes Epson connectées, on peut potentiellement employer n’importe quel autre type de lunettes ayant recours au même langage.
Nous travaillons également en collaboration avec des sociétés telles qu’Oscaro.com qui s’est prêtée au jeu de la projection, car toujours très intéressée par les solutions innovantes.
Ils ont d’ailleurs été parmi les premiers à mettre en place la solution de mécanisation modulaire de BOA Concept, l’un de nos partenaires. Cela nous a permis de nous projeter dans l’avenir pour affiner l’usage qui pourrait être fait de ces lunettes.
Une autre entreprise devrait prochainement commencer à les tester dans ses entrepôts avec les process réalisables aujourd’hui, c'est-à-dire ceux d’affichage des informations plutôt que de captage.
Où en est le développement de votre solution?
Le produit est actuellement en phase de R&D. Les parties logiciel et middleware, tout ce qui permet de communiquer entre la gestion d’entrepôt et les lunettes, sont déjà développées.
Le langage existe et permet d’échanger avec les lunettes sur les informations à leur envoyer ou recevoir de la part de leurs caméras.
Nous avons ainsi projeté un certain nombre de process entrepôt dans lesquels les opérateurs seront pilotés par la réalité augmentée.
Néanmoins, nous sommes aujourd’hui confrontés à une limite. Quelles que soient les lunettes du marché, les caméras sont tellement miniaturisées qu’elles ne proposent pas des performances suffisantes en terme de focus.
En entrepôt, c’est surtout les codes à barres qui sont utilisés. A l’heure actuelle, les lunettes ne peuvent pas les lire lorsqu’ils sont en petit format. Pour que la caméra puisse les reconnaître, les comprendre et renvoyer la bonne information, il convient que l’image ait un format de type A4 et que ce soit un QR code (NDLR : code à 2 dimensions).
Lorsqu’il s’agit de prélever des colis ou des articles dans le cas du e-commerce, cela est encore problématique.
C’est la réalité aujourd’hui, néanmoins, l’évolution des lunettes est très rapide. Nous avons en particulier trouvé un partenaire très motivé par l’équipement du secteur de la supply chain.
Avec la démocratisation des lunettes auprès du grand public, nous pourrons faire bénéficier les entrepôts de ces évolutions.
Quelles sont les prochaines étapes ?
À court terme nous allons démarrer un pilote pour lequel nous utiliserons la capacité d’affichage des lunettes.
C’est quelque chose qui fonctionne bien. La possibilité d’afficher tout type d’image peut déjà contribuer à l’amélioration de la productivité des opérateurs.
On peut par exemple fournir des informations les aidant à se guider dans l’entrepôt ou dans la manutention des produits (par exemple : image de l'article à prélever). Tout ce qui est poussé vers la lunette fonctionne très bien et représente des pistes d’investigation intéressantes.
Néanmoins, pour susciter un investissement massif dans les entrepôts, il sera nécessaire que cette technologie permette de scanner un code et qu’à partir de celui-ci une réponse soit donnée en affichage.
C’est pour cela qu’il est important de se projeter sur les bénéfices de la solution. Par exemple, suite au prix de l’année dernière et à la communication faite avec la société Oscaro, nous avons reçu un grand nombre d’appels d’entreprises intéressées. Il s’agit donc d’une étape essentielle pour que les constructeurs puissent investir et ainsi proposer une solution adaptée.
Sur quels autres types d’innovation portez-vous votre attention ?
Bien entendu, nous restons ouverts et en veille sur tout ce qui permet d’apporter de la productivité aux sites logistiques en termes de mécanisation, d’automates, etc.
Parallèlement à cela, nous portons une grande attention à l’usage des technologies : au-delà du matériel, comment peut-on exploiter l’ensemble des technologies disponibles, les capacités, les façons d’utiliser Internet et les réseaux sociaux ?
Nous appréhendons en fait une nouvelle façon de fonctionner dans le milieu de la supply chain.
Quand il existe un nombre important de parties prenantes pour exécuter un même flux, on voit bien l’intérêt que tout le monde utilise un même outil ou travaille en réseau autour de solutions qui sachent se parler et donner de la visibilité à l’ensemble des acteurs en temps réel sur l’exécution des opérations. C’est vraiment le challenge de demain.
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Bio Expresss
Isabelle BADOC est titulaire d’un Master « Intelligence Marketing » HEC. Elle rejoint la société Influe il y a une quinzaine d’années pour développer les solutions GPA qui évolueront ensuite vers des solutions d’approvisionnement global des flux. Avec le rachat d’Influe par Generix, le périmètre fonctionnel de Mme BADOC a évolué vers la partie exécution entrepôts et transport.
Elle s’occupe désormais de la stratégie marketing produit de la gamme supply chain de l’éditeur.
Site Internet de Generix : www.generixgroup.com