Conflit Russie/Ukraine : quelles conséquences pour le secteur des transports ?
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23/03/2022
Interview d'Alexandre Vienney, Directeur Pôle Distribution Expertise de bp2r sur les conséquences du conflit Russie / Ukraine dans le secteur des transports.
Alexandre Vienney, Directeur Pôle Distribution Expertise de bp2r
Quels sont les impacts de la guerre russo-ukrainienne sur le marché du transport de marchandises ?
Il faut comprendre d'abord que la crise arrive à un moment où le transport est tendu partout en Europe. On a d'une part une forte hausse post-covid de la demande et d'autre part un grand nombre de facteurs limitants sur l'offre : des coûts de matériel qui souffrent du manque de matières premières, une pénurie de chauffeurs routiers en Europe, la mise en application du Paquet mobilité... Sans oublier la flambée des coûts maritimes suite à l’engorgement des ports et à la raréfaction des conteneurs durant la crise Covid, qui est loin d'être résorbée.
Il est encore un peu tôt pour avoir des certitudes sur ses impacts mais on peut se risquer à penser que la crise ukrainienne va encore complexifier la situation.
Quelques constats pour commencer : près de 100 000 chauffeurs ukrainiens travaillent pour le pavillon polonais, le plus important d'Europe. Nombre de ces chauffeurs ont ou vont quitter leur poste pour aller combattre ou mettre leur famille à l’abri.
On rappelle également que 15% des effectifs de la marine marchande sont russes ou ukrainiens. Ensuite, on voit que les prix du gaz et du pétrole sont tirés vers le haut à cause du conflit. Enfin, certaines infrastructures clés pour le commerce mondial sont plus ou moins directement touchées par le conflit : ports russes ou ukrainiens, route de la soie ferroviaire… Tout cela risque à la fois de tendre fortement la capacité de transport, en particulier sur les flux internationaux.
Le risque concerne aussi évidemment les prix du transport, entre déséqulibre offre/demande et hausse des prix du carburant. Après, il est à ce stade encore difficile d’estimer précisément l’impact sur la demande de transport – on sait que l’économie mondiale risque de prendre un coup. Bref, certaines tendances sont probables, mais il n’est pas encore temps de faire le bilan.
Comment les flux maritimes, ferroviaires et routiers sont ils impactés ?
Les flux les plus touchés sont les flux internationaux. Par la route, coup de frein sur les relations depuis, vers ou transitant par l'Ukraine, la Biélorussie et la Russie. Les équilibres de flux pré-existants sont fortement remis en cause.
Les autres flux intra-européens seront principalement impactés par le manque de conducteurs, déjà prononcé avant la guerre. En maritime, nous constaterons probablement les mêmes difficultés liées à la main d'oeuvre portuaire ou maritime, et la mise en place de nouvelles routes pour compenser l'arrêt des trafics dans les ports de la Mer Noire.
Enfin, le transport ferroviaire fortement sollicité entre la Chine et l'Europe, notamment depuis la forte inflation des coûts du transport maritime, risque de ne plus pouvoir tenir ses promesses. Cependant, si la demande européenne se maintient, les transporteurs sauront adapter leurs organisations, c'est une des particularités de ce secteur hautement résilient.
Comment limiter les impacts pour les entreprises françaises ?
Evidemment la question se pose très différemment selon que l'entreprise a ou non des activités dans les régions directement concernées par le conflit. Lorsque c'est le cas, la priorité est bien sûr de limiter les risques sur la sécurité des personnes et des biens, puis d'assurer au mieux l'approvisionnement ou les expéditions, selon les contraintes du terrain. En France, sur les flux domestiques, le principal impact de cette crise sera financier.
Nous sommes relativement peu exposés au cabotage, qui va malgré tout se restreindre encore et accentuer la pression sur les prestataires français. Dès lors, les chargeurs français devront considérer le transport comme une ressource rare et adapter en fonction leurs organisations, pour optimiser le remplissage des moyens de transport et limiter les kilomètres à vide.
Outre l'économie directe sur les capacités, cela va évidemment aussi limiter dans une certaine mesure la hausse des budgets transport. Quant à la hausse déjà amorcée du prix des carburants, il est probable qu'elle bénéficie aux autres modes de transport, le rail notamment.
Que propose bp2r pour accompagner ses clients dans un tel contexte ?
bp2r est spécialisé dans l'optimisation de la performance transport. Notre rôle est d'aider les chargeurs à faire le point sur leur situation, identifier et prioriser les leviers impactants, puis de les accompagner dans la mise en oeuvre.
Nous proposons des solutions en matière d'achat (identification de nouveaux transporteurs, benchmarks tarifaires, appels d'offres, restauration de l’attractivité vis-à-vis des transporteurs), d'organisation (structuration des équipes et des process, digitalisation), d'ingénierie de flux (redimensionnement de réseau, positionnement des sites) ou de décarbonation (impact du report modal sur les coûts et le CO2, feuille de route RSE...).
Nous sommes en contact avec près de 300 entreprises qui transportent tous les jours des marchandises en Europe depuis leurs usines, vers leurs magasins, en B2C... Cela nous donne une excellente vision des pratiques qui fonctionnent, et de celles qu'il faut éviter.
Bio Express d'Alexandre Vienney
Alexandre Vienney, Directeur Pôle Distribution Expertise : sujets distribution B2B et B2C, retail et e-commerce. Il a d’abord travaillé au sein du groupe CAT puis de Faurecia comme chef de projet transport avant de rejoindre Carrefour. D’abord conseiller transport du département IT, il devient ensuite chef de file transport du groupe. Il rejoint bp2r en 2013.
www.bp2r.eu
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