Benchmark des taux de fret routier européens au T4 2023 : Le marché contractuel résiste, mais le marché spot s'effondre

L'indice des taux de fret routier européens sur le marché spot a baissé de 14,8 points au 4ème trimestre 2023 par rapport à l'année précédente, indique le nouveau rapport de Ti, Upply et l’IRU.

La baisse se limite en revanche à 0,9 points pour l'indice des taux contractuels en glissement annuel, en raison des coûts élevés, et en particulier des augmentations de péages au T4 2023.

L'indice spot a baissé de 4,5 points d'un trimestre à l'autre pour atteindre 123,8 points ; il est maintenant en baisse de 14,8 points en glissement annuel.

L'indice contractuel a augmenté pour le deuxième trimestre consécutif, de 1,7 point d'un trimestre sur l'autre à 129,4 points, et la baisse se limite à 0,9 point en glissement annuel.

Indices des taux de fret routier européens au T4 2023 Indices des taux de fret routier européens au T4 2023

• L'indice de référence du taux spot du fret routier européen pour le T4 2023 s'établit à 123,8, soit 4,5 points de moins qu'au T3 2023 et 14,8 points de moins en glissement annuel.
• L'indice de référence des taux contractuels du fret routier européen pour le T4 2023 s'est établi à 129,4, soit 1,7 point de plus qu'au T3 2023 et 0,9 point de moins qu'au T4 2022.
• Les augmentations des prix des péages en Allemagne en décembre ont contribué à une augmentation de 8,3 points de l'indice des taux de fret domestiques allemands.
• L'IRU estime que le coût supplémentaire des péages allemands sera de 6 700 € par camion et par an, alors qu'en Autriche, ce coût ne sera que de 730 € par camion et par an.
• La faiblesse de la demande devrait maintenir les taux de fret à un niveau bas au début de l’année 2024. Cependant, les nouveaux péages, qui viennent s’ajouter à une base de coûts déjà élevés, maintiendront une pression à la hausse sur les taux au cours du premier semestre de l'année. Cela devrait soutenir les taux contractuels et limiter de nouvelles baisses dans l'évolution des taux spot.

La faiblesse et la baisse de la demande de fret routier en Europe ont fait baisser les taux spot, tandis que les taux contractuels sont restés élevés en raison de la pression sur les coûts. L'indice spot se situe maintenant 5,5 points en dessous de l'indice contractuel, ce qui signifie que les taux spot sont maintenant plus proches de leur niveau de base que les taux contractuels. La combinaison d'une baisse des prix spot, due à la diminution de la demande industrielle, et d'une hausse des prix contractuels due aux nouveaux péages basés sur les émissions et à l'augmentation générale des coûts, a fait que les prix contractuels ont dépassé les prix spot sur les axes au départ de l‘Allemagne et en direction de Paris, Birmingham, Milan, Lille, Madrid, Rotterdam et Anvers.

Depuis le pic des taux au premier semestre 2022, la chute de la consommation provoquée par la flambée des prix a été le principal catalyseur des baisses régulières des taux spot. Cependant, dans un nouveau climat d'inflation réduite, la consommation s'est maintenant stabilisée à des niveaux plus bas, ce qui se traduit par une baisse des volumes de fret routier.

Thomas Larrieu, Directeur Général d'Upply, commente : "En ce début d'année 2024, le rapport de force s'inverse à nouveau, cette fois en faveur des chargeurs qui ont accès à des prix spot inférieurs aux taux contractuels. Cette année, les transporteurs routiers devront faire face à une baisse de la demande européenne, déjà amorcée depuis plusieurs mois, et à l'imprévisibilité de leurs coûts. C'est le moment d'accélérer l'adoption d'outils numériques, qui donnent de la visibilité et permettent d'optimiser les revenus."

Les coûts ont augmenté dans tous les domaines au cours des trois dernières années. La main-d'œuvre (+28,2 %), l'entretien et les réparations (+20,4 %), les pneus (+21,6 %), les pièces détachées (+13,5 %) et l'assurance (+8,7 %) ont tous considérablement augmenté et contribué à une base de coûts particulièrement élevée. Cela résulte d’une inflation qui s’est propagée dans tout le système et qui a ajouté une pression à la hausse sur les taux.

Les nouveaux péages allemands basés sur les émissions sont entrés en vigueur le 1er décembre 2023, augmentant ainsi d'environ 80 % les péages pour les poids lourds sur les routes allemandes. Selon GVN, l'association des transporteurs de Basse-Saxe, cette augmentation se traduira par des dépenses mensuelles supplémentaires de 300 000 euros pour certains de ses membres. Cette hausse est mesurable dans l'indice des taux de fret routier sur le marché domestique allemand, qui montre que les taux ont augmenté de 8,3 points en décembre.

En supposant que 60% des kilomètres parcourus par les camions allemands dans le cadre du transport routier de marchandises soient effectués sur un réseau routier à péage, sachant que 55% des volumes de marchandises sont transportés par des véhicules articulés à 5+ essieux conformes à la norme EURO VI, et que ces véhicules représentent 30% de la flotte roulante allemande, l'IRU estime que le coût annuel supplémentaire du péage pourrait s'élever à environ 6 700 euros par camion. En revanche, les nouveaux péages autrichiens, introduits le 1er janvier, ne devraient augmenter les coûts que de 730 euros par camion et par an.

Vincent Erard, Directeur Senior - Stratégie et Développement de l'IRU, complète : "Le secteur du transport routier européen est confronté à une baisse de la demande industrielle, ce qui entraîne une diminution des taux spot. Mais les taux contractuels restent élevés en raison de la pression exercée par les coûts liés aux nouvelles taxes de péage sur le CO2 et à l'augmentation générale des coûts. Les entreprises de transport s'adaptent aux défis opérationnels, financiers et environnementaux pour répondre à la future demande de transport. Leurs efforts doivent être soutenus par une aide financière à la transition écologique, le déploiement d'infrastructures de recharge et de ravitaillement, des aires de stationnement plus sûres et sécurisées, l'amélioration des conditions de travail des conducteurs et une digitalisation complète des documents de transport. Nous pouvons également nous attendre à une demande croissante de chauffeurs dans les années à venir, avec environ 745 000 postes de chauffeurs de camions non pourvus d'ici 2028, et donc à une hausse potentielle du coût des conducteurs. Il ne faut pas sous-estimer la contribution indispensable de l'industrie du transport routier à l'ensemble de l'économie et de la société."

Michael Clover, Responsable du développement commercial de Transport Intelligence, déclare : "La pression sur les coûts du fret routier ne cesse de s'accentuer alors que les augmentations des coûts du carburant et de la main-d'œuvre s'ajoutent maintenant aux nouveaux péages qui entrent en vigueur dans toute l'Europe. Comme le montrent les données relatives à l'Allemagne, nous pouvons nous attendre à ce que ces nouveaux péages entraînent de réelles augmentations des tarifs du fret routier au fur et à mesure de leur mise en œuvre dans les différents pays au cours de l'année 2024, établissant ainsi une nouvelle base de référence pour les prix."

La contraction de la production industrielle et la baisse des nouvelles commandes semblent devoir prendre le relais déflationniste d'une demande de consommation désormais stabilisée. Cela devrait entraîner de nouvelles baisses de taux, en particulier sur le marché spot. Cependant, l'extension du nouveau système de péage basé sur les émissions à d'autres pays européens devrait gonfler davantage une base de coûts du fret routier déjà élevée. Cela pourrait exercer une pression à la hausse sur les taux contractuels tout en limitant les baisses de prix et en comprimant les marges sur le marché spot.

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