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WMS et TMS: faut-il passer au mode SaaS ?

  INTERVIEW

‘‘La question à se poser est la suivante : a-t-on besoin d’un outil de gestion ou de production?’’ Y.KELLER, bp2r

Yvan KELLER, Directeur du Pôle Solutions de bp2r

Interview d’Yvan KELLER, Directeur du Pôle Solutions de bp2r
Réalisée le 09/01/2014 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique «TMS et WMS : faut-il passer au mode SaaS ?».



Quelles sont les différences entre modes SaaS et licence ? Comment choisir entre l’un et l’autre ?

Avant toute chose, il convient de rappeler qu’entre la licence et le SaaS il existe une option intermédiaire apparue au début des années 2000 : l’ASP (Application Service Provider).

L’ASP revient en fait à acquérir un logiciel en mode licence mais à externaliser tout ou partie du « support » logiciel chez un hébergeur.

En effet, traditionnellement, en mode licence, le client achète quatre éléments principaux :

  1. le logiciel,
  2. la base de données associée,
  3. le serveur qui héberge la base de données et le logiciel,
  4. les éléments de réseau, c’est-à-dire ceux qui permettent au logiciel de fonctionner en mode client – serveur
  Autres contributions

Jérôme BOUR, DDS Logistics
‘‘ Les prospects sont très matures vis-à-vis du SaaS. Ils en appréhendent à la fois les bénéfices et les limites ’’

Evelyne RAYNAUD, a-SIS
‘‘ Aujourd’hui le marché veut avoir le choix entre SaaS et Licence ’’

Jean-Charles DECONNINCK, Generix Group
‘‘ Le SaaS constitue le moyen même de construction de notre offre de collaboration au sein de la Supply Chain ’’

Fabrice MAQUIGNON, WKTS - Transwide
‘‘ Le SaaS nous permet de mettre en place très rapidement l’exécution opérationnelle du transport, particulièrement génératrice de gains pour les chargeurs ’’

Florent BOIZARD, Hardis
‘‘ Le choix entre SaaS et licence dépend avant tout des attentes du client, de sa saisonnalité et de sa croissance ’’

Steven WALLIS, MobileIT
‘‘ Le mode SaaS peut conduire les entreprises à s'équiper d'un WMS plus rapidement qu'elles ne l'auraient fait autrement ’’

Florian CIMETIERE, ITinSell
‘‘ Avec le SaaS, le client s’affranchit des risques d’obsolescence de la solution ’’

Jean-François SERRA, Creasoft51
‘‘ Avec le SaaS, nous facturons nos clients en fonction du nombre d’écrans consultés ’’

Vincent LE BRIS, Transporeon
‘‘ Avec le mode SaaS, les transporteurs , industriels ou distributeurs ont simplement besoin d’une connexion Internet pour accéder à nos solution ’’

Désormais, en fonction des éléments acquis ou externalisés par le client, quatre niveaux différents sont possibles (et non pas les seuls modes licence et SaaS) :

  1. Le mode licence : le client est propriétaire du logiciel, de la base de données, du serveur et des éléments de réseau.
  2. L’ASP : le client peut externaliser tout ou partie des éléments autres que le logiciel chez un hébergeur. Deux possibilités s’offrent alors :
    1. Le IaaS (Infrastructure as a Service) : le client achète la licence et la base de données mais fait héberger les serveurs (dédiés ou mutualisés).
    2. Le PaaS (Platform as a Service) : le client n’achète que le logiciel métier, tout le reste est externalisé chez un hébergeur.
  3. Le SaaS (Software as a Service) : il s’agit de l’ultime niveau, celui où le client n’achète aucun élément. Dans cette configuration, il utilise le logiciel en tant que service soit en mode abonnement, soit en mode consommation (ce qu’on appelle le « On Demand »).

Ainsi, vis-à-vis de nos clients, nous nous devons de clarifier les différences entre ces quatre modes: le mode licence, le IaaS, le PaaS et le SaaS.

En effet, bien souvent le SaaS est évoqué pour en fait qualifier l’IaaS ou le PaaS. Pourtant la différence est conséquente dans la mesure où dans le IaaS et le PaaS, le client acquière le logiciel et peut donc l’adapter alors que dans le SaaS, il ne peut faire réaliser de développements spécifiques.


Quels critères prendre en compte pour privilégier un mode plutôt qu’un autre ?

Pour répondre à cette question, il convient de bien déterminer ce qu’on attend de son WMS ou de son TMS. Dans les deux cas, il existe en effet une frontière que l’on peut considérer comme étant celle qui sépare un logiciel de production d’un logiciel de gestion.

Prenons l’exemple d’un logiciel de paie, le SaaS peut bien convenir parce que la gestion des fiches de paie est liée à des réglementations qui évoluent et qui sont prises en compte régulièrement par les éditeurs pour faire évoluer leurs solutions logicielles. Les entreprises n’ont pas vraiment besoin d’applicatifs spécifiques, sauf dans le cas des plus grosses structures qui souhaiteraient mettre en place des process de validation particuliers.

Pour des logiciels métiers comme le sont les TMS et les WMS, l’adaptation logicielle des process du client peut être plus fréquente et plus conséquente. C’est pourquoi le mode SaaS est pour ce type de logiciel relativement moins adapté. Le Saas se traduit par un environnement logiciel 100% standard qui s’impose à l’ensemble des clients utilisateurs.

Au contraire, avec le mode licence et les deux modes IaaS et PaaS, le client peut faire effectuer des développements spécifiques des fonctionnalités logicielles. On est sur un mode multi-instances, c'est-à-dire que chaque client dispose d’une instance particulière de son logiciel composée d’un bloc standard et d’un bloc spécifique. Ce dernier représente généralement moins de 15 % de l’ensemble des fonctionnalités du logiciel.




Quels sont alors les avantages et inconvénients de chacun de ces modes ?

L’avantage de la licence réside dans le fait que vous avez la maîtrise totale de la chaîne logicielle. En contrepartie, il vous faut une équipe informatique dédiée. Quand il s’agit de grands chargeurs, c’est généralement le cas, c’est donc une solution qu’ils privilégient de manière naturelle.

Les grosses PME ne disposant pas forcément de toutes ces infrastructures, peuvent être tentées de faire héberger tout ou partie de leurs solutions chez un tiers. On est alors sur de le IaaS ou du PaaS.

Généralement, pour ces entreprises, le choix s’arrête sur l’une de ces trois configurations. Dans chacune d’entre elles, vous achetez le logiciel, c’est-à-dire que vous allez pouvoir le personnaliser grâce à des développements spécifiques.

En SaaS au contraire, on est sur des logiciels mono-instance. Vous ne pouvez donc plus compter sur des développements spécifiques et devez alors utiliser 100 % du logiciel standard.


En ce qui concerne les WMS, au-delà de la question des développements spécifiques, les fonctionnalités proposées sont-elles les mêmes?

Aujourd’hui lorsqu’un entrepôt est ouvert, il est automatiquement équipé d’un WMS. Cela devient un bien immeuble au même titre que les racks par exemple.

Pour un logisticien ou un chargeur qui construit son entrepôt, le WMS sera généralement acheté en licence dans la mesure où il constitue l’outil de production. L’outil devra permettre de travailler avec de l’informatique mobile sur les quais, de piloter les convoyeurs, etc.

Afin que le service ne puisse être interrompu, le logiciel sera mis en local ou alors une réplication locale sera installée de manière à ce qu’en mode secours, il puisse tourner de façon autonome.

En revanche, un logisticien qui n’opère pas les entrepôts mais les loue à des chargeurs, peut dans sa prestation de services mettre à disposition de ses clients un WMS qui leur permette de saisir des entrées, des sorties de stocks, etc. Dans ce contexte, le SaaS peut être pertinent. Il est en effet facile d’accès à travers des technologies Web. Généralement, les besoins liés à ces types de stockage sont relativement standards. En outre, une interruption courte de service n’est pas forcément dramatique. Elle ne va pas remettre en cause le fonctionnement de l’entrepôt. On est donc dans une autre typologie de solution. Le WMS se concentre alors sur la gestion des stocks, avec une gestion des entrées et des sorties par des accès distant de l’entrepôt.


Et en termes de délais de mise en place, quelles sont les différences ?

Pour un entrepôt de 30.000 /40.000 m² avec un WMS en mode licence, donc dans une configuration d’outil de production, le WMS est généralement mis en place en 12 mois (temps moyen).

Pour une solution SaaS, légère, qui va permettre de faire de la gestion de stocks, la mise en place sera de l’ordre du mois. Il s’agit plus de paramétrage que de déploiement à proprement dit.

Ces différences de délais sont avant tout liées au fait que ces solutions ne proposent pas les mêmes fonctionnalités.

Et pour les TMS en mode SaaS, quelles sont les grandes différences de fonctionnalités?


On retrouve la même problématique que dans le cas du WMS. La question à se poser est la suivante : a-t-on besoin d’un outil de gestion ou de production?

Dans le premier cas (outil de gestion), il s’agira d’assurer des fonctions standardisées.

Deux publics sont alors visés :

  1. Les petits prestataires qui perdent aujourd’hui beaucoup de temps avec une gestion de bureautique ou de type papier. Les fonctions concernées sont donc celles de l’enregistrement des commandes, de l’affectation de transporteurs, des facturations de vente, etc.
  2. Les chargeurs qui ont un budget transport à gérer. Ils ont besoin d’une solution qui permette de gérer un plan de transport simple, d’affecter ces transporteurs, de calculer la valorisation des offres, et de faire du contrôle de factures.

Le SaaS permet à ces cibles de marché de s’équiper d’un TMS. Pour ces entreprises, la licence est en effet bien souvent inaccessible. Pour les éditeurs, le SaaS permet donc une conquête de nouveaux marchés.

En revanche, si on commence à descendre dans les fonctions d’exécution du TMS, le SaaS atteint ses limites car on va alors toucher au process de l’entreprise et on va sûrement devoir procéder à quelques développements spécifiques. Dans ce cas-là, le SaaS ne peut pas répondre à ce besoin.

Dans le deuxième cas (outil de production), si on considère un TMS e d’exécution des opérations transport, on va retrouver les fonctionnalités suivantes : enregistrement des commandes, planification du transport, valorisation, facturation/contrôle de factures. Dans une telle configuration, il conviendra généralement de privilégier soit le mode licence soit les modes IaaS ou PaaS).


Pour aller plus loin


Bio Express

Yvan KELLER est Directeur du Pôle Solutions du cabinet bp2r transport consulting dont l’objectif est de porter conseil aux chargeurs qu’ils soient industriels ou distributeurs dans leur approche de la gestion des systèmes d’information et de l’information liée au transport.

Son parcours est double : transport et informatique. Il a notamment évolué au sein de la DSI du groupe Mory et occupé la fonction de Chef de Marché Transport et Logistique au sein de l’éditeur Sage.

Site Internet de bp2r : www.bp2r.fr


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